Emmanuel Chiva sera le prochain Délégué général pour l’armement

Veiller à la transition de la Base industrielle et technologique de défense [BITD] vers une « économie de guerre », relancer certains projets emblématiques [et structurants] actuellement à l’arrêt faute de s’entendre avec les partenaires européens impliqués [SCAF, MGCS, MAWS], assurer la continuité des programmes en cours [Scorpion pour l’armée de Terre, SNLE de 3e génération et porte-avions de nouvelle génération pour la Marine nationale, capacités spatiales pour l’armée de l’Air & de l’Espace], encourager les exportations, préparer la prochaine Loi de programmation militaire et innover… Tels sont les chantiers qui attendent le successeur de Joël Barre, l’actuel Délégué général pour l’armement [DGA], qui quittera ses fonctions le 31 juillet.

À en croire les échos entendus ici ou là et au regard de la liste des prétendants déclarés, le poste de M. Barre était très convoité. Finalement, ce 29 juillet, le ministère des Armées a annoncé que le prochain DGA sera Emmanuel Chiva, qui assure actuellement la direction de l’Agence de l’innovation de Défense [AID] depuis sa création, en 2018. Il sera secondé par l’ingénieur général de l’armement Thierry Carlier.

Généralement, le poste de Délégué général pour l’armement revient à un ingénieur passé par une école dont la tutelle est exercée par la Direction générale de l’armement [DGA], comme Polytechnique ou l’Institut Supérieur de l’Aéronautique et de l’Espace [Isae-Supaéro]. Et, jusqu’à présent [et sauf erreur], il n’y avait eu qu’une seule exception à cette règle, avec la nomination, en 1974, de Jean-Laurens Delpech, qui était diplômé de l’École libre des sciences politiques.

La nomination d’Emmanuel Chiva constitue une seconde « dérogation » à cette règle. Capitaine de vaisseau dans la réserve, le nouveau DGA est passé par l’École normale supérieure [ENS], où il a obtenu un doctorat en biomathématiques. Auditeur de la 49e Session Nationale Armement & économie de défense de l’Institut des Hautes Études de la Défense nationale [IHEDN], il s’est surtout intéressé à l’intelligence artificielle et la simulation militaire. Des domaines [et d’autres…] qu’il a d’ailleurs vulgarisés sur son blog « VMF 214« , dédié à l’innovation de Défense.

Ayant travaillé chez MASA, où il a été directeur général adjoint puis de vice-président exécutif, M. Chiva a co-fondé deux entreprises de haute technologie : Silkan [calcul haute performance] et AGUERIS. Puis, entre 2014 et 2018, il a assuré la présidence de la commission recherche, technologie et innovation du Groupement des industries françaises de défense et de sécurité terrestres et aéroterrestres [GICAT] ainsi que celle du jury du programme GENERATE, qui visa à accompagner les jeunes entreprises innovantes dans le domaine de la défense.

À la tête de l’AID. M. Chiva a oeuvré à la création d’un « écosystème » au service de l’innovation de défense, notamment en rapprochant les armées avec le monde civil [via des « pôles d’innovation »] ainsi qu’à celle du « Fonds Innovation Défense » qui, doté de 200 millions d’euros, permet de prendre des participations dans les entreprises innovantes et duales, afin de les accompagner durant leur phase de développement. Enfin, il est aussi à l’origine de la « Red Team », qui réunit des auteurs de science-fiction pour imaginer – et anticiper – la nature des conflits pouvant survenir dans le futur.

Les nominations de MM. Chiva et Carlier « illustrent l’importance qui sera accordée à l’innovation et à l’excellence technologique dans le cadre de la réflexion engagée sur l’économie de guerre à la demande du Président de la République », souligne le minsitère des Armées, dans son communiqué.

Et d’ajouter : Ils « seront amenés à formuler prochainement des propositions au ministre pour replacer les enjeux de production et de sécurisation des approvisionnements au cœur de la relation avec l’industrie de défense, afin de tenir compte du contexte international et du retour de la guerre en Europe. Leur bonne connaissance des programmes d’armement et la prise en compte de l’ensemble du tissu industriel, des grands groupes jusqu’aux petites et moyennes entreprises, seront à ce titre déterminant ».

Par ailleurs, le ministère des Armées a également fait savoir que l’ingénieure générale de l’armement Monique Legrand-Larroche, qui dirige la Direction de la Maintenance aéronautique [DMA] et dont le nom circulait pour remplacer M. Barre, a été nommée « inspectrice générale des Armées – armement ». C’est « la première femme promue général cinq étoiles en France », a-t-il souligné.

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