Malgré la guerre en Ukraine, Moscou confirme la tenue des manoeuvres militaires « stratégiques » Vostok 2022

En 2018, la Russie avait abondamment communiqué au sujet des manoeuvres « stratégiques » Vostok, organisées dans l’est du pays tous les quatre ans, en insistant sur leur ampleur « exceptionnelle » depuis le début des années 1980. Ainsi, elles devaient mobiliser environ 300’000 soldats, 36’000 blindés et plus d’un millier d’aéronefs. En outre, les forces chinoises et mongoles étaient invitées à participer.

« Ces manœuvres visent à renforcer et à développer les relations russo-chinoises, le partenariat stratégique multilatéral ainsi que la coopération pratique entre les forces armées des deux pays », fit valoir le ministère chinois de la Défense, à l’époque.

« Il y aura comme un air de Zapad-81 [le plus grand exercice militaire organisé par le Pacte de Varsovie, ndlr], mais en plus imposant d’une certaine manière. […] Imaginez 36.000 engins militaires se déplaçant en même temps : des chars, des blindés de transport de troupes, des véhicules de combat d’infanterie. Et tout cela, bien sûr, dans des conditions aussi proches d’une situation de combat que possible », avait commenté Sergueï Choïgou, le ministre russe de la Défense.

Cela étant, le nombre réel de participants fut sans doute moindre, les chiffres avancés par Moscou englobant les troupes de combat [dont l’effectif total avait été évalué par l’Otan à 75’000/100’000] et les unités de soutien, qui ne prirent pas part à la « phase active » de Vostok 2018.

Quatre ans plus tard, les forces russes sont engagées dans l’invasion de l’Ukraine où, selon Londres et Washington, elles auraient perdu environ 15’000 hommes et compteraient, sans doute [et selon une « évaluation prudente »], trois fois plus de blessés.

« C’est environ le même bilan que lors des dix ans qu’ils ont passés en Afghanistan dans les années 1980 », a relevé Richard Moore, le chef du MI6, le service de renseignement extérieur britannique, la semaine passée. « Et on ne parle pas ici de jeunes issus de la classe moyenne de Saint-Pétersbourg ou de Moscou. […] Ce sont des pauvres enfants de la Russie rurale, ils viennent des villes ouvrières de Sibérie et sont pour beaucoup issus des minorités ethniques. Ils sont [la] chair à canon » de Vladimir Poutine, le président russe, a-t-il ajouté.

Quoi qu’il en soit, on pouvait se demander s’il y aurait une édition 2022 des manoeuvres Vostok étant donné l’implication des forces russes sur le sol ukrainien. Et il y en aura effectivement une…

« Les manoeuvres appelées Vostok auront lieu du 30 août au 5 septembre et mobiliseront des contingents militaires d’autres pays », a annoncé le ministère russe de la Défense, le 26 juillet. À noter qu’il n’a pas donné de détails sur l’origine des soldats étrangers qui y prendront part. Pas plus qu’il n’a précisé l’ampleur de ces exercices…

« Nous attirons votre attention sur le fait que seule une partie des Forces armées de la Fédération de Russie est impliquée dans l’opération militaire spéciale [l’invasion de l’Ukraine, ndlr], dont le nombre est tout à fait suffisant pour remplir toutes les tâches fixées par le commandant suprême », a-t-il cependant assuré.

Par ailleurs, le ministère russe de la Défense a affirmé qu’un « certain nombre de médias étrangers diffusent de fausses informations sur des activités présumées de mobilisation ».

Sans doute a-t-il fait référence à une « campagne de recrutement » qui, selon l’Institut américain pour l’étude de la guerre [ISW], aurait commencé en juin dernier, avant d’accélérer ces derniers jours.

« La Russie a lancé une campagne à grande échelle pour former des bataillons de volontaires dans ses 85 régions et districts autonomes. […] Les bataillons seront apparemment composés d’environ 400 hommes âgés de 18 à 60 ans, affectés dans des unités d’infanterie motorisée ou navale, mais aussi les communications et la logistique. Les recrues ne sont pas tenues d’avoir effectué préalablement un service militaire et n’auront que 30 jours de formation avant d’être déployées en Ukraine », avait expliqué l’ISW, dans une note publiée le 16 juillet.

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