Les États-Unis ont testé deux systèmes d’armes hypersoniques avec succès

Ayant récemment connu trois échecs en autant de tentatives, le programme « Air Launched Rapid Response Weapon » [ARRW ou ARROW], qui vise à mettre au point le missile hypersonique AGM-183A pour le compte de l’US Air Force, a visiblement été remis sur les rails.

Ainsi, en mai, l’US Air Force fit savoir que le quatrième tentative de lancer un AGM-183A depuis un bombardier B-52H Stratofortress s’était soldée par un succès.

« La ténacité, l’expertise et l’engagement de l’équipe ont été essentiels pour surmonter les défis de l’année écoulée et nous mener à ce succès. Nous sommes prêts à tirer parti de ce que nous avons appris et à continuer à progresser dans le domaine des armes hypersoniques », avait alors commenté le général Heath Collins, le responsable de ce programme.

Puis, le 12 juillet, un nouvel essai de l’AGM-183A effectué au large de la Californie a également donné pleinement satisfaction… Largué à nouveau par un B-52H, l’engin « a volé à une vitesse hypersonique » [soit supérieure à Mach 5] et « tous les objectifs primaires et secondaires ont été atteints », a indiqué l’US Air Force, via un communiqué.

« C’est une autre étape importante pour la première arme hypersonique aéroportée de l’US Air Force. Le test a démontré avec succès les performances du propulseur, en élargissant l’enveloppe opérationnelle », a précisé le général Heath Collins. selon qui ce succès ouvre la voie à des « tests complets » d’ici la fin de cette année.

Pour rappel, développé par Lockheed-Martin, l’AGM-183A est doté d’un propulseur devant donner une vitesse hypersonique à un planeur manoeuvrant qui, appelé TBG [Tactical Boost Glide], pourrait atteindre Mach 20 et disposer d’une portée d’environ 925 km. Il procurera à l’US Air Force une capacité de frappe rapide contre les cibles de grande valeur fortement protégées.

Ce second succès entre moins de trois mois arrive à un moment où le Congrès débat du budget du Pentagone pour le prochain exercice fiscal. Or, étant donné les déboires passés du programme ARRW, les parlementaires américains avaient décidé, l’an passé, de réduire son financement de moitié tout en exigeant des tests supplémentaires.

Par ailleurs, le 13 juillet, la DARPA, c’est à dire l’agence du Pentagone dédiée à l’innovation, a annoncé que le programme « Operational Fires » [ou OpFires] venait également de franchir une étape clé, avec la réussite d’un test effectué quelques semaines plus tôt. Ce projet consiste à mette au point une arme hypersonique qui, constituée d’un propulseur et d’un planeur, pourra être lancée par un camion logistique standard de type PLS [Palletized Load System] au lieu d’un Tracteur-Érecteur-Lanceur [TEL] traditionnel.

Cette arme est développée par Lockheed-Martin, en association avec Northrop Grumman, qui en fournit le moteur-fusée. L’essai évoqué par la DARPA a été réalisé au White Sands Missile Range [Nouveau Mexique], avec un camion PLS de l’US Marine Corps. Si l’OpFires n’a pas atteint une vitesse hypersonique [ce n’était pas l’objectif], ce test a permis de valider son mode de lancement.

« Il s’agit d’une étape prometteuse vers une capacité ‘TEL à la demande’, qui permettra de tirer avec précision des missiles à moyenne portée à partir de camions logistiques très agiles et facilement disponibles puisqu’ils sont déjà dans l’inventaire de l’US Army et de l’US Marine Corps », a expliqué le lieutenant-colonel Joshua Stults, le responsable du programme OpFires au sein de la DARPA. D’autres essais sont prévus d’ici la fin de cette année.

En matière d’armes hypersoniques, le Pentagone a donc plusieurs fers au feu. Outre l’OpFires et l’AGM-183A, il finance les programmes « HAWC [Hypersonic Air-breathing Weapon Concept], qui doit aboutir à un missile hypervéloce propulsé par un statoréacteur à combustion supersonique, « HACM » [Hypersonic Attack Cruise Missile], prioritaire pour l’US Air Force, qui reste très discrète à son sujet, et le « LRHW » [Long-Range Hypersonic Weapon], mené conjointement par l’US Army et l’US Navy. À noter que ce dernier programme a eu une déconvenue, le mois dernier, avec l’échec d’un essai mené à Hawaï.

Après avoir, en quelque sorte, [re]lancé la course aux armes hypersoniques au début des années 2000, via le programme « Conventional Prompt Global Strike » se sont fait distancer par la Chine et la Russie, laquelle a d’ailleurs été la première à utiliser un missile hypervéloce [le Kinjal, ndlr] au combat.

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