Le constructeur français Naval Group accélère dans le domaine de la robotique en essaim

Disposer de drones – aériens ou navals – capables d’évoluer en essaim permettrait à une force maritime de saturer ou de leurrer les défenses, voire de lancer une « salve manoeuvrante » contre un ennemi. Et on peut même imaginer qu’ils soient mis en oeuvre depuis un navire autonome. L’US Navy a d’ailleurs lancé un programme en ce sens, en notifiant un contrat de près de 33 millions de dollars à Raytheon Missile & Defense, en février 2021.

D’où l’intérêt de Naval Group pour la robotique en essaim. En février, le constructeur naval s’est associé à MBDA et à l’Agence de développement économique TVT Innovation [établie à Toulon, ndlr] afin de promouvoir et encourager la recherche dans ce domaine.

Plus précisément, l’objectif de ce groupement, appelé « SwarmZ » est de « créer » et de « stimuler l’écosystème de la robotique en essaim en France et en Europe », tout en étant en mesure de repérer les « innovations scientifiques et technologiques qui pourraient contribuer à des progrès significatifs ».

Ce 17 mars, Naval Group est allé encore plus loin en annonçant un partenariat noué avec Dronisos, afin de développer des « solutions d’essaims de drones au profit des marines ».

L’intérêt pour Dronisos s’explique par le fait que cette jeune entreprise française est l’une des rares, dans le monde, à être capable de faire évoluer jusqu’à un millier de drones aériens pour des spectacles et autres grands évènements. Et cela, grâce évidemment à l’intelligence artificielle.

« Dronisos propose maintenant les kits Icarus Swarms, mini essaims de drones dédiés à des missions de sécurité précises : éclairage, brouillage radio, tests de systèmes de lutte anti-drones, cartographie radiologique ou recherche de personnes ou matériel », souligne Naval Group, qui, avec ce partenariat, va renforcer son « dispositif de recherche et de développement en matière de dronisation », lequel fédére déjà des laboratoires, des industriels et d’autres jeunes pousses spécialisées dans la robotique en essaim.

Selon le communiqué de l’industriel, des expérimentations seront régulièrement menées avec la Marine nationale. Certaines ont déjà eu lieu, des « simulations d’attaque de dix à cent drones » ayant été effectuées pour tester des « systèmes de détection des menaces asymétriques grâce au produit Certifence de Dronisos ».

Pour Naval Group, les essaims de drones sont à la fois une opportunité et une menace. « Les essaims, aériens, de surface ou sous-marins, sont résilients, saturants et insaisissables. Ils permettent ainsi d’assurer de nouvelles formes de missions complémentaires des vecteurs classiques. Les missions des marines peuvent donc être impactées par ces nouvelles technologies », explique-t-il.

Parmi les enjeux des recherches en cours, l’un d’eux serait par exemple d’arriver à déployer des essaims de drones « sous l’eau et dans les airs, pour protéger de toute détection la plongée et la remontée d’un sous-marin ».

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28 contributions

  1. Félix GARCIA dit :

    J’approuve !
    🙂

    « Dronisos – Icarus »
    Joli.

  2. Le Suren dit :

    Le conflit Arménie-Azerbadjian a servi de démonstration, et la guerre en Ukraine, de stimulant.

    • Fred dit :

      L’Azerbaïdjan serait en train de réfléchir à une reprise des combats, pour profiter du fait que la Russie racle les fonds de tiroirs de ses armées pour son intervention ukrainienne, y compris en dégarnissant son corps expéditionnaire arménien. La nature a horreur du vide.

  3. rob dit :

    Enfin …

  4. Moogli dit :

    « Parmi les enjeux des recherches en cours, l’un d’eux serait par exemple d’arriver à déployer des essaims de drones « sous l’eau et dans les airs, pour protéger de toute détection la plongée et la remontée d’un sous-marin ». »

    Une dilution pour plonger, quand une escorte de surface ne décrasse pas à la verticale, ça peut s’entendre. Une dilution pour remonter, pour immersion periscopique (ou autre), ça laisse songeur.

