Par précaution, les États-Unis ont déployé deux batteries de défense aérienne Patriot en Pologne

La construction de deux sites AEGIS Ashore en Roumanie et en Pologne, dans le cadre de la défense antimissile de l’Otan, fait partie des contentieux entre les États-Unis et la Russie, cette dernière ayant par ailleurs eu du mal à digérer la décision de Washington de dénoncer le « Traité relatif à la limitation des systèmes contre les missiles balistiques » [ou ABM] en 2002.

Un site AEGIS Ashore se compose de radars SPY-1 et de missiles intercepteurs de SM-3 Block IIA, mis en oeuvre par un système de lancement vertical Mk.41 VLS [Vertical Launching System].

Or, Moscou prétend que ce dispositif peut aussi servir à tirer des missiles de croisière de type BGM-109 Tomahawk. Ce qui est vrai, en théorie… Car, dans les faits, ceux installés sur un site AEGIS Ashore n’ont pas les logiciels et le système de contrôle de tir pour lancer de tels engins. Tel est, en tous cas, l’explication avancée par Washington, qui fait par ailleurs valoir que ce système n’a jamais été testé pour autre chose que la défense antimissile.

Quoi qu’il en soit, en 2016, lors de la mise en service du premier site AEGIS Ashore à Deveselu [Roumanie], la Russie y vit une menace contre sa sécurité, le Kremlin n’étant pas convaincu que sa raison d’être était de protéger le flanc sud de l’Otan contre une éventuelle menace iranienne.

« Le président Poutine s’est demandé à de nombreuses reprises contre qui ce système est destiné […] La situation avec l’Iran a drastiquement changé, mais la question reste d’actualité », avait en effet affirmé Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, à un moment où le programme nucléaire iranien était censé être limité par l’accord de Vienne, signé un an plus tôt.

Quant au second site AEGIS Ashore, sa construction, à Redzikowo [Pologne], a pris quatre ans de retard… Cela étant, et alors que les tensions entre l’Otan et la Russie n’ont jamais été aussi élevées depuis la fin de la Guerre Froide en raison de l’invasion de l’Ukraine décidée par Moscou, il devrait être mis en service en 2022, après une série de tests.

En tout cas, le site AEGIS Ashore de Redzikowo permettra de répondre à la menace des missiles balistiques Iskander installés dans l’enclave russe de Kaliningrad. De par leur portée [moins de 500 km], ils sont en mesure d’atteindre quasiment n’importe quel point du territoire polonais. En outre, ils ont capacité de manoeuvrer et sont donc susceptibles de déjouer les défenses adverses.

Quoi qu’il en soit, et en attendant la mise en service des installations de Redzikowo, le Pentagone a décidé de redéployer en Pologne, depuis l’Allemagne, deux batteries de défense aérienne Patriot PAC-3. Cette mesure a été annoncée après l’imbroglio entre Varsovie et Washington au sujet du don d’avion de combat MiG-29 « Fulcrum » polonais à l’Ukraine.

« Il s’agit d’une mesure prudente de protection des forces qui sous-tend notre engagement envers l’article 5 [du Traité de l’Atlantique Nord] et ne soutiendra en aucun cas des opérations offensives », a commenté un porte-parole du commandement militaire américain pour l’Europe [US EUCOM]. « Chaque mesure que nous prenons vise à dissuader une agression et à rassurer nos alliés », a-t-il ajouté.

L’emplacement de ces deux batteries Patriot n’a pas été précisé. « Nous ne dirons pas où elles sont. Mais elles sont en Pologne et elles sont en service », a assuré un responsable du Pentagone. Leur déploiement vise également à prévenir un éventuel incident de tir russe, dans le cas où les combats en Ukraine venaient à se rapprocher de la frontière polonaise.

Pour rappel, les États-Unis ont envoyé environ 4’700 soldats en Pologne, appartenant notamment à la 82e Division Aéroportée de l’US Army.

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