Piraterie : La force navale européenne Atalanta n’est plus autorisée à intervenir dans les eaux somaliennes

En décembre 2020, le Conseil de l’Union européenne décida de prolonger à nouveau, pour deux ans de plus, le mandat de la force navale Atalanta, mise sur pied douze ans plus tôt afin de mettre un terme aux actes de pirateries commis contre les navires commerciaux naviguant au large de la Somalie, sous le couvert d’une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies. Mieux encore : ce mandat avait été étendu à d’autres tâches, comme la lutte contre le trafic d’armes et de produits stupéfiants ou encore la surveillance des activités illégales en mer.

« Avec ce mandat, l’opération Atalanta contribuera à la mise en œuvre de l’embargo sur les armes imposé par les Nations unies à la Somalie et soutiendra la lutte menée contre Al-Chabab [ou Shebab, organisation liée à al-Qaïda] et ses sources de financement », avait-il alors été expliqué.  »

Et le Conseil de l’UE d’ajouter : « Ces ajustements viennent en outre compléter le travail de dissuasion, de prévention et de répression de la piraterie et des vols à main armée au large des côtes de la Somalie qui est au cœur de l’opération Atalanta, afin de garantir la liberté de navigation et d’assurer la protection des navires du Programme alimentaire mondial et d’autres navires vulnérables naviguant vers la Somalie ».

Cela étant, le phénomène de la piraterie maritime dans le golfe d’Aden s’est considérablement atténué, sous l’effet des opérations navales internationales et des mesures prises par les armateurs [comme la présence de gardes armés à bord des navires]. Et, désormais, les incidents sont rares, voire inexistants.

Aussi, Mogadiscio s’oppose, depuis quelques temps, à la prolongation de l’autorisation permettant aux navires militaires étranger de patrouiller dans ses eaux territoriales. En décembre dernier, via une résolution présentée par les États-Unis et adoptée à l’unanimité, le Conseil de sécurité l’avait reconduite pour seulement trois mois supplémentaires, et non plus pour un an de plus, comme cela avait été le cas jusqu’alors.

Les trois mois étant désormais passés, aucune prolongation de cette autorisation n’a été votée par le Conseil de sécurité… Ce qui veut dire que, désormais, les navires de l’opération Atalanta ne sont plus autorisés à approcher les côtes somaliennes.

À noter que cela n’a fait l’objet d’aucun commentaire de la part des États-Unis [qui s’occupent de cette affaire], ni des Émirats arabes unis, qui assurent actuellement la présidence du Conseil de sécurité… Pourtant, certains pays, comme la France, auraient souhaité une prolongation de cette autorisation à croiser dans les eaux somaliennes, afin d’éviter un « vide sécuritaire ».

En janvier, le Centre d’expertise français dédié à la sûreté maritime [MICA Center, qui relève de la Marine nationale, ndlr] avait souligné que le phénomène de la piraterie martime semblait avoir été « éradiqué » en mer Rouge et dans le golfe d’Aden, « grâce à l’action dissuasive de l’opération Atalanta et des autres opérations anti-piraterie ainsi que grâce à l’application des ‘Best Management Practices’ par la communauté maritime. Et d’ajouter : « Si la piraterie ne constitue plus une menace avérée sur les navires, des approches suspectes sont régulièrement reportées, et des actes de brigandage
dans les eaux somaliennes restent possibles ».

Quoi qu’il en soit, l’état-major de l’opération Atalanta a pris acte de la décision du Conseil de sécurité de ne pas renouveler l’autorisation d’opérer dans les eaux somaliennes. Pour autant, la force navale européenne « continuera de remplir ses missions, en assurant la sécurité maritime » dans le « reste de sa vaste zone d’opérations », a-t-il assuré.

« L’opération Atalanta reste attachée au respect de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et continuera de lutter contre la piraterie en haute mer, de protéger le Programme alimentaire mondial et d’autres navires vulnérables, de lutter contre le trafic de drogue, de contribuer à la la mise en œuvre de l’embargo sur les armes appliqué à la Somalie et d’assurer la surveillance d’autres activités illicites en mer, telles que l’exportation illégale de charbon de bois et la pêche illégale », a-t-il détaillé.

Actuellement, la force Atalanta repose sur les frégates ESPS Victoria [Espagne] et ITS Carlo Bergamini [Italie] ainsi que sur une avion de patrouille maritime P-3M Orion espagnol. Elle devrait être temporairement renforcée par le porte-hélicoptères amphibie [PHA] Mistral et la frégate légère de surveillance [FLF] Courbet, dans le cadre de la mission Jeanne d’Arc 2022.

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