Selon M. Lecornu, le ministère des Armées n’a pris aucune décision sur les munitions rôdeuses américaines « Switchblade »

En juin, il a été dit que la Direction générale de l’armement [DGA] était en train de finaliser une commande de 82 munitions télé-opérées de type Switchblade auprès de l’industriel américain AeroVironment. Ce qui laissait présager qu’une réponse allait donc être bientôt apportée à un besoin exprimé depuis plusieurs mois par le Commandement des opérations spéciales [COS].

Et cela alors que la DGA venait de lancer les projets « COLIBRI » et « LARINAE » afin de développer des munitions rôdeuses capables de détruire des cibles situées respectivement à 5 et 50 km de distance. Les propositions des industriels devaient être remise avant le 6 juillet dernier, avec des démonstrations prévues en 2024.

Lors de sa première audition au Sénat en tant que ministre des Armées, Sébastien Lecornu n’a pas échappé à une question sur l’achat éventuel de munitions téléopérées « Switchblade », posée par le sénateur Cédric Perrin, très au fait sur ce sujet pour avoir, ces dernières années, mis la main à plusieurs rapports ayant trait aux drones.

« Sur le ‘Switch’ [le nom de ce système américain ayant échappé au ministre], on regarde mais aucune décision n’a été prise actuellement », a répondu M. Lecornu. « En tout cas, il est vrai que les armées regardent et se sont documentées sur le sujet », a-t-il ajouté.

Mais d’une manière globale, a dit le ministre, il « faut affiner la feuille de route » en matière de drones. « On a trop subi. Heureusement que Jean-Yves Le Drian [ministre de la Défense entre 2012 et 2017, ndlr] a pris la décision d’achats étrangers. Heureusement qu’on a les Reaper », a-t-il dit.

Quant au projet de drone MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance] européen, dont la réalisation a pu enfin être lancée après des années de discussions parfois « viriles » avec les industriels impliqués [dont Airbus, en tant que maître d’oeuvre, Dassault Aviation et Leonardo], notamment au sujet des coûts, M. Lecornu a estimé qu’il « faut évidemment continuer à faire le suivi ». Et d’ajouter : « Il faut s’interroger aussi sur le produit final parce qu’il faut que ça corresponde à des besoins en fonction des théatres » d’opérations. […] La qualité des théâtres donnera aussi le niveau de drone et la technologie qui est recherchée ».

Reste à voir ce que M. Lecornu entend par là… Car, par le passé, et à plusieurs reprises, le Sénat s’était inquiété du risque de « sur-spécification » de ce drone MALE européen [appelé EuroDrone ou MALE RPAS], devant être doté de deux turbopropulseurs afin de faire voler ses dix tonnes [pour une longueur de 16 mètres et une envergure de 26 mètres, ndlr].

« La France dénonce depuis le début de ce projet un problème d »obésité’, en raison des spécifications allemandes. […] Avec deux moteurs et un poids de dix tonnes, ce drone sera trop lourd, trop cher et donc difficile à exporter », avait ainsi fait valoir le sénateur Christian Cambon, le président de la Commission des Affaires étrangères et de la Défense, en 2019.

Un an plus tard, répondant à une recommandation adressée par la Cour des comptes, le ministère des Armées avait expliqué que la « détention de capacités opérationnelles performantes, essentielle à la préservation de la liberté d’action des armées françaises ainsi que la maîtrise des coûts, notamment des coûts de possession, [seraient] des critères d’appréciation fondamentaux qui devront peser autant que les autres considérations ».

Cela étant, le programme est maintenant sur les rails… Et l’armée de l’Air & de l’Espace devrait posséder 12 EuroDrones [soit quatre systèmes] à l’horizon 2030.

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