    Là où ça présente un intérêt, c’est pour diluer ou séduire pour dérober plus facilement sur menace de détection adverse. Ça pourrait aussi présenter un intérêt si vous anticipez une zone défendue par des mines (destructrices ou d’écoute).

    Bref, j’ai plus l’impression d’un intérêt certain pour des bâtiments de surface contre menaces Air / Mer / Sub , que pour des soum qui auraient besoin de drones, pas d’essaims systématiques.

    • HMX dit :

      D’accord avec vous. L’exemple de l’essaim de drones pour protéger la « dilution » d’un sous marin me semble tiré par les cheveux, les drones risquant potentiellement d’être repérés, et donc de signaler la présence du sous marin… Il y a beaucoup d’autres usages plus utiles à faire avec des essaims de drones. Dans le domaine des essaims de drones aériens (mais on pourrait étendre le sujet aux essaims de drones sous marins, de surface ou terrestres), voici quelques exemple :

      Pour rester dans le domaine des sous marins, l’essaim de drones aériens (type quadcopters légers) peut présenter une alternative ou un complément à l’emport d’armes anti-aériennes d’autodéfense. Un sous marin repéré par un hélico ASM ou un PATMAR pourrait ainsi tirer (depuis le kiosque ou un TLT par exemple) une capsule contenant un essaim de drones kamikazes, qui s’attaqueront à une cible aérienne dans un rayon de quelques kilomètres, permettant au sous marin de détruire ou d’éloigner la menace.

      Dans la domaine naval toujours, l’essaim de drone est promis à un grand avenir. En version offensive, on peut imaginer des munitions à longue portée, type missile antinavire ou missile de croisière, qui emporteront un essaim de drones en lieu et place de la charge explosive. Arrivé à proximité de la cible (bâtiment de combat ou cible terrestre fortement protégée), la munition larguerait un essaim de drones venant assaillir de façon coordonnée les défenses anti-aériennes adverses. Redoutable si une telle attaque est suivie d’une seconde vague de munitions « classiques »…

      En version défensive, on peut aussi imaginer l’usage d’un essaim de drone formant une bulle de protection autour des navires à défendre. Coordonnés par le système de combat du navire, ces drones seraient alors potentiellement efficaces contre des missiles assaillants (en se plaçant sur la trajectoire et en explosant au bon moment), et ils pourraient également être très utiles… contre d’autres essaims de drones assaillants. Il est également parfaitement concevable qu’un essaim de drones soit utilisé pour constituer un leurre déporté suffisamment réaliste et attractif pour les radars et les autodirecteurs de missiles assaillants, permettant au navire attaqué de s’éloigner et de préserver ses précieuses munitions d’autodéfense.

      Pour quitter le domaine naval, les essaims de drones ont également un bel avenir dans le secteur terrestre. En version défensive, les drones agiront tels des anges gardiens au dessus de la tête de nos blindés, en jouant le rôle de système de protection active déporté/avancé. Ce sera indispensable pour contrer la prochaine génération de munitions antichar et de munitions rôdeuses, les systèmes « hard kill » actuellement en service agissant toujours en défense terminale à très courte portée. De la même façon, les essaims de drones protègeront efficacement nos soldats contre les drones adverses, isolés ou eux-mêmes en essaim, ou contre les snipers pour peu qu’ils soient dotés de capteurs appropriés. L’essaim de drones pourra également servir de « champ de mine volant », pour protéger un site ou une position et contrer une attaque ennemie, les drones s’abattant et explosant sur les assaillants dans le périmètre défini, sous le contrôle des forces tenant la position.
      En version plus offensive, les essaims de drones permettront à nos soldats de mieux préparer les assauts, en reconnaissant et en « occupant » la position le temps nécessaire à la manœuvre, et en obligeant l’ennemi à rester à couvert. Particulièrement utile dans un environnement urbain, lorsqu’il faut pénétrer à l’intérieur d’un bâtiment, tout en couvrant les toits et chaque ouverture des bâtiments avoisinants où l’ennemi est susceptible d’être caché. Pour le meilleur et pour le pire, les essaims de drones vont révolutionner les combats au sol.

