Un cadre historique d’al-Qaïda au Maghreb islamique a été tué lors d’une opération française au Mali

Alors que la « réarticulation » du dispositif militaire français au Sahel, décidée après des tensions diplomatiques avec Bamaka a d’ores et déjà commencé, avec le départ de deux convois logistiques de la plateforme opérationnelle désert [PfOD] de Gao vers Niamey, Barkhane continue de mener des opérations contre les groupes armés terroristes [GAT] implantés au Mali, et notamment contre leurs hauts responsables.

Ainsi, dans la nuit du 25 au 26 février, l’une d’elles a visé Yahia Djouadi [alias Abou Ammar al-Jazairi], un cadre historique d’al-Qaïda au Maghreb islamique [AQMI] qui s’était replié à environ 100 km au nord de Tombouctou.

« Après l’avoir localisé dans une zone connue pour être un refuge des groupes appartenant à AQMI et au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM ou JNIM/RVIM], puis formellement identifié, il a été neutralisé par une intervention au sol, appuyée par un hélicoptère de reconnaissance et d’attaque Tigre et deux drones français », a indiqué l’État-major des armées [EMA], ce 7 mars.

Le délai entre cette opération et son annonce [plus d’une semaine] tient probablement au temps qu’il a fallu pour confirmer l’identité du chef d’AQMI ainsi éliminé.

Celui s’était engagé dans la mouvance jihadiste en 1994, en rejoingnant les rangs du Groupe islamique armé [GIA], dont sera issu le Groupe salafiste pour la prédication et le combat [GSPC]. Et après l’allégeance de cette organisation à al-Qaïda, en 2006, Yahia Djouadi sera promu chef militaire par Abdelmalek Droukdel [éliminé par une opération française en juin 2020, ndlr].

Pendant un temps, il avait été nommé « émir » pour le Sahara, à la place de Mokhtar Belmokhtar [présumé mort à la suite d’une frappe française], jugé trop « indépendant » par Droukdel. Il sera cependant remplacé plus tard par Nabil Abou Alqama. Puis il devint « émir » d’AQMI pour la Libye en 2015, avant d’être contraint de gagner le Mali, quatre ans plus tard, en tant que coordinateur financier du l’organisation.

« Il s’installe dans la zone de Tombouctou où il appuie la structuration et coordonne l’approvisionnement de matériels au profit du haut commandement du JNIM et d’AQMI. Il assure également un rôle de coordinateur financier et logistique pour le groupe », rappelle en effet l’EMA.

Pour ses activités terroristes, Yahia Djouadi avait été inscrit sur la liste des sanctions des Nations unies dès juillet 2008.

La mise hors d’état de nuire de cet « Un acteur historique de l’expansion d’al-Qaïda et du terrorisme jihadiste en Afrique de l’Ouest » est un « nouveau succès tactique significatif pour la force Barkhane qui reste déterminée à poursuivre le combat contre les groupes armés terroristes, avec ses alliés sahéliens, européens et nord-américains », souligne l’EMA.

Au niveau militaire, cette neutralisation a au moins deux conséquences : elle affaibli l’état-major d’AQMI, qui perd un cadre expérimenté tout en isolant davantage Iyad ag Ghali, le chef du JNIM, dont la branche sahélienne d’AQMI est une des composantes.

Pour rappel, l’un des objectifs prioritaires des forces spéciales françaises est de neutraliser Iyad ag Ghali.

« Clairement, aujourd’hui, c’est Iyad Ag Ghali qui est la priorité numéro une puisque c’est lui qui est à l’origine des attentats de Ouagadougou, c’est lui qui est à l’origine des poses d’IED [engins explosifs improvisés] par les groupes armés terroristes, c’est lui qui est à l’origine des prises d’otages. Et donc, pour nous, c’est la personne qu’il faut absolument réussir à capturer, voire à neutraliser s’il n’est pas possible de le capturer, dans les prochains mois », avait en effet confié le général Éric Vidaud, quelques semaines avant de quitter ses fonctions de commandant des opérations spéciales [COS], en juin 2021.

Par ailleurs, les Forces armées maliennes [FAMa] ont de nouveau subi une attaque meurtrière, le 5 mars, à Mondoro [centre du Mali], Un bilan officiel a fait état de 27 soldats tués et de 33 blessés, dont 21 grièvement. Les autorités maliennes ont assuré que les opérations de ratissage menées dans la foulée de l’assaut ont permis de « neutraliser » 47 terroristes, dont plusieurs chefs.

« Les FAMa n’ont pas demandé l’appui de Barkhane. Le camp de Mondoro se trouve dans une zone où il a été demandé à Barkhane de ne pas opérer, sans doute en raison de la présence de mercenaires du [groupe paramilitaire russe] Wagner », a indiqué une source militaire française à l’AFP. En outre, selon elle, les pertes subies par les forces maliennes seraient plus élevées et 21 véhicules, dont des blindés, auraient été récupérés par les jihadistes.

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