Pour l’armée de Terre, l’expérimentation de la mule robotisée « Robopex » au Sahel a été décevante

Entre mars et juin 2021, le Groupement tactique « Bison », formé essentiellement par le 126e Régiment d’Infanterie [RI] de Brive, a été doté de quatre mules robotisées « ROBOPEX » durant son déploiement sur la plateforme opérationelle désert [PfOD] de Gao, au Mali. C’était la première fois qu’une unité de l’armée de Terre déployait des « drones terrestres » lors d’une opération extérieure.

Pour rappel, propos par le groupe GACI Rugged Systems, associé à l’israélien Roboteam, le ROBOPEX avait été sélectionné par l’Agence de l’Innovation de Défense [AID] en 2019, parmi les offres soumises par l’estonien Milrem Robotics [associé au français CNIM], Sharks Robotics [allié à Nexter] et Arquus, avec l’appui de l’Institut de recherche franco-allemand Saint-Louis.

Les premiers retours de son utilisation par le contingent estonien de la force Barkhane ayant été positifs, on s’attendait à ce que le THeMIS de Milrem Robotics fût choisi par l’AID, d’autant plus qu’il avait obtenu de meilleures notes techniques que ses concurrents. Seulement, l’offre de GACI Rugged Systems, basée sur une solution développée par l’israélien Roboteam, avait été la moins chère. Mais ce choix fut cependant critiqué.

« Nous avons lancé une compétition européenne afin d’acquérir un robot et de le tester en opération. La PME vainqueur de la compétition n’est pas israélienne mais 100 % française. Elle a proposé d’assembler en France, des composants mécaniques et électroniques d’origine israélienne, de la même manière qu’une entreprise utilise des composants d’origine chinoise pour assembler un ordinateur », avait alors rétorqué Emmanuel Chiva, le directeur de l’AID, à l’occasion d’une audition parlementaire.

Et d’ajouter : « Il ne s’agit pas d’acquérir une grande série de robots […] Il s’agit de procéder à une expérimentation qui nous permettra de déterminer les contours de ce que pourrait être le robot mule de demain, répondant au mieux aux besoins de nos forces. […] Cette expérimentation permettra de définir la meilleure adéquation entre classe de robot et usage notamment ».

Au Mali, l’armée de Terre voulait utiliser le ROBOPEX, capable de transporter une charge de 750 kg pendant huit heures, à la vitesse de 8 km/heure, pour des « missions de logistique » et « assurer des liaisons entre deux groupes distants ».

Depuis le retour des quatre exemplaires du « ROBOPEX » utilisés à Gao, l’armée de Terre a gardé le silence sur les résultats de cette expérimentation. D’où la question écrite adressée par le député François Cornut-Gentille au ministère des Armées. Celui-ci y a répondu le 3 mai. Et, visiblement, le bilan de ces essais est en demi-teinte.

Ainsi, selon le ministère des Armées, l’utilisation de ces engins a « permis à l’armée de Terre de caractériser le fonctionnement d’un système à l’état de l’art ainsi que les enjeux particuliers liés au soutien en opération de ce type de plateforme ».

Si l’expérimentation « de robots terrestres de cette gamme » a permis de démontrer qu’ils sont « particulièrement adaptés lorsque le fantassin est engagé dans la durée sans pouvoir être accompagné d’un véhicule de combat », il faut pas en avoir besoin sur le terrain… Le « tractage » de ces mules robotisées « par un véhicule de combat ne semble pas être recommandé pour les amener sur la zone d’évolution », admet en effet le ministère des Armées. Qui plus est, poursuit-il, les « contraintes d’un robot électrique nécessitant un moyen dédié pour la recharge sont trop importantes pour permettre un engagement en milieu déstructuré ».

Il fallait d’ailleurs s’y attendre, comme l’admet le minsitère, quand il écrit que « les limites anticipées de ces systèmes, non conçus et non développés pour les besoins de l’armée de Terre, ont également pu être éprouvées ».

Toutefois, et comme l’avait d’ailleurs indiqué le directeur de l’AID, cette expérimentation a permis d’établir une « liste de recommandations et d’exigences  » au bénéfice des « des équipes […] en charge des futurs incréments du programme SCORPION », notamment au sujet des « performances attendues, du transport, de la mise en oeuvre, de l’intergace avec un véhicule maître et du combat collaboratif », est-il détaillé dans la réponse du ministère.

Quant aux quatre ROBOPEX, ils ont depuis été « reversés dans différentes unités de l’armée de Terre, notamment la section robotique VULCAIN », qui a vu le jour en juin 2021.

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