      Ces quelques exemples ne sont évidemment pas exhaustifs, il y a beaucoup d’autres usages qui pourront être fait de ces essaims. Mais cela donne déjà une petite idée de ce qui nous attend dans un avenir très proche.

      • Moogli dit :

        Il faut surtout tenir compte des liaisons de données en essaims. Les transmissions d’ondes n’étant pas les mêmes et n’ayant pas les mêmes detectabilites dans l’air ou sous l’eau, les options sont plus restreintes pour rester discret.

        Un drone, sous forme de torpille filoguidee, pourrait simuler le sous-marin porteur par séduction. Le filoguidage avant mode auto évite des liaisons de données interceptables. Pas de filoguidage en essaim possible.

        Un drone à flottabilité positive pourrait renseigner partiellement un soum avant remontée pour immersion periscopique. Essaim non nécessaire. Filoguidage possible par kiosque.

        Vu d’un navire de surface utilisant plusieurs drones sous l’eau: même questionnement pour les liaisons de données (hors discrétion moins nécessaire). Plusieurs drones sous l’eau simultanément ok, en essaim par liaison de données entre eux, c’est plus envisageable que via soum, mais techniquement c’est plus tendu que dans l’atmosphère.

      • Félix GARCIA dit :

        C’est pour ça que « je veux » des dirigeables, des « canonnières volantes ».
        Équipés de moyens optiques et optroniques, ainsi que de canons : deux versions ;
        – une avec « RapidFire » 40mm
        – une avec « Oto Breda 76mm » (qui volerait moins haut que la version précédente)
        Et un dirigeable équipé des moyens radars courte-portée pour la détection, ainsi que de moyens optiques et optroniques (qui volerait plus haut que les versions précédentes).

        Des dirigeables relativement stables.
        Pour la protection déportée des navires notamment. Et particulièrement contre les essaims de drones, qu’ils soient de surface ou aériens.
        Mais aussi contre les missiles rasants.

        Mais ce, aussi en soutien air-air et air-sol en arrière des lignes de manière générale.

        • Félix GARCIA dit :

          D’ailleurs, au niveau terrestre :
          Thales RAPIDFire air defence system at Paris Air Show 2013
          https://www.youtube.com/watch?v=muikni7yStg
          C’en est où ?

          Des camions avec des canons « RapidFire 40mm » (en complément des JAGUAR) pour assurer la défense de l’artillerie, de la logistique, des bases etc … ? Une cinquantaine ?
          Avec quelques camions équipés de canons « Oto Malera 76mm » ? Une cinquantaine là aussi, avec une vingtaine sur nos îles ?

          En plus d’un véhicule blindé uniquement dédié au laser. Un « blindé-batterie » avec laser monté et radar type « GroundMaster ».
          Accompagné de deux véhicules : l’un servant de « batterie » avec « prise secteur », qui reste en retrait, et peut venir « recharger rapidement » les « piles du laser », l’autre servant de groupe électrogène pour réalimenter les deux autres.
          De même, un « camion-laser », pour défendre l’artillerie et les bases, qui lui, pourrait avoir une « batterie » directement branchée pour délivrer plus de puissance, et avec un radar déporté.
          De même, le groupe électrogène pourrait servir à alimenter les « batteries secondaires », et disperser ainsi encore un peu plus les signatures thermiques.
          Une centaine ? Je dis cela au vu des éventuels besoins sur le territoire national (aéroports, ports, évènements, sites stratégiques etc …), mais aussi en OPEX etc …

          En somme, 150 camions et 50 blindés supplémentaires.

          Ceux-ci pourraient aussi assurer une défense mobile en complément de nos autres systèmes de défense aérienne sur nos îles et nos côtes ?

