Le Tadjikistan pourrait récupérer une partie des anciens aéronefs de la force aérienne afghane

En août 2021, et alors que les talibans progressaient inexorablement vers Kaboul, de nombreux pilotes de la force aérienne afghane passèrent avec armes et bagages en Ouzbékistan et au Tadjikistan afin de fuir la répression dont ils s’attendaient à faire l’objet en raison de leur proximité avec les forces américaines et, surtout, leur implication dans les combats.

Ainsi, plusieurs dizaines d’aéronefs, dont des avions d’attaque légers A-29 Super Tucano et des hélicoptères Mil Mi-17 et UH-60 Black Hawk, dont l’acquisition avait été financée par Washington, échappèrent aux talibans. Depuis, les pilotes afghans réfugiés en Ouzbékistan ont été exfiltrés par les États-Unis, via les Émirats arabes unis. Mais leurs appareils sont restés sur place.

En janvier, les talibans ont demandé à Tachkent et à Douchanbé de leur restituer les anciens aéronefs de la force aérienne afghane. « J’appelle respectueusement [l’Ouzbékistan et le Tadjikistan] à ne pas tester notre patience et à ne pas nous forcer à prendre toutes les mesures de représailles possibles [pour reprendre ces avions] », a ainsi prévenu Mohammad Yaqoob, le ministre aghan de la Défense. Et de lancer également un appel aux pilotes à revenir en Afghanistan. « Ils sont le trésor de notre pays », a-t-il soutenu.

Seulement, la demande de Kaboul est restée lettre morte. « Le gouvernement américain a payé ces aéronefs. Il a finance le gouvernement afghan précédent. Nous pensons donc que c’est à Washington de décider quoi en faire », a déclaré Ismatulla Irgashev, un conseiller du président ouzbek Shavkat Mirziyoyev, dans un entretien récemment donné à Voice of America. Et d’ajouter : « Nous avons gardé cet équipement militaire en accord avec les États-Unis et nous l’avons dit aux talibans ».

Pour le moment, ces appareils seraient encore en Ouzbékistan… qui, par ailleurs, dispose d’une force aérienne plutôt bien équipée, avec environ 80 avions de combat [dont des MiG-29, des Su-27 et des Su-25] et presqu’autant d’hélicoptères. Ce qui n’est pas le cas du Tadjikistan, où vient de se rendre le général Michael Kurilla, le chef de l’US CENTCOM, le commandement militaire américain pour l’Asie centrale et le Moyen-Orient.

« Nous sommes reconnaissants aux forces armées du Tadjikistan d’avoir continué à protéger les avions de la force aérienne afghane qui ont trouvé refuge dans ce pays, en août dernier », a déclaré le général Kurilla. « Les États-Unis travaillent avec le gouvernement tadjik pour déterminer la meilleure façon d’utiliser et d’entretenir efficacement ces appareils », a-t-il continué.

Et l’une des solutions serait de les laisser à la force aérienne tadjike… « Notre espoir est de pouvoir remettre une partie ou la totalité des avions au gouvernement tadjik. Je n’ai pas de calendrier quant à la date à laquelle cela se produira, mais nous travaillons dur pour que cela se produise », a en effet affirmé le général Kurilla,, selon Reuters.

A priori, au moins 18 aéronefs de la force aérienne afghane ont atterri au Tadjikistan lors du retour des talibans à Kaboul. Soit presque l’équivalent du nombre d’appareils mis en oeuvre par les forces tadjikes, qui diposent de 20 hélicoptères, dont 14 Mil Mi-8 [transport] et 6 Mil Mi-24 [attaque]. En clair, elle pourrait donc doubler de taille.

Selon l’ambassade des États-Unis à Douchanbé, l’aide américaine fournie aux forces de sécurité tadjikes depus 1992 s’élève à plus de 330 millons de dollars.

« Dans le cadre de cette assistance, nous avons fourni 400 véhicules aux forces armées tadjikes. Nous avons également formé plus de 10’000 soldats et membres des forces de l’ordre pour lutter contre le terrorisme et le trafic de drogue ainsi que pour mener des opérations spéciales », a-t-elle détaillé.

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