La Royal Navy envisage à nouveau de recourir à des pétroliers civils pour ravitailler ses navires en mer
À la fin des années 1960, le gouvernement britannique, alors dirigé par le travailliste Harold Wilson, prit la décision d’abandonner la plupart des bases militaires situées à « l’est de Suez » [une expression de l’écrivain Rudyard Kipling désignant la politique diplomatique et militaire du Royaume-Uni au-delà du continent européen, ndlr] pour se concentrer sur l’Europe en général et l’Otan en particulier. Résultat : la Royal Navy adapta sa chaîne de soutien logistique à cette nouvelle donne.
Seulement, quand l’Argentine lança l’invasion des îles Malouines/Falklands, situées à plus de 14’000 km de la Grande Bretagne, l’état-major britannique s’attacha à constituer une flotte logisitique de complément afin d’être en mesure d’envoyer ses troupes à la reconquête des territoires perdus. Aussi réquisitionna-t-il une quinzaine de pétroliers civils pour ravitailler en mer les navires de la Royal Navy.
Visiblement, cet épisode n’a guère été oublié… puisque la marine britannique envisage à nouveau de recourir à des pétroliers privés pour épauler la Royal Fleet Auxiliary [RFA, flotte royale auxiliaire], dont le personnel a un statut particulier dans la mesure où il se compose en grande partie de civils [lesquels portent les galons de la marine marchande… sur un uniforme militaire].
« Faire appel à des pétroliers civils pour soutenir la flotte pourrait s’avérer crucial si leurs homologues militaires ne sont pas en mesure de faire escale pour s’approvisionner », explique en effet la Royal Navy.
Sauf que les procédures qui avaient été élaborées il y a maintenant quarante ans ont besoin d’être remises au goût du jour… D’où l’essai que vient d’effectuer la Royal Fleet Auxiliary, en association avec l’US Military Sealift Command [MSC], dans la baie de Lyme [sud-ouest de l’Angleterre] avec le navire auxiliaire RFA Tidesurge et le pétrolier civil MT Maersk Peary.
Selon la Royal Navy, et même si aucun transfert de carburant n’a été effectué, cet essai s’est révélé concluant dans la mesure où il a permis de démontrer que le pétrolier civil a pu se « connecter » au navire ravitailleur militaire. Et d’assurer qu’une telle manoeuvre peut aussi concerner les autres flottes des pays membres de l’Otan étant donné que l’équipement nécessaire est « largement standardisé au seun de l’Alliance ».
« Le ravitaillement en mer d’un navire auxiliaire par un pétrolier commercial peut garandir que nos flottes resteront approvisionnées et soutenues dans un environnement contesté », en particulier quand il n’est pas possible de faire escale dans un port pour se ravitailler, a souligné le capitaine de vaisseau Douglas Jaarsma, un officier américain actuellement affecté à la RFA dans le cadre d’un échange avec le MSC.
Mais recourir à des pétroliers civiles permettrait également de suppléer les pétroliers-ravitailleurs militaires, qui, ces dernières années, n’ont pas toujours bénéficié de l’attention qu’ils auraient méritée.