Nouakchott accuse les forces armées maliennes d’avoir tué des civils mauritaniens

Depuis le début de cette année, plusieurs ressortissants mauritainiens ont disparu dans des conditions obscures dans la région frontalière avec le Mali, par ailleurs connue pour abriter des « katibas » jihadistes liées au Groupe de soutien à l’islam et aux mulsulmans [GSIM ou JNIM, lié à al-Qaïda]

Ainsi, le 17 janvier, les corps de sept éleveurs mauritaniens furent retrouvés dans une fosse commune, où gisaient également ceux de huit civils maliens, près de la localité de Mara [Mali], située à environ 80 km au sud de celle de d’Adel Bagrou [Mauritanie]. Très vite, Nouakchott mit en cause les Forces armées maliennes [FAMa].

Et, à l’issue d’un entretien téléphonique entre le président mauritanien, Mohamed Ould Ghazouani, et le colonel Assimi Goïta, le chef de la junte malienne, Bamako annonça l’ouverture d’une enquête, tout en assurant que, selon les éléments alors disponibles, rien ne permettait d’incriminer les FAMa dans ce massacre. Depuis, rien n’a filtré sur les investigations censées avoir été menées.

Cela étant, depuis quelques jours, plusieurs civils mauritaniens sont portés disparus dans la zone frontalière entre le Mauritanie et le Mali, au niveau d’Adel Bagrou. Selon des témoignages circulant sur les réseaux sociaux, les FAMa ont de nouveau été mises en cause dans ces disparitions. Ce qui a conduit Nouakchott à élever le ton face à Bamako.

Ainsi, selon un communiqué, publié le 8 mars, le ministère mauritanien des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur du Mali en poste à Nouakchott pour lui faire part de sa « vive protestation contre les récents actes criminels récurrents perpétrés par les forces régulières maliennes, sur le territoire du Mali, contre des citoyens [mauritaniens] innocents et sans défense ».

En outre, le gouvernement mauritanien reproche aux autorités maliennes dites de transition de faire la sourde oreille quand il s’agit d’évoquer ces affaires.

Pourtant, il est dans l’intérêt de Bamako de ménager la Mauritanie, après les sanctions décidées contre la junte par la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest [Cédéao], en janvier dernier, dans la mesure où, Nouakchott a gardé ouvertes ses frontières avec le Mali. Et cela, rappelle le communiqué de la diplomatie mauritanienne, pour éviter « d’affamer le peuple malien frère ». Or, cela ne pourrait pas durer, « la vie de citoyens [mauritaniens] innocents et la sécurité de leurs biens » devant « rester au-dessus de toute considération », prévient le texte.

Pour rappel, la Mauritanie et le Mali font partie du G5 Sahel, dont l’une des priorités est de combattre les organisations terroristes qui sévissent dans la région.

Cela étant, il n’est pas impossible que des jihadistes aient revêtu des uniformes de l’armée malienne, voire utilisé des véhicules saisis lors de l’attaque d’un camp des FAMa. Une telle façon de procéder ne serait pas inédite.

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