La France continuera de fournir un appui aérien aux forces maliennes… mais sous condition

Conformément à l’annonce faite le 17 février dernier par le président Macron au sujet de la « réarticulation » du dispositif militaire français au Sahel, et donc le retrait du Mali, la force Barkhane a entamé son désengagement de la base opérationnelle avancée [BOA] de Gossi, avec un premier convoi logistique ayant rejoint la Plateforme opérationnelle désert [PfOD] de Gao, le 3 mars.

Pour autant, ce départ du Mali ne signifiera sans doute pas pour autant la fin des opérations françaises dans ce pays. C’est en effet ce qu’a laissé entendre le général Laurent Michon, le commandant de la force Barkhane, lors d’une conférence de presse donnée à Ougadougou [Burkina Faso], le 11 mars.

« Nous allons poursuivre l’appui que nous pouvons proposer au Burkina, au Niger et au Mali dans la zone des trois frontières, par les airs par exemple » mais à la condition « qu’il n’y ait pas de Wagner » car « s’il y a des mercenaires russes, comme c’est le cas dans la zone d’interdiction temporaire aux aéronefs français, là nous n’appuierons plus les Maliens ou la force conjointe du G5 Sahel », a en affirmé le général Michon.

« On va continuer la lutte avec les pays qui souhaitent notre appui. Nous souhaitons continuer à rassurer les forces armées, la MINUSMA [mission de l’ONU au Mali], la force du G5 [Sahel], en apportant un appui par les airs ou tout autre moyen, à leurs propres missions », a précisé le commandant de Barkhane.

Cela étant, s’agissant du Mali, encore faut-il que la junte au pouvoir à Bamako accepte la présence de chasseurs-bombardiers [et de drones Reaper] dans l’espace aérien malien. Ce qui ne va pas forcément de soi.

Ainsi, la semaine passée, les autorités maliennes n’ont pas sollicité Barkhane pour appuyer la garnison de Mondoro [située près de la frontière avec le Burkina Faso] alors que celle-ci était attaquée par le Groupe de soutien à l’islam aux musulmans [GSIM ou JNIM, lié à al-Qaïda]. Le général Michon en a donné la raison à l’occasion d’un entretien accordé à RFI.

« Il y a depuis quelques mois désormais, une zone d’interdiction temporaire de vol, et dictée par les Maliens, qui nous interdit d’aller voler dans une bonne partie de l’espace malien. Mondoro est de très loin à l’intérieur de cette zone d’interdictions, donc nous n’avons pas le droit d’y aller, et nous n’avons pas reçu de demande d’appui », a-t-il expliqué.

Par ailleurs, le général Michon a répété que les forces française ne veulent pas « avoir affaire » avec le groupe paramilitaire russe. « Ce n’est pas tellement, ni moi, ni les Français qui redoutons Wagner. […] Nous savons ce dont ils sont capables de la façon dont ils combattent comme des mercenaires. […] Je pense que c’est surtout les populations qui peuvent redouter l’extension de Wagner, quand on voit ce qui se passe dans différents pays », comme la Syrie, la Centrafrique, mais aussi le Mozambique et le Venezuela.

« Je pense que ceux qui redoutent le plus un mercenaire qui vit sur le pays, qui vit de la guerre, c’est bien les populations, et on commence à le voir malheureusement », a conclu le commandant de Barkhane.

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