  5. Bohé dit :

    Cela fait plaisir à lire.
    J’espère juste qu’on ne se fera pas piquer cette startup Fr par un fond de pension anglo-saxon, teuton ou autre…

    • fabrice dit :

      Ne vous inquiétez pas trop, la R/D de l’UE est loin derrière ce qui se fait aux USA et en Chine ou même le Japon…IA, robotique, quantum, cyber…Notre point fort sont les technologies de la révolution industrielle passée, chimie, automobile, industrie mécanique….Mais comme elles demandent de plus en plus de logiciels, de cyber, d’IA et de robotique…dans dix ans l’Allemagne fabriquera une carcasse en métal pour faire une voiture, tout le reste sera made in China ou USA…C’est la situation actuelle et ce n’est pas l’immigration de « chances pour l’univers » et les écoles « ambitions réussites » qui vont changer la donne, bien au contraire. La Chine « produit » beaucoup plus d’ingénieurs par an que toute l’UE réunie et avec un meilleur niveau…

    • Roland de Roncevaux dit :

      on ne va pas se le faire voler… une fois qu’elle sera parvenue à maturité, elle sera vendue comme Alstom, par les plus hautes autorités officielles françaises. Les euro-américains n’ont pas besoin de voler ce qu’on leur donne.

  6. Loufi dit :

    Ce n’est pas plutôt à mbda de se sortir les doigts sur les munitions rodeuses en essaim ? Pourquoi ne pas s’associer ? Sûrement des problèmes d’ego, comme d’habitude

  7. Christophe dit :

    Un essaim de drone suicide, pour détruire d’autre drones eux aussi suicide.

  8. Ltikf dit :

    Ce n’est pas le premier projet français – il y a eu Susie en 2011, Gimnote en 2019,… La phraséologie a l’air au moins aussi importante que le résultat ! Pour visualiser l’effet de saturation, le film (?) « La Chute du Président », tourné il y a plus de 4 ans maintenant…

  9. Roland de Roncevaux dit :

    cela illustre les progrès réalisés dans le domaine de l’électronique de masse.

  10. lxm dit :

    Une myriade de drones agissant, se coordonnant, comme un seul être vivant; les possibilités sont énormes. Et les IA développées pour les drones pourraient trouver des applications sur le plan tactique et stratégique. Je me doute que depuis plusieurs années, les chinois bossent dans ce sens, ils investissent des milliards dans l’IA pour diriger à terme leurs armées.

  11. Félix GARCIA dit :

    Et pense fort à la voile ?
    Solid Sail/AeolDrive :
    https://chantiers-atlantique.com/references/solid-sail-aeoldrive/
    ^^

    (Il faut vraiment voir la présentation du projet [celle de 45 minutes, avec la participation de Jean LE CAM entre autres])

    Pour la ravitaillement ? le transport ? multicoques ASM/anti-mines ? surveillance côtière ? hauturière ? porte-drone ? navire scientifique ? anti-pollution ? navires-hôpitaux ? navires « base-relai de secours » avec hélisurface à l’arrière ?
    « Faire des ronds dans l’eau à pas cher avec de moins grands besoins en ravitaillement »

    Mais bon, très voyants ! ^^

  12. CLAISSE dit :

    Vous tous, qui avez d’excellentes idées ! N’hésitez pas à candidater au challenge SWARMz SAR, pour démontrer l’utilisation possible d’un essaim de drones dans le cadre d’une mission AEM sauvetage en mer. Ce Challenge lancé par MBDA, NAVAL GROUP et SYSTEM FACTORY, la branche de TVT innovation qui opère le partenariat SWARMz et sponsorisé par la PREMAR Med et le CROSSMED est disponible ici :
    https://innovation.systemfactory.fr/programmes/

    • Félix GARCIA dit :

      « Vous tous, qui avez d’excellentes idées ! »

      « Des idées sur tout, mais surtout des idées ! »
      ^^