La Turquie va reprendre la prospection de gaz naturel en Méditerranée orientale

L’été 2020 avait été marqué par de fortes tensions entre la Grèce et la Turquie, Ankara ayant envoyé, sous escorte militaire, des navires de recherche sismique – dont l’Oruç Reis et le Barbaros Hayrettin Pas -dans les eaux revendiqués par Athènes et Nicosie afin d’y prospecter du gaz naturel. L’Union européenne s’en était mêlée en annonçant des sanctions contre les autorités turques, tandis que les États-Unis se rangèrent du côté des Grecs et des Chypriotes. Puis la diplomatie avait fini par prendre le dessus, sans pour autant régler le fond du problème.

Pour rappel, les fonds de la Méditerranée orientale recèleraient au moins 3’500 milliards de m3 de gaz naturel. Et pour l’essentiel, ses réserves sont localisées entre le sud de Chypre, l’Égypte, Israël et le Liban. Ce qui fait que la République turque de Chypre Nord [RTCN] n’a pas voix au chapitre. D’où la pression mise par la Turquie, qui assure défendre les droits de cette dernière.

Cette question de l’exploitation du gaz naturel en Méditerranée orientale explique aussi l’engagement de la Turquie en Libye… et en particulier auprès de l’ex-Gouvernement d’union nationale [GNA], avec lequel elle signa, en 2019, un accord sur ses frontières maritimes afin d’appuyer ses revendications sur les eaux de la République de Chypre… et donc sur leurs réserves potentielles en hydrocarbures.

En outre, Ankara a pris ombrage du projet de gazoduc EastMed qui, ayant fait l’objet d’un accord « historique » entre la Grèce, Israël et la République de Chypre en janvier 2020, doit permettre d’acherminer vers le reste de l’Europe entre 9 et 12 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an.

« Tout projet négligeant la Turquie, qui possède le plus long littoral de la Méditerranée orientale, ainsi que les Chypriotes turcs, qui ont les mêmes droits sur les ressources naturelles de l’île de Chypre, ne peut aboutir. Nous portons une fois de plus ce fait à l’attention de la communauté internationale », avait réagi la diplomatie turque, au moment de la signature de cet accord.

Cela étant, après l’accalmie de ces derniers mois, le feu couve à nouveau… Premier acte : début janvier, les États-Unis ont fait savoir qu’ils ne soutiendraient plus le projet EastMed pour mieux soutenir les « technologies énergétiques propres ». De quoi ravir Ankara…

Puis, en mai, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a remis en cause la souveraineté de la Grèce sur des îles de la mer Égée, accusant Athènes d’y avoir déployé des capacités militaires, en contravention, selon lui, à deux traités. Et le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a ensuite décidé de rompre le dialogue avec la partie grecque, en dénonçant un « accord de haut conseil stratégique ».

Puis, ce 20 juillet, date anniversaire du début de l’invasion de Chypre par la Turquie, en 1974, le vice-président turc, Fuat Oktay, a fait part de l’intention d’Ankara de lancer une nouvelle phase d’exploration gazière en Méditerranée orientale à partir d’août prochain.

« Le début des activités de notre nouveau navire de sondage en Méditerranée est envisagé le mois prochain », a en effet déclaré M. Oktay, lors d’un discours prononcé sur le sol de la RTCN. « Nous défendons avec détermination nos droits en Méditerranée orientale », a-t-il assuré. Et d’insister : « Ceux qui ont des rêves impossibles en mer Egée et en Méditerranée doivent se rendre compte des réalités. Les ressources en hydrocarbures ne sont pas le jouet des Chypriotes grecs ».

À noter que pour l’occasion, la marine turque a envoyé en RTCN quatre navires, dont le sous-marin de type 209 TCG Burakreis, la frégate TCG Giresun, le navire de débarquement TCG Bayraktar et le bâtiment école TCG Sokollu Mehmet Pasa.

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