Des Rafale Marine survoleront la Bosnie Herzégovine au profit de la mission européenne Althea

En 2004, la force de l’Union européenne [EUFOR] Althea a pris la suite de la SFOR, la force de stabilisation que l’Otan avait déployée en Bosnie-Herzégovine afin d’y faire appliquer les accords de Dayton, lesquels avaient permis de mettre fin à une guerre ayant opposé les forces serbes, croates et bosniaques.

En vertu de cet accord, un système de présidence collégiale a été institué, c’est à dire que la Bosnie Herzégovine est dirigée, à tour de rôle, par trois reponsables élus au suffrage direct. Ainsi, un Bosniaque et un Croate sont désignés par la Fédération croato-bosniaque tandis que le représentant serbe est élu par la Republika Srpska [ou République serbe de Bosnie].

Cela étant, un tel système n’a pas mis fin aux tensions entre les trois communautés. En témoigne, par exemple, les Serbes de Bosnie s’opposent à la volonté de Sarajevo de rejoindre l’Otan. Plus récemment, la Bosnie Herzégovine a voté en faveur d’une résolution de l’Assemblée générale des Nations unies dénonçant dans « les termes les plus énergiques » l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Or, Republika Srpska n’a jamais caché son soutien à Moscou [de même que la Serbie].

Dans ces conditions, la question est de savoir si la Republika Srpska serait susceptible ou non d’affirmer son indépendance. Avec toutes les conséquence que cela pourrait avoir… pour une région qui, selon la Revue stratégique française, représente un « enjeu majeur pour l’Europe et pour la sécurité de l’ensemble du continent », notamment en raison de ses faiblesses, exploitées par des « États tiers », des groupes criminels et des organisations jihadistes.

Des « signaux faibles » peuvent le suggérer, comme par exemple la commande, en 2018, de 2’500 fusils d’assaut pour, officiellement, équiper les policiers de la Republika Srpska [ce qui, à l’époque, avait préoccupé Sarajevo], l’apparition d’une milice appelée « Honneur serbe », dont il a été dit qu’elle était entraînée par des « mercenaires » russes ou encore, et plus simplement, les déclarations du chef de file des Serbes de Bosnie, Milorad Dodik.

Quoi qu’il en soit, et au regard du contexte sécuritaire actuel, EUFOR Althea, dont l’effectif a récemment été renforcé, passant de 600 à 1100 militaires, entend prendre quelques précautions. Ainsi, le 5 mars, elle a annoncé que des Rafale Marine du porte-avions Charles de Gaulle assureraient des « vol d’entraînement » au-dessus de la Bosnie Herzégovine à partir du 7 mars.

« En cette période où l’équilibre sécuritaire en Europe est ébranlé, l’UE démontre son engagement continu et sa détermination à soutenir un environnement sûr et sécurisé en Bosnie Herzégovine » et dans les Balkans occidentaux », a fait valoir la force européenne.

Pour le groupe aérien embarqué [GAé] du Charles de Gaulle, va donc être particulièrement sollicité dans les jours à venir, dans la mesure où il aura aussi à effectuer des missions au-dessus de la Roumanie et de la Bulgarie, au titre des mesures prises par l’Otan après le début de l’invasion de l’Ukraine. Et cela, depuis la mer Ionienne, où s’est déployé le groupe aéronaval après avoir quitté Limassol [Chypre]

Les Rafale Marine et les deux E-2C Hawkeye participeront en effet au « dispositif de vigilance renforcée […] par des missions de défense aérienne, de détection aérienne et de commandement aéroporté avec le commandement aérien allié de l’Otan », a détaillé la Marine nationale.

Pour rappel, le GAé est formé par 20 Rafale Marine F3R appartenant aux flottilles 12F et 17F.

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