Navire amiral de la flotte russe de la mer Noire, le croiseur Moskva a été gravement endommagé

Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, et hormis sa participation à la prise de l’île des serpents [qui fut autrefois roumaine avant d’être rattachée à l’Ukraine durant la période soviétique], le navire amiral de la flotte russe de la mer Noire, le croiseur Moskva [ex-Slava], s’est plutôt fait discret.

Affichant un déplacement de près de 12’500 tonnes pour 186,4 mètres de long, le Moskva est l’un des trois croiseurs appartenant à la classe « Slava » construits à la fin des années 1970 en Union soviétique. Immobilisé durant près de dix ans au chantier naval de Nikolaïev [Ukraine], il reprit du service en 2000 afin de remplacer le croiseur lance-missiles Amiral Golovko, alors promis à la démolition. Puis, en 2016, il fut de nouveau mis en cale sèche pour des travaux des modernisation censés le maintenir en activité jusqu’en 2040.

Ce navire est puissamment armé, avec 16 missiles anti-navires supersoniques P-1000 Vulkan [code Otan : SS-N-12 Sandbox] d’une portée de 500 km et, surtout, 64 missiles surface-air longue portée S-300F [SA-N-6 Grumble]. Étant donné que la marine ukrainienne a été réduite à la portion congrue après l’annexion de la Crimée, son déploiement en mer Noire dans le cadre de l’invasion russe vise surtout à assurer une couverture aérienne des moyens navals engagés près des côtes ukrainiennes, notamment dans la région d’Odessa, port stratégique convoité par Moscou.

Du moins était-ce le cas jusqu’au 13 avril… Car le Moskva n’est plus en état d’assurer une telle mission, après avoir subi de lourds dégâts ayant nécessité l’évacuation de ses 500 membres d’équipage.

Pour le moment, il n’est pas possible d’avoir une confirmation de ce qui s’est passé à son bord. Selon le ministère russe de la Défense, le Moskva aurait été victime d’une explosion de munitions, causée par un incendie. Une enquête a été ouverte pour en établir les circonstances, a-t-il précisé. Toujours d’après la même source, le « foyer de l’incendie » serait « circonscrit » et le croiseur aurait conservé sa « flottabilité ». Et d’ajouter : « Des mesures sont prises pour le remorquer ver le port » de Sebastopol.

Côté ukrainien, on assure que le Moskva a été touché par un missile anti-navire Neptune. C’est effet ce qu’a affirmé Maxime Martchenko, le gouverneur de la région d’Odessa. Et son propos a été confirmé par un responsable militaire. « Selon des données disponibles, des missiles [ukrainiens] sont à l’origine des sérieux dommages » du Moskva.

D’une portée de 280 à 300 km et bénéficiant d’une électronique améliorée, le missile P-360 Neptune, développé à partir du Kh-35 soviétique, est entré en service au sein des forces ukrainiennes en mars 2021. Il est mis en oeuvre par un système de défense côtière comprenant notamment un lanceur mobile monté sur un camion USPI-360 et un véhicule de commandement et de contîole RCP-360. Subsonique, il se dirige vers sa cible grâce à un système de radar actif.

En octobre dernier, la marine ukrainienne avait indiqué qu’elle utiliserait des drones Bayraktar TB-2 pour des missions de surveillance maritime ainsi que pour désigner d’éventuelles cibles aux P-360 Nepture, dont la charge militaire serait suffisante pour envoyer un navire de 5000 tonnes par le fond. A priori, le Moskva aurait été repéré par un tel appareil avant d’être frappé par un ou plusieurs missile[s] ukrainiens. Mais cela reste à confirmer.

Mais si le Moskva a effectivement été atteint par un missile P360 Neptune, alors cela démontrerait l’inefficacité de ses contre-mesures électroniques et de ses défenses anti-aériennes à courte portée [AK-630 et 9K33M3 Osa-AKM].

Depuis le 24 février, les forces ukrainiennes ont affirmé, à plusieurs reprises, avoir touché des navires russes déployés en mer Noire. Tel a été le cas du patrouilleur hauturier lance-missiles « Vassili Bykov » ou encore celui de la frégate Essen. Sauf que le ministère russe de la Défense a ensuite produit des images montrant ces navires intacts… En revanche, un patrouilleur de la classe Raptor [projet 03160] aurait bien été endommagé par un tir de missile antichar ATGM au large de Marioupol.

Quoi qu’il en soit, le Moskva est la deuxième unité importante perdue par la flotte russe de la mer Noire depuis le début de l’invasion de l’Ukraine. Le 24 mars, le navire de débarquement Orsk a en effet coulé alors qu’il se trouvait dans le port de Berdyansk. Les forces ukrainiennes en ont revendiqué la responsabilité, affirmant avoir tiré un missile balistique tactique de courte portée OTR-21 « Tochka » [code Otan : SS-21 Scarab], dont la précision n’est pas la principale qualité… En réalité, on ignore ce qu’il s’est réellement passé, l’explosion accidentelle de munitions à bord ne pouvant être exclue. De même que celle d’un sabotage.

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