L’Iran affirme avoir mis sur orbite un second satellite d’observation militaire

Alors que les négociations visant à faire revenir les États-Unis dans l’accord sur le nucléaire iranien [PAGC pour Plan d’action global commun ou Joint Comprehensive Plan of Action – JCPoA] qu’ils avaient quitté en mai 2018 et à ramener Téhéran au respect de ses engagements étaient sur le point d’aboutir, la Russie a formulé de nouvelles exigences afin de préserver ses liens économiques avec l’Iran. Et cela, alors qu’elle est visé par des sanctions prises par les Occidentaux [et Washington en tête] pour avoir envahi l’est de l’Ukraine.

« Nous avons demandé à nos collègues américains des garanties écrites […] pour que les sanctions ne touchent pas à notre droit à une libre et entière coopération commerciale, économique, d’investissement et technico-militaire avec l’Iran », a ainsi expliqué Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères.

Pour rappel, le PAGC avait été conclu à Vienne, en juillet 2015, à l’issue de longues discussions entre l’Iran et le groupe du « P5+1 » [les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, dont la Russie fait partie, et l’Allemagne].

Cela étant, et selon l’interprétation qui en est faite par les pays occidentaux, dont la France, la résolution 2231 adoptée par le Conseil de sécurité de l’ONU pour entériner le PAGC interdit à l’Iran de mener des activités liées « aux missiles balistiques conçus pour pouvoir emporter des charges nucléaires, y compris les tirs recourant à la technologie des missiles balistiques ».

Pour autant, cela n’a nullement empêché Téhéran de développer des lanceurs spatiaux, qui utilisent des technologies proches de celles des missiles balistiques intercontinentaux.

Ainsi, en avril 2020, et après plusieurs tentatives infructeuses [avec un taux d’échec de 67% constaté sur la période 2008-2019 alors que la « norme », dans ce domaine, est de 5%], l’Iran annonça que le le Corps des gardiens de la révolution [IRGC] avait réussi à mettre sur orbite le satellite d’observation Noor 1, celui-ci ayant été envoyé à environ 425 km d’altitude par un nouveau lanceur à combustion solide appelé « Qased ».

Ce lancement, réalisé alors qu’il n’était pas encore question pour Washington de revenir dans le PAGC, avait notamment été condamné par la France. « Le programme balistique iranien est une source de préoccupation majeure pour la sécurité régionale et internationale. Il contribue à la déstabilisation de la région et à la montée des tensions », fit valoir le Quai d’Orsay. Sans doute reprendra-t-il les mêmes termes de son communiqué pour réagir au nouveau lancement effectué ce 8 mars par l’IRGC, comme il l’avait fait après l’échec, en décembre 2021, de la mise sur orbite de trois satellites iraniens de « recherche » par une fusée Simorgh.

« Un deuxième satellite militaire iranien, dénommé Noor-2, a été envoyé dans l’espace par le lanceur Qassed appartenant aux forces aérospatiales des Gardiens [de la révolution] et placé avec succès en orbite à 500 km », a en effet annoncé l’agence officielle Irna, précisant que le lancement avait été effectué depuis le centre spatial de Shahroud. Comme ce fut d’ailleurs le cas pour Noor 1, lequel serait toujours actif.

« Nous lancerons une série de satellites Noor dans les années à venir. Le programme spatial du pays, dont nous faisons partie, consiste à placer divers satellites scientifiques, de recherche et de défense en orbite terrestre basse, puis à atteindre une orbite de 36’000 kilomètres. au-dessus de la terre », a indiqué le général Ali Jafarabadi, le commandant de la Force aérospatiale des Gardiens de la révolution.

En matière spatiale, le Washington Post avait affirmé, en juin 2021, que la Russie allait livrer à l’Iran un satellite d’observation de type Kanopus-V, lequel devait donner au renseignement iranien la capacité de surveiller le Moyen-Orient, grâce à une caméra haute résolution. Ce qui avait été démenti par le président russe, Vladimir Poutine.  » Ce ne sont que des fausses nouvelles. Pour le moins, je ne sais rien de ce genre de choses », avait-il dit à NBC News, alors qu’il s’apprêtait à rencontrer, à Genève, Joe Biden, son homologue américain.

Par ailleurs, ce nouveau lancement d’une fusée Qassed survient quelques jours après l’annonce faite par la Corée du Nord au sujet d’un essai effectué le 5 mars « dans le but de développer un satellite de reconnaissance ». Et selon l’agence officielle KCNA, la Direction nationale du développement aérospatial [NADA] aurait « confirmé la fiabilité de la transmission de données et du système de réception du satellite, ainsi que de son système de commande et de divers systèmes de contrôle au sol ». Sauf que, selon Séoul, cet essai aurait servi à masquer celui d’un missile balistique.

Pour rappel, Téhéran et Pyongyang ont établi une coopération dans le domaine des missiles à longue portée. Si elle fut un temps éclipsée, ce ne serait désormais plus cas, à en croire les Nations unies.

« Selon un État membre, la Corée du Nord et l’Iran ont repris leur coopération sur des projets de développement de missiles à longue portée. Cette reprise de la coopération aurait inclus le transfert de pièces essentielles, l’expédition la plus récente associée à cette relation ayant eu lieu en 2020 », avait en effet affirmé un rapport de l’ONU, en février 2021.

Photo : archive

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