La marine japonaise tient à l’oeil un imposant groupe aéronaval chinois se dirigeant vers le Pacifique occidental

Un peu plus de deux ans après le début de sa carrière opérationnelle, le second porte-avions chinois, le CNS Shandong, de conception locale, a récemment retrouvé le chantier naval de Dalian pour y subir une opération de maintenance « programmée », à en croire le Global Times, quotidien proche du Parti communiste chinois [PCC].

Selon ce dernier, cette immobilisation pourrait durer « quelques mois », le temps de poser un nouveau revêtement antidérapant sur le pont d’envol, de remettre à neuf [voire de réparer] certains « sous-systèmes » ayant « tendance à s’user », comme le dispositif d’arrêt, les systèmes d’alimentation ou bien encore l’électronique de bord. « Un examen complet du porte-avions pourrait être effectué », a écrit le Global Times, 24 avril dernier. Et d’évoquer de potentielles « mises à niveau » pour des pièces ayant « rencontré des problèmes » ou pouvant « être optimisées sur la base de l’expérience acquise au cours de ses deux années de navigation ».

Par ailleurs, le lancement du troisième porte-avions chinois, qui sera en configuration CATOBAR [avec catapultes – électromagniques – et brins d’arrêt] ne s’est toujours pas produit, alors qu’il a été plusieurs fois annoncé comme étant « imminent ». Certains observateurs avaient misé pour qu’il le fût à l’occasion du 73e anniversaire de la composante navale de l’Armée populaire de libération [APL], le 23 avril dernier. Mais la recrudescence de l’épidémie de covid-19 à Shanghaï aurait retardé le lancement de ce navire, pour le moment appelé « Type 003 ». « Je pense qu’il pourrait être lancé durant le second semestre 2022 », a toutefois estimé Song Zhongping, un expert militaire chinois, cité par le Global Times.

Quoi qu’il en soit, les capacités aéronavales chinoises reposent donc actuellement sur le CNS Liaoning [ex-Varyag], le porte-avions acquis auprès de l’Ukraine en 2000 avant d’être remis en état une dizaine d’années plus tard. Et, le 1er mai, ce navire a été repéré, avec son escorte, dans le stratégique détroit de Miyako, situé au sud-ouest d’Okinawa, donc dans la zone économique exclusive [ZEE] japonaise. En clair, ce groupe aéronaval doit se déployer dans le Pacifique occidental pour y effectuer des manoeuvres. Reste à savoir qu’elle en sera la zone exacte : la côte orientale de Taïwan ou la mer des Philippines.

En tout cas, les forces d’autodéfense japonaises tiennent ce groupe aéronaval chinois à l’oeil, avec le porte-aéronefs JDS Izumo et des avions de patrouille maritime Kawazaki P-1 et P-3C Orion. D’après Tokyo, le CNS Liaoning est accompagné par l’imposant croiseur lance-missiles de type 055 « Nanchang », avec ses 112 cellules de lancement vertical et ses puissants capteurs électroniques, les « destroyers » Xining, Urumqi, Chengu et Zhengzhou ainsi que la frégate de type 054A Xiangtan et le navire de ravitaillement de type 901 Hulunhu. Probablement qu’un sous-marin nucléaire d’attaque [SNA] est aussi de la partie.

Ce n’est pas la première fois que le CNS Liaoning traverse le détroit de Miyako. Seulement, cette fois, jamais son groupe aéronaval n’aura été aussi étoffé. Ce qui « marque une une augmentation significative de la capacité de combat » de l’APL en vue d’un conflit potentiel avec Taïwan, ont souligné des experts militaires chinois dans les colonnes du Global Times.

À noter également que, si la formation chinoise est restée à l’écart des eaux territoriales japonaises, Tokyo a précisé avoir observé des mouvements d’hélicoptères depuis le CNS Liaoning… Alors que l’article 39 de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer précise que les navires passant par un détroit doivent s’abstenir de « toute activité autre que celles qu’implique un transit continu et rapide, selon leur mode normal de navigation, sauf cas de force majeure ou de détresse ».

Photo : archive

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