La Royal Navy veut un démonstrateur de drone aérien dédié à la lutte anti-sous-marine

Dans son plan stratégique « Mercator », la Marine nationale fait de l’acquisition de drones aériens une priorité, son objectif étant d’en équiper l’ensemble [ou presque] de ses bâtiments de surface, selon le principe « Petit drone, petit bateau. Gros drone, gros bateau ».

D’où les évaluations opérationnelles [EVALOPS] qu’elle mène acutuellement, que ce soit avec le SMDM [Système de mini drone Marine] « Alianca » à bord du patrouilleur de haute-mer [PHM] « Commandant Bouan » ou avec le Schiebel S-100 V2 [encore appelé « Serval »] depuis le porte-hélicoptères amphibie [PHA] Mistral au cours de la mission Jeanne d’Arc 2022.

À noter que, à cette occasion, ce drone a été utilisé pour faire de l’appui feu naval, en relation avec la frégate légère furtive [FLF] Courbet, lors d’un tir d’entraînement au canon de 100 mm. « Grâce aux nouveaux outils tactiques du système S100 V2, le drone permet la mesure précise des écarts entre les impacts observés et la cible, permettant ainsi de relayer les corrections à apporter pour faire but », a expliqué la Marine nationale, la semaine passée.

Ces EVALOPS serviront à nourrir les réflexions concernant le Système de drone aérien de la Marine [SDAM], dont la réalisation a été confiée à Airbus et à Naval Group, sur la base de l’hélicoptère civil léger Cabri G2. Cela étant, lors de la récente audition de Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, le sénateur Cédric Perrin a fait part de son inquiétude au sujet de la poursuite de ce programme.

« Le SDAM a, si je puis dire, du plomb dans l’aile. Je ne me prononce pas sur son opportunité, mais nous avons pris beaucoup de retard depuis vingt ou trente ans sur le sujet des drones. Et, pour une fois qu’un matériel arrive presque à maturité, le choix de la marine risque d’aboutir à son abandon pur et simple. Qu’en est-il exactement? Quelles sont les difficultés rencontrées par ce programme, et quelle est votre position sur le sujet? », a en effet demandé M. Perrin au ministre.

Celui-ci a rassuré le parlementaire. « Concernant le SDAM, les prochaines semaines sont décisives. Des essais de qualification déterminants pour la suite du programme sont prévus à l’automne. Les crédits sont là Je pourrai [vous] en indiquer le détail », a en effet répondu M. Lecornu.

Un éventuel abandon du programme SDAM serait d’autant plus surprenant que l’exercice Polaris 21, effecté en novembre 2021 en Méditerranée, a justement permis de souligner le rôle important que pouvait tenir la écomposante drone » dans un engagement de « haute intensité ». D’ailleurs, d’autres forces navales ne s’y trompent pas, comme l’US Navy, qui expérimente des applications allant au-delà des traditionnelles tâches de surveillance, de renseignement et de reconnaissance dévolués à ces drones aériens embarqués.

Ainsi, en juillet, la marine américaine a testé avec un succès un drone MQ-8C Fire Scout doté du système de détection de mine SMAMD [Single-system Multi-mission Airborne Mine Detection], sous l’égide du Naval Surface Warfare Center [NSWS]. Une telle fonctionnalité pourrait être celle que les forces navales belges et néerlandaises envisagent pour les drones suédois Skeldar V-150 qu’elles ont commandés pour leur programme conjoint rMCM, confié à Naval Group et ECA.

Quant à la Royal Navy, elle envisage un autre type de mission pour les drones aériens embarqués : la lutte anti-sous-marine. En effet, dans le cadre du programme Proteus, le ministère britannique de la Défense [MoD] a notifié un contrat de 60 millions de livres sterling à Leonardo pour développer un démonstrateur possédant une telle capacité.

« Les essais évalueront la capacité du drone à larguer des bouées acoustiques et à alerter un hélicoptère avec équipage si un sous-marin est détecté. Conçues pour fonctionner à un coût moindre par rapport aux aéronefs avec équipage, les capacités dérivées du démonstrateur pourraient également réduire l’exposition du personnel de la Royal Navy aux menaces », a justifié le MoD.

En cas de succès, ce nouvel appareil serait susceptible de fournir des « capacités améliorées » de surveillance et de collecte de renseignement, permettant aux hélicoptères [Merlin et Wildcat] de la Royal Navy de se concentrer sur d’autres missions », a-t-il ajouté.

Selon la marine britannique, Leonardo devra tester le démonstrateur de trois tonnes – basé probablement sur le SW-4 Solo ou l’AW09 – lors de « longues et exigeantes patrouilles de guerre anti-sous-marines » dans des conditions identiquelles à celles dans lesquelles évoluent les Merlin Mk2. D’autres applications sont envisagées, comme l’évacuation de blessés, le transport ou bien encore la liaison de navire à navire. Le premier vol est attendu en 2025.

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