Lockheed-Martin a livré à l’US Air Force une arme laser destinée aux avions de combat

Cela fait plusieurs années que l’US Air Force finance des recherches pour disposer d’une arme à effet dirigé [ou laser] pouvant être mise en oeuvre par certains de ses avions. Et si certains programmes furent prometteurs, comme l’Airborne Laser Testbed [ABL YAL 1A ou ALTB, testée par un Boeing B-747] ou l’Advanced Tactical Laser [ATL], montée à bord d’un AC-130 « Gunship », aucun n’alla jusqu’au bout. Mais il pourrait en aller autrement pour le projet SHiELD [Self protect High Energy Laser Demonstrator], lancé en 2017 avec la notification d’un contrat de 26,3 millions de dollars à Lockheed-Martin.

À l’époque, le groupe américain avait annoncé avoir mis au point une arme à effet dirigé d’une puissance de 58 kw susceptible d’être montée sur un véhicule de type HELMTT [High Energy Laser Mobile Test Truck], dans le cadre du « Robust Electric Laser Initiative Program » de l’US Army. Pour cela, il s’était appuyé sur la technologie ATHENA [Advanced Test High Energy Asset], laquelle consiste à concentrer en en seul plusieurs faisceaux laser ayant chacun une longueur d’onde différente. De quoi ouvrir la voie à des armes laser à la fois plus puissantes et plus légères susceptibles d’être mises en oeuvre par un chasseur-bombardier. D’où l’intérêt du centre de recherche de l’US Air Force…

En vertu du contrat notifié en 2017, Lockheed-Martin devait développer un démonstrateur, en partenariat avec Northrop Grumman, pour le système de suivi des cibles par les faisceaux laser, et Boeing, pour la nacelle devant alimenter et refroidir l’arme laser.

Un an plus tard, Jeff Stanley, alors sous-secrétaire de l’Air Force chargé de la science, de la technologie et de l’ingénierie, avait indiqué que des essais d’une arme laser de 50 kw montée sur un F-15, allaient débuter prochainement. Parlait-il du programme SHiELD ou d’un autre? Toujours est-il que ce n’est que très récemment que Lockheed-Martin a livré à l’Air Force Research Laboratory [AFRL], et sous le nom de LANCE [Laser Advancements for Next-generation Compact Environments], le démonstrateur qui lui avait été commandé cinq ans plus tôt.

« C’est le laser à haute énergie le plus petit et le plus léger de sa classe que Lockheed-Martin ait construit », a confié Tyler Griffin, un responsable du groupe, lors d’un récent entretien avec des journalistes. « C’est une référence critique dans le développement d’un système aéroporté d’arme laser opérationnel », a-t-il insisté, selon des propos rapportés par Breaking Defense. Et de préciser que la taille de LANCE est six fois plus petite que celle de l’arme laser développée pour le Robust Electric Laser Initiative Program de l’US Army.

Ce qu’a confirmé Kent Wood, reponsable des armes à effet dirigé au sein de l’AFRL. « Les sous-systèmes livrés dans le cadre du programme SHiELD sont représentatif des technologies d’armes laser les plus compactes et les plus performantes livrées à ce jour ».

Reste maintenant à tester cette arme laser en vol… et à en définir, le cas échéant, les règles d’emploi. Car si, sur le papier, son principe peut sembler séduisant, il peut en aller tout autrement en conditions opérationnelles.

Ainsi, s’il s’agit de s’en servir pour détruire un missile menaçant un avion ravitailleur ou un AWACS, comme le suggère une vidéo promotionnelle de Lockheed-Martin, alors un tel usage risque d’être limité… puisqu’un laser ne peut suivre qu’un seul engin hostile à la fois, sous réserve, qui plus est, que les conditions météorologiques s’y prêtent. Cela étant, d’autres scénarios opérationnels ne manqueront pas d’être envisagés… Et c’est d’ailleurs ce à quoi s’attache l’AFRL en vue des essais de LANCE, qui pourraient commencer en 2023.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]