Qui mettra sur orbite les deux nano-satellites patrouilleurs français YODA?

Étant donné la multiplication d’actes « inamicaux » contre des satellites français, notamment militaires, la stratégie spatiale dévoilée en juillet 2019 par le ministère des Armées avait souligné la nécessité de renforcer les capacités de surveillance des objets en orbite. D’où le programme YODA [Yeux en Orbite pour un Démonstrateur Agile], qui vise à développer deux nano-satellites « patrouilleurs » afin d’assurer une « défense active » en orbite.

En tant que maître d’ouvrage délégué et maître d’oeuvre système, le Centre nationale d’études spatiales [CNES] a confié à la jeune pousse toulousaine Hemeria le soin de construire ces deux nano-satellites, dont, pour le moment, on ne sait que très peu de choses, si ce n’est que leur masse devrait être comprise entre 10 et 20 kg et qu’ils évolueront selon une orbite géostationnaire.

Ce projet bénéficie d’ailleurs de l’expérience acquise lors du programme Angels [Argos Neo on a Generic Economical and Light Satellite], conduit par le CNES avec Hemeria. Celui avait consisté à développer un nano-satellite d’environ 25 kilogrammes et basé sur une plateforme CubeSat 12U afin d’assurer une meilleure couverture satellitaire pour les balises Argos. L’engin avait été lancé en 2019 depuis Kourou, par une fusée Soyouz.

Justement, au regard de la nature du programme Yoda, on aurait pu penser que la mise sur orbite de ces deux nano-satellites « patrouilleurs » allait être effectuée par Arianespace. En réalité, rien ne le garantit puisque, fin avril, le CNES a publié un avis de marché afin de mettre en concurrence entre trois et huit prestataires. Si plus de candidats se manifestent, alors une sélection se fera sur « la base d’un classement des sociétés admissibles » déterminé en fonction de « l’habilitation à exercer l’activité professionnelle », de la « capacité économique et financière » et de la « capacité technique et professionnelle ».

Dans son avis, le CNES indique ainsi qu’il recherche un « service de lancement pour les deux nano satellites YODA » pour 2023/24, en précisant qu’ils « devront être injectés sur une orbite proche géostationnaire », c’est à dire à une altitude de « 300 km en conformité avec la ‘loi sur les opérations spatiales’ soit 36’086 km avec une tolérance de +/-30 km ». Et d’ajouter : « Une base de lancement sur le territoire français [le Centre spatial guyanais?] sera préférée. »

Avec le « New Space », plusieurs entreprises se sont lancées sur le créneau de la mise sur orbite de satellites, certaines s’étant spécialisées dans les micro-lanceurs, y compris en Europe, notamment avec les allemands Rocket Factory Augsburg [RFA] et Isar Aerospace, les britanniques Orbex et Skyrora, l’espagnol PLD Space ou encore le français Venture Orbital Systems, dont le lanceur Zéphyr doit effectuer son premier vol en 2024…

Quoi qu’il en soit, et comme l’avait expliqué le général Michel Friedling, actuellement à la tête du Commandement de l’Espace [CdE], le projet YODA est « très important car il tire l’ensemble de nos compétences et capacités vers le haut, qu’il s’agisse du système de commandement et de contrôle des opérations spatiales, du segment sol mais aussi de notre organisation interne, de la répartition des responsabilités avec le CNES en matière de formations ou encore des transferts de compétences dans les dix ans à venir ».

L’objectif de YODA vise surtout à « tester des technologies et d’acquérir un savoir-faire en vue de développer un autre concept plus complet et plus opérationnel à l’horizon 2030 », avait encore précisé le général Friedling, lors d’une audition parlementaire, en décembre 2021.

Illustration : CNES

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