L’Allemagne se débarrasse de ses vieux missiles sol-air « Strela » d’origine soviétique en les cédant à l’Ukraine

Alors que les troupes russes continuaient de se masser près des frontières ukrainiennes, l’Allemagne bloqua toutes les livraisons d’armes à Kiev pour lesquelles elle avait son mot à dire.

Tel était par exemple le cas des obusiers D-30 récupérée en République démocratique allemande [RDA] après la chute du Mur du Berlin. Ces pièces d’artilleries de 122 mm furent vendues à la Finlande qui, à son tour, les céda à l’Estonie. Puis, et alors que la Russie accentuait sa pression militaire, sur l’Ukraine, Tallinn fit part de son intention de les donner à l’armée ukrainienne. Seulement, le gouvernement allemand s’y opposa.

« Le principe régissant les exportations d’armes est toujours le même – qu’elles viennent directement d’Allemagne ou de pays tiers – et aucune autorisation n’a été délivrée à ce stade », justifia le ministère allemand de la Défense.

Sauf que, avec l’offensive lancée par la Russie contre l’Ukraine, Berlin a fini par changer son fusil d’épaule.

« L’agression russe contre l’Ukraine marque un changement d’époque, elle menace l’ordre établi depuis l’après-guerre » et « dans cette situation il est de notre devoir d’aider l’Ukraine autant que nous pouvons à se défendre contre l’armée d’invasion de Vladimir Poutine », a ainsi déclaré Olaf Scholz, le chancelier allemand, le 27 février.

Et le gouvernement allemand a donc décidé d’autoriser la cession des obusiers que Tallinn avait promis à Kiev et de livrer à l’armée ukrainienne 1000 lance-roquettes prélevées dans les stocks de la Bundeswehr ainsi que 500 missiles anti-aériens portatifs [MANPADS] de type Stinger, d’origine américaine . En outre, il également annoncé l’envoi en Ukraine de 14 véhicules blindés et de 10’000 tonnes de carburant « via la Pologne ». Et d’assurer, selon une source gouvernementale, que « d’autres mesures de soutien [étaient] à l’étude ».

L’une d’elles vient d’être précisée, ce 3 mars. Et elle est plutôt surprenante. Ainsi, Berlin de livrer 2’700 MANPADS de type 9K32 Strela-2 [code Otan : SA-7 « Grail »] qui dormaient jusqu’ici dans les stocks de la Bundeswehr, après avoir été récupérés dans ceux de la Nationale Volksarmee [forces armées de la RDA, ndlr]. Le souci est que, comme toute munition, ces missiles ont une date de péremption… Dans quel état se trouvent-ils, au bout de trente années de stockage?

En janvier, l’hebdomaire Der Spiegel en a donné un aperçu, en citant un rapport confidentiel du ministère allemand de la Défense. « Dans l’entrepôt de Wermutshausen [Bade-Wurtemberg], il a environ 2’500 missiles Strela conservés dans des caisses en bois, qui sont oxydés ou corrodés, avec des moissures, ce qui pourrait endommager l’entrepôt et mettre en danger le personnel », a-t-il écrit.

Le Bundesamt für Ausrüstung, Informationstechnik und Nutzung der Bundeswehr [BAAINBw, l’équivalent allemand de la DGA française, ndlr] a par la suite confirmé une partie des informations de l’hebdomadaire. Dans un communiqué, il a en effet expliqué que les missiles Strela étaient interdits d’utilisation depuis 2012, à cause de « microfissures découvertes dans leur charge propulsive », ce qui a « entraîné une corrosion/oxydation ». Cependant, a poursuivi le texte, les investigations ont « montré que ces missiles ne présentent aucun danger ».

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