Les frégates « Belh@rra » de la Marine nationale seront moins bien équipées que celles vendues à la Grèce
Le 24 mars, la Grèce devrait signer la contrat relatif à l’achat de trois frégates de défense et d’intervention [FDI ou Belh@rra] auprès du constructeur français Naval Group. Cette commande aura un « impact limité » sur les livraisons des cinq navires de ce type destinés à la Marine nationale, un décalage de « quelques mois » étant prévu par le ministère des Armées pour la réception les seconde et troisième unités.
Cela étant, les FDI grecques n’auront pas les mêmes capacités que celles que mettra en oeuvre la Marine nationale. Si les deux modèles auront en commun certains éléments, comme la tourelle de 76 mm, les deux canons téléopérés de 20 mm, les deux lanceurs de missiles antinavires Exocet MM40 Block 3C ou encore le radar Seafire 500 [fourni par Thales], celles commandées par Athènes seront dotées 32 missiles surface-air Aster 30 B1 [au lieu de 16], de 2 triples lance-torpilles pour MU-90 [au lieu d’un double lance-torpilles], d’un système anti-aérien à courte portée RAM [Rolling Airframe Missile] ainsi que de brouilleurs et de leurres anti-missiles et anti-torpilles.
Lors d’une audition parlementaire, l’an passé, le chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM], l’amiral Pierre Vandier, avait confirmé que les FDI françaises auraient des capacités amoindries en matière de guerre électronique au moins jusqu’en 2026. « Cela relève d’un choix budgétaire : lors du lancement du programme en fin de la LPM précédente, l’ajout de ces capacités n’entraient pas dans l’enveloppe financière. Il a donc été décidé de les inclure dans le programme visant à faire évoluer les frégates, ce qui conduit à reporter à 2026 l’ouverture de la ligne budgétaire qui permettra de les financer », avait-il expliqué.
Quoi qu’il en soit, actuellement candidat à l’élection présidentielle, le député Nicolas Dupont-Aignan s’était étonné, en décembre dernier, de ces différentes entre les FDI françaises et grecques, dans une question écrite adressée au ministère des Armées. En outre, il avait aussi plaidé pour revoir à hausse le nombre de FDI commandés, en portant leur nombre de cinq à huit, compte tenu de l’évolution de la situation internationale. Voire de moderniser cinq frégates légères furtives [FLF – classe La Fayette] au lieu de trois.
La réponse du ministère des Armées a été publiée plus de trois mois plus tard. S’agissant des FLF, il n’est pas question de revoir les plans : seulement trois seront modernisées, les deux autres étant appelées à suppléer la flotte des patrouilleurs de haute-mer, laquelle connaît des difficulités en termes de disponibilité.
Quant à la différence entre les FDI françaises et grecques, le ministère des Armées la justifie par les choix de la Marine hellénique, qui « découlent de son analyse capacitaire, des missions et de la place de ces frégates dans son ordre de bataille ».
« Pour la Marine nationale, les FDI venant compléter les unités de combat plus puissantes que sont les frégates de défense aérienne [FDA] et les frégates multi-missions [FREMM], elles n’ont pas la nécessité de disposer de capteurs ainsi que de moyens d’actions aussi puissants », fait valoir le ministère. Et d’ajouter : « Leur configuration constitue un compromis cohérent pour des unités de premier rang qui offriront un saut capacitaire avantageux par rapport aux frégates légères furtives ».
Cependant, a-t-il poursuivi, le « programme français s’inscrit dans une logique d’évolution en standards » et les FDI de la Marine nationale « disposeront nativement d’une marge d’évolution pour s’adapter aux changements à venir du contexte opérationnel ».
Sur ce point, l’amiral Vandier avait émis des réserves, lors de son audition parlementaire. « De la même façon qu’il est beaucoup plus coûteux de faire installer a posteriori un radar de recul sur une voiture que de choisir un véhicule déjà équipé en série, programmer de telles dépenses sur une dizaine d’années, en raison de contraintes budgétaires qui peuvent paraître mineures, se révèle en définitive beaucoup plus onéreux pour l’Etat », avait-il dit.
Enfin, il n’est pas question non plus de commander davantage de FDI, le ministère s’en tenant à la cible de « 15 frégates de premier rang » à l’horizon 2030 [pour le moment du moins…].
Photo : Par Rama CC BY-SA 3.0 fr,