L’armée nationale libyenne du maréchal Haftar affirme avoir tiré quatre missiles Scud-B lors d’un exercice

Le processus de « réconciliation nationale », amorcé par le président Macron en juillet 2017, aura fait long feu. À l’époque, il avait réuni, à la Celle-Saint-Cloud, Fayez Al-Sarraj, le chef gouvernement d’entente nationale [GNA], établi à Tripoli sous l’égide des Nations unies, et le maréchal Khalifa Haftar, commandant de l’Armée nationale libyenne [ANL] et principal soutien de l’exécutif – rival -relevant de la Chambre des représentants élue en 2014 et repliée à Tobrouk.

Et les deux hommes donnèrent leur accord de principe pour « s’abstenir de tout recours à la force armée pour ce qui ne ressort pas strictement de la lutte antiterroriste », intégrer leurs troupes respectives au sein d’une armée régulière et organiser des élections au printemps 2018.

Or, rien de tout cela ne se concrétisa. Au contraire même… En 2019, le maréchal Haftar, fort du soutien des Émirats arabes unis, de l’Égypte et de la Russie [via le groupe paramilitaire Wagner], lança ses troupes à l’assaut de Tripoli. Ce qui incita la Turquie à s’engager militairement aux côtés du GNA, avec lequel elle avait conclu un accord sur ses frontières maritimes afin d’assoir ses revendications en Méditerranée… et ses vues sur les ressources en hydrocarbures. Cette intervention mofidia le rapport de forces sur le terrain, l’ANL ayant été contrainte de reculer.

Cela étant, les deux partis rivaux tombèrent d’accord pour organiser des élections d’ici la fin de l’année 2021 afin de normaliser la situation politique du pays. À Tripoli, le GNA de M. Al-Sarraj s’effaça au profit d’un gouvernement d’union nationale [GNE] conduit par Abdel Hamid Dbeibah et adoubé par la Chambre des représentants de Tobrouk.

Seulement, cette accalmie n’aura pas duré longtemps. Renversé par une motion de censure en septembre 2021, M. Dbeibah refuse de céder son fauteuil à Fathi Bachagha, un ancien ministre de l’Intérieur ayant formé un nouveau gouvernement avec l’appui du Parlement de Tobrouk. Entretemps, les élections annoncées ont été renvoyées aux calendes grecques.

Cinq ans après la rencontre de la Celle-Saint-Cloud, la situation de la Libye ne s’est pas arrangée… Et si M. al-Sarraj n’est plus en poste, le maréchal Haftar – par ailleurs candidat à une élection présidentielle plus que jamais hypothétique – semble toujours tenir les rênes de l’ANL, encore appelée « Forces armées arabes libyennes ».

Et, après avoir reçu du matériel militaire russe [dont des avions MiG-29 et Su-24 ainsi que des systèmes de défense aérienne], l’ANL a étoffé davantage ses capacités en remettant en état des missiles balistiques Scud-B datant de l’époque du colonel Kadhafi. Cependant, son porte-parole, Ahmed al-Mismari, s’était gardé de précisé le nombre d’engins ainsi récupérés. Cela étant, ces derniers ne devaient pas être en très bon état… D’où des doutes que l’on pouvait alors nourrir sur une telle affirmation.

Sauf que, la semaine passée, sous la supervision du maréchal Haftar, l’ANL aurait procédé au tir de quatre missiles Scud-B depuis un endroit situé à 50 km au sud de Benghazi. Le conditionnel reste de mise car le film de ces lancements qui a été diffusé sur les réseaux sociaux relève plus du spot publicitaire que d’un document.

Quoi qu’il en soit, l’ANL a expliqué que ces quatre missiles ont été tirés par la brigade « al-Karama » en deux salves, en direction de cibles situées respectivement à 200 et 242 km de leur zone de lancement, au sud-ouest de Tobrouk.

Tirer autant de missiles pour un exercice suppose que l’ANL dispose d’un stock assez important, alors que de nombreux Scud-B des forces du colonel Kadhafi sont supposés avoir été détruits lors de l’intervention occidentale menée en 2011. Un autre hypothèse est qu’il s’agit d’une opération de propagande, l’objectif étant d’envoyer un message au chef du gouvernement d’entente nationale, qui refuse de s’effacer devant Fathi Bashaga, allié du maréchal Haftar.

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