À nouveau, le président turc menace de « geler » l’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’Otan

D’abord très réticente à l’idée d’accueillir la Finlande et la Suède au sein de l’Otan en raison de leur attitude – jugée laxiste – à l’égard du Parti des travailleurs du Kurdistan [PKK], une organisation qu’elle considère comme terroriste [ce qui est d’ailleurs aussi le cas de l’Union européenne et celui des États-Unis, ndlr], la Turquie avait fini par lever ses objections en signant un accord avec les deux pays nordiques lors du dernier sommet de l’Alliance, organisé à Madrid, les 29 et 30 juin derniers.

En outre, et même si les autorités américaines assurèrent que les deux sujets n’étaient pas liés, ce revirement pouvait faire fléchir les États-Unis au sujet de la vente d’avions F-16 Viper à la Turquie… D’ailleurs, le locataire de la Maison Blanche, Joe Biden, avait donné l’assurance au président turc, Recep Tayyip Erdogan, qu’il obtiendrait l’accord du Congrès pour cette affaire. Sauf que, depuis, la Chambre des représentants a ajouté un amendement la Loi d’autorisation de la Défense nationale [National Defense Authorization Act – NDAA] pour entraver toute livraison de chasseurs-bombardiers à la force aérienne turque…

Quoi qu’il en soit, dans l’accord signé lors du sommet de l’Otan, la Finlande et la Suède prirent l’engagement de combattre le terrorisme « avec détermination et résolution » et de traiter les demandes d’extradition de « manière rapide et approfondie ».

À peine l’encre du texte était-elle sèche qu’Ankara fit savoir son intention de demander l’extradition de 33 personnes « pour des faits de terrorisme ». Et M. Erdogan donna dans la surenchère en ajoutant une quarantaine d’autres noms sur cette liste. De quoi mettre Magdalena Andersson, la cheffe du gouvernement suédois, dans l’embarras.

Début juillet, sommée de dire si elle avait promis à la Turquie d’extrader ces 73 personnes, Mme Andersson a botté en touche. « J’ai été ministre depuis huit ans et je n’ai jamais parlé de ce qu’il s’est dit à la table des négociations » a-t-elle affirmé, lors d’une conférence de presse. Et d’ajouter : « Cela me met un peu dans une situation difficile en ce moment ».

D’autant plus que, comme l’avait rappelé son ministre de la Justice, Morgan Johansson, « des personnes non suédoises peuvent être extradées à la demande d’autres pays, mais seulement si c’est compatible avec la loi suédoise et la Convention européenne sur les extraditions ». Et au regard du traitement que les personnes concernées risquent de subir si elles sont extradées en Turquie, il y a tout lieu de croire qu’elles resteront en Suède…

Alors que les trente pays membres de l’Otan ont commencé à ratifier l’adhésion de la Suède et de la Finlande, le président Erdogan a de nouveau mis un coup de pression.

« Nous avons adopté une attitude extrêmement claire pour la poursuite de l’élargissement de l’Otan […] Je veux rappeler une nouvelle fois que nous gèlerons le processus si ces pays ne prennent pas les mesures nécessaires pour remplir nos conditions », a-t-il en effet affirmé, ce 18 juillet, peu avant de s’envoler vers Téhéran, où il rencontrera Vladimir Poutine et Ebrahim Raïssi, les présidents russe et iranien.

Et visiblement, M. Erdogan en veut plus particulièrement aux autorités suédoises. « Nous constatons particulièrement que la Suède ne renvoie pas une bonne image à ce sujet », a-t-il en effet accusé.

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