La Royal Navy est de nouveau en quête d’un missile anti-navire pour remplacer le RGM-84 Harpoon en fin de vie

En février, après plusieurs mois de tergiversations, le Royaume-Uni et la France ont relancé leur programme FMAN/FMC [Futur missile antinavire/Futur missile de croisière] qui, conduit par les filiales française et britannique du missilier MBDA, vise à mettre au point les successeurs des missiles de croisière SCALP/Storm Shadow et anti-navires Exocet/Harpoon.

Seulement, ces nouvelles munitions « complexes » ne seront pas opérationnelles d’ici 2030… alors que les missiles RGM-84 Harpoon de la Royal Navy arrivent en fin de vie. En clair, elle sera confrontée à une rupture temporaire de capacité [RTC] à un moment où le contexte internationale se durcit.

Pourtant, cette situation aurait sans doute pu être évitée… dans la mesure où, en 2016, certains s’inquiétaient déjà de l’absence d’une solution intérimaire pour remplacer les RGM-84 Harpoon, dont le retrait était alors prévu en 2018. « C’est comme si [l’amiral] Nelson avait décidé de se débarrasser de ses canons pour revenir au mousquet », avait alors déploré un responsable de la Royal Navy dans les colonnes du quotidien « The Telegraph ».

Cela étant, le ministère britannique de la Défense [MoD] décida de prolonger les RGM-84 Harpoon jusqu’en 2023, et de lancer, dans le même temps, le programme I-SSGW [Interim Surface-to-Surface Guided Weapon], lequel devait justement permettre d’éviter une rupture capacitaire et d’attendre la mise en service des premiers missiles FMAN/FMC.

Sauf que, en novembre 2021, le chef d’état-major de la Royal Navy, qui était alors l’amiral Tony Radakin, fit savoir aux députés de la Chambre des communes que le programme I-SSGW avait été « mis en pause ». Et d’expliquer que la marine britannique s’intéressait « davantage aux missiles hypersoniques de plus longue portée » et que le financement de 200 à 250 millions de livres sterling alors affecté à l’acquisition de missiles antinavires « provisoires » pour quelques frégates de type 23 pourrait être utilisé à d’autres fins.

Puis, en février, l’annulation du programme I-SSGW fut officiellement confirmée… alors que la Russie s’apprêtait à envahir l’Ukraine et que le comité spécial de la Défense de la Chambre des communes avait prévenu, dans un rapport publié quelques semaines plus tôt, que les « capacités offensives » de la Royal Navy allaient être « encore plus réduites lorques le missile anti-navir Harpoon serait retiré [du service] sans être remplacé »; Et d’ajouter : « Plus d’argent doit être investi pour amléiorer la létalité de la marine et permettre à [ses] navire de mener le combat contre l’ennemi ».

Quoi qu’il en soit, le MoD a de nouveau changé d’avis en la matière. Lors d’une audition parlementaire, le 5 juillet, et alors qu’il était interpellé sur ce sujet, Ben Wallace, le ministre britannique de la Défense, a indiqué que le programme I-SSGW serait finalement relancé.

« Pour remplacer le Harpoon, il y a un plan pour une solution intérimaire. Je ne peux pas encore fournir de détails car je ne sais pas quand il fera l’objet d’un appel d’offres, mais il y a un plan pour le faire », a en effet déclaré M. Wallace.

Normalement, le RGM-84 Harpoon, qui équipe les treize frégates de Type 23 ainsi que trois « destroyers » de Type 45, sera officiellement mis hors service en décembre 2023, ce qui ne laisse que très peu de temps pour lui trouver un successeur…

En tout cas, plusieurs solutions sont d’ores et déjà diponibles, dont le LRASM [Long Range Anti-Ship Missile] de Lockheed-Martin, associté au système de lancement vertical Mk41 VLS, le Naval Strike Missile de Kongsberg/Raytheon, le Gungnir RBS 15 Mk4 de Saab, le Sea Serpent d’Israel Aerospace Industries ou encore l’Exocet MM40 Block IIIc de MBDA.

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