La Légion étrangère autorise les légionnaires concernés par la guerre en Ukraine à aller recueillir leurs proches

Selon des chiffres publiés en 2018, la Légion étrangère compte environ 40% de ressortissants de l’ex-Union soviétique dans son effectif. Et, jusqu’à présent, les tensions entre la Russie et l’Ukraine n’ont pas eu de répercussions sur les rapports entre les légionnaires originaires de ces deux pays, ceux-ci respectant à la lettre le code d’honneur qu’ils ont accepté en signant leur contrat d’éngagement. « Chaque légionnaire est ton frère d’armes quelles que soient sa nationalité, sa race, sa religion. Tu lui manifestes toujours la solidarité étroite qui doit unir les membres d’une même famille », dit-il.

Cela étant, peu après le début de l’invasion de son pays par la Russie, la semaine passée, le président ukrainien, Volodymyr Zelenski a appelé les « Européens aguerris » à venir se battre en Ukraine. « Si vous avez une expérience du combat et que vous ne voulez plus regarder l’indécision de vos responsables politiques, vous pouvez venir dans notre pays pour défendre l’Europe », a-t-il lancé.

Aussi, on peut imaginer l’effet qu’un tel appel a pu produire chez les légionnaires d’origine ukrainienne… Et sans doute que cela a pu générer quelques tensions avec certains de leurs camarades venus de Russie. D’où le message du général Alain Lardet, le « Père Légion » [ou COMLE pour commandant de la Légion étrangère].

Dans un premier temps, le général Lardet a rappelé que la Légion étrangère ne crée pas d’apatrides et qu’elle « ne demande en aucun cas de renier sa patrie d’origine, encore moins de la combattre ». Et qu’elle « ne décide pas les causes à combattre, aussi belles qu’elles puissent être » car son honneur est de « servir la mission, qui est sacrée ». C’est à dire de servir la France.

« Votre fidélité de légionnaire est le coeur et la force de votre engagement. Elle est dans le temps que vous avez décidé dans votre contrat, insurpassable », a enchaîné le COMLE. « On peut demander beaucoup à un soldat » mais « on ne peut lui demander de tricher, de se dédire, de se contredire, de mentir, de renier, de se parjurer », a-t-il continué.

Après ce rappel, le général Lardet a dit « compatir » avec les « légionnaires d’Ukraine ou de la région concernée par cette guerre » et comprendre leur « tiraillement intérieur » car leur « patrie d’origine saigne et souffre » et que leurs « familles sont frappées ». Et aux « quelques uns, confrontés à la tentation de courir là où l’incendie fait rage », il leur a dit que « les guerres se gagnent que si chacun remplit sa mission là où il se trouve ».

« Comme Père Légion, je sais que je dois vous encourager dans cette voie de l’honneur. Ne vous parjurez pas! », a exhorté le général Lardet. « Pour vous et pour la Légion, maintenez votre service avec honneur et fidélité » car « qui sait si, demain, votre unité ne sera pas engagée. Et où serez-vous? Vous manquerez alors à votre binôme, frère d’armes, comme tout légionnaire », a-t-il insisté.

Cependant, il faut bien composer