La marine indienne a pris possession de l’INS Vikrant, son nouveau porte-avions de conception locale
Après le retrait de l’INS Viraat, en 2017, les capacités aéronavale de la marine indienne [ou Indian Navy] ne reposaient plus que sur le porte-avions INS Vikramaditya, admis au service en 2013 après avoir été acquis auprès de la Russie [sous le nom « Amiral Gorchkov »] et remis en état, non sans difficultés, par l’industrie navale indienne.
Or, depuis ce 28 juillet, l’Indian Navy dispose à nouveau de deux porte-avions, l’INS Vikrant lui ayant été officiellement remis par le groupe indien Cochin Shipyard Limited, à l’issue d’une quatrième – et ultime – campagne d’essais en mer. Selon la presse indienne, le coût de ce navire est d’environ 2,8 milliards d’euros
Pour rappel, l’INS Vikrant est le premier porte-avions de conception indienne. Commencée en 2009, sa construction n’a pas été épargnée par les aléas. Devant être livré initialement à la fin des années 2010, cette échéance a dû être reporté en raison de contretemps dans la livaison d’équipements spécifiques commandés à la Russie [alors que 75% de ses composants sont d’origine indienne, ndlr] et des mesures sanitaires liées à la pandémie de covid-19. Finalement, ce navire n’a pu prendre la mer qu’en août 2021.
#R11 – Delivery of Maiden #IAC #Vikrant
A testimony to the dedicated efforts of stakeholders across the Navy, #CSL, #Industry, OEMs & #MSMEs for over two decades & unstinted support of MoD.#AatmanirbharBharat #AzadiKaAmritMahotsav @indiannavy pic.twitter.com/wo9Fe6XHFd
— IN (@IndiannavyMedia) July 28, 2022
Affichant un déplacement d’environ 40’000 tonnes pour une longueur de 262 mètres et une largeur de 60 mètres, l’INS Vikrant est en configuration STOBAR, c’est à dire qu’il est doté d’un tremplin pour permettre à ses avions embarqués de décoller. Propulsé par quatre turbines à gaz General Electric LM2500 + lui permettant d’atteindre la vitesse maximale de 28 noeuds [18 noeuds en rythme de croisière], il peut mettre en oeuvre une trentaine d’aéronefs, dont 26 chasseurs de type MiG-29K.
Built by CSL- IAC Vikrant. #IAC #Vikrant pic.twitter.com/9vYP79bGfI
— Cochin Shipyard Ltd (@cslcochin) July 28, 2022
Cependant, et étant qu’elle espère pouvoir disposer, à l’avenir, d’un troisième porte-avions en configuration CATOBAR [avec catapultes et brins d’arrêt] et que les MiG-29K ne lui donnent pas satisfaction, l’India Navy est en quête d’un autre chasseurs-bombardier embarqué, compatible avec le pont d’envol de l’INS Vikrant. D’où les évaluations du Rafale M de Dassault Aviation et, plus récemment, du F/A-18 Super Hornet de Boeing, à la base navale INS Hansa, à Goa.
L’enjeu était de vérifier si ces deux types d’avions étaient en mesure de décoller, selon différentes configurations, d’un pont d’envol équipé d’un tremplin. Si Dassault Aviation a joué la carte de la discrétion quand le Rafale M a été évalué en janvier dernier [il aura fallu se contenter de photos « volées », prises aux abords de l’INS Hansa], Boeing n’a pas hésité à communiquer sur les performances du F/A-18 Super Hornet.
Reste maintenant à l’Indian Navy de faire son choix. Chaque offre a ses forces et ses faiblesses… Ainsi, le fait que l’Indian Air Force dispose de 36 Rafale B/C peut être un atout, notamment pour des raisons de maintien en condition opérationnelle [MCO], d’approvisionnement en pièces détachées et de formation. D’un autre côté, le F/A-18 Super Hornet est équipé de moteurs General Electric F404, qui appartiennent à la même famille que celui qui propulse le HAL Tejas, l’avion de combat indien. Mais comme souvent dans ce genre d’affaires, les aspects politiques prendront le dessus sur les considérations techniques.