La Russie a simulé des tirs de missiles à capacité nucléaire « Iskander » depuis Kaliningrad

À plusieurs reprises, depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, des reponsables russes, à commencer par le premier d’entre-eux, Vladimir Poutine, ont fait des allusions plus ou moins explicites à un usage potentiel de l’arme nucléaire. Comme le 27 février dernier, quand le Kremlin annonça avoir mis ses forces stratégiques en état d’alerte.

Le recours à une telle rhétorique n’est pas nouveau : lors de la crise de Suez, en 1956, l’Union soviétique avait directement brandi une telle menace devant la France et le Royaume-Uni afin de les pousser à retirer leurs troupes d’Égypte.

Cela étant, pour Moscou, évoquer l’arme nucléaire vise surtout à modérer le soutien que les Occidentaux apportent à l’Ukraine pour l’aider à faire face à l’invasion de son territoire, voire à les dissuader de s’impliquer dans la guerre en cours. C’est d’ailleurs le sens d’une séquence qui, diffusée la semaine passée par la chaîne publique Rossiya 1, a montré des journalistes vanter les capacités du nouveau missile balistique russe RS-28 Sarmat, lequel serait en mesure de détruire Paris, Londres ou Berlin en moins de deux minutes depuis l’enclave de Kaliningrad [coincée entre la Lituanie et la Pologne, ndlr].

Reste que, pour le moment, ces allusions à l’arme nucléaire n’ont nullement amoindri le soutien fourni à Kiev par les Occenditaux, États-Unis en tête. « Nous voulons voir la Russie affaiblie à un degré tel qu’elle ne puisse pas faire le même genre de choses que l’invasion de l’Ukraine », a même justifié Lloyd Austin, le chef du Pentagone. « Elle a déjà perdu beaucoup de capacités militaires, et beaucoup de troupes pour être franc, et nous ne voudrions pas qu’elle puisse rapidement reconstituer ces capacités », a-t-il ajouté, peu avant une réunion devant rassembler une quarantaine de pays pour faire le point sur l’aide apportée aux forces ukrainiennes.

Si certains pays européens craignent d’être considérés comme des « co-belligérants », ce n’est pas le cas des États-Unis, qui ont admis fournir des renseignements aux forces ukrainiennes. Selon le New York Times, certains d’entre-eux auraient même permis de cibler des généraux russes impliqués dans l’offensive contre l’Ukraine.

Les renseignements fournis par les services américains pour aider les forces ukrainiennes se sont notamment « concentrés sur la localisation des postes de commandement mobiles de l’armée russe, qui se déplacent régulièrement », a en effet écrit le New York Times, le 4 mai. Ce qui a fait sortir de ses gonds le Conseil de sécurité nationale [NSC], qui relève directement de la Maison Blanche.

« Les États-Unis fournissent des renseignements sur le champ de bataille pour aider les Ukrainiens à défendre leur pays. Nous ne fournissons pas de renseignements dans l’intention de tuer des généraux russes », a réagi Adrienne Watson, porte-parole du NSC, auprès de l’AFP. Et de qualifier « d’irresponsable » l’affirmation du quotidien new yorkais.

Alors que celui-ci venait à peine de publier ses révélations, le ministère russe de la Défense a de nouveau brandi la menace nucléaire en affirmant que ses forces établies dans l’enclave de Kaliningrad venaient de simuler des tirs de missiles balitiques Islander [à capacité nucléaire, nldr], dont la portée est suffisante pour atteindre les pays baltes, la Pologne et le nord de l’Allemagne [dont Berlin].

Par tir simulé, l’état-major russe entend « lancement électronique » ayant visé virtuellement des aérodromes, des sites sensibles et des postes de commandement d’un « ennemi » fictif. Selon ses explications, les missiles Iskander ont été déployés sur leurs positions de tir puis leurs servants ont manoeuvré pour éviter « une éventuel frappe en représailles ». En outre, les unités impliquées dans cet exercice ont opéré dans des « conditions de radiation et de contamination chimique ».

Par ailleurs, l’Iliouchine Il-80 « Eimak » [code Otan : « Maxdome »] a été vu dans le ciel de Moscou, quelques heures plus tôt. Or, c’est cet appareil, surnommé « l’avion du jugement dernier », qui serait utilisé par les autorités russes comme centre de commandement aéroporté en cas de guerre nucléaire. Sa participation à la Grande parade militaire de la Victoire sur l’Allemagne nazie, le 9 mai, est annoncée.

Quoi qu’il en soit, ce 5 mai, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, n’a pas évoqué l’arme nucléaire… En revanche, il a critiqué le soutien des Occidentaux à l’Ukraine.

« Les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Otan dans son ensemble partagent en permanence des données du renseignement avec les forces armées ukrainiennes. Conjuguées aux approvisionnements en armes […], ces actions ne permettent pas d’achever rapidement l »opération' », a dit M. Peskov. Mais elles « ne sont toutefois pas en mesure d’empêcher » que les objectifs de l’offensive russe en Ukraine soient remplis », a-t-il estimé.

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