Les commandos marine expérimentent le drone solaire de type MAME « SolarXOne »

Depuis plus de cinq ans, le Commandement des opérations spéciales [COS] insiste pour obtenir des drones MAME [Moyenne Altitude Moyenne Endurance] afin de disposer de sa propre capacité ISR [renseignement, surveillance, reconnaissance, nldr] complémentaire.

Ainsi, en 2017, l’amiral Laurent Isnard, avait plaidé pour lancer un programme devant permettre d’acquérir un appareil pouvant voler pendant six heures et porter une charge de renseignement d’origine électromagéntique [ROEM] ainsi que des « armements de faible charge ». Son successeur,le général Éric Vidaud, alla dans le même sens, expliquant aux députés que de tels drones MAME offiraient « souplesse d’emploi, endurance et l’emport de doubles charges ».

Le voeu du COS va-t-il être exaucé? En tout cas, l’Agence de l’innovation de Défense [AID] y travaille, en lien avec la Force maritime des fusiliers marins et commandos [FORFUSCO], dans le cadre du projet « Sköll » [dans la mythologie nordique, ce nom désigne un loup qui poursuit le soleil, ndlr].

Dans le détail, Sköll vise à évaluer le drone solaire SolarXOne, que l’entreprise XSUn avait dévoilé lors de l’édition 2019 du salon de l’aéronautique et de l’espace du Bourget. D’une masse de moins de 25 kg [grâce à l’usage de matériaux composites] et avec une envergure de 4,60 mètres, cet appareil est doté d’une double aile portante munie de capteurs solaires, l’idée étant de s’inspirer des satellites qui stockent de l’énergie solaire tout en étant contrôlés à distance.

En janvier 2020, XSUn a obtenu un contrat auprès d’Enedis, qui cherchait alors des drones pouvant assurer la surveillance des lignes électriques.

« Nous avons toujours dans l’idée de traverser la nuit ou de voler plusieurs jours d’affilée : cela nous ouvrira de nouveaux marchés dans la sécurité maritime ou la surveillance des pipelines », avait expliqué, à l’époque, Benjamin David, le Pdg de l’entreprise, laquelle bénéficie du soutien de Dassault Systèmes, Total et d’Airbus ainsi que de 5 millions d’euros d’aides publiques.

Pour les forces spéciales – et les commandos marine en particulier – le SolarXOne présente des caractéristiques intéressantes. Grâce à ses panneaux solaires, l’autonomie de ses batteries est multipliée par trois, ce qui, en fonction du niveau d’ensoleillement et des conditions d’utilisation, lui permet de rester en vol pendant 11 heures maximum. En outre, sa motorisation électrique le rend très discret. Enfin, sa capacité à emporter une charge utile d’environ 7 kg permet de le doter de plusieurs capteurs en fonction des missions.

« Le SolarXOne dispose d’une élongation de 100 km et peut voler à une vitesse moyenne de 50 km/h avec des pointes à 125 km/h. Contrairement à un drone dit ‘classique’ qui pourra couvrir une surface de 60 à 80 hectares par jour, ce dernier offre la possibilité de couvrir 1200 hectares en 5h35 de vol », explique l’AID. Et d’ajouter : « Lors de la première phase d’évaluation réalisée à Lorient en septembre dernier, il a été observé que même après avoir parcouru cette distance, le drone solaire possédait encore 40% de sa batterie ».

Avec un tel drone, les forces spéciales françaises disposeraient de la capacité à mener des opérations même quand les moyens « conventionnels » ou alliés sont indisponibles. « La capacité de ce modèle de drone à fonctionner grâce à l’énergie solaire permettant d’allonger le temps de vol présente un réel intérêt pour les Forces Spéciales qui peuvent ainsi gagner en délais d’opérations », conclut l’AID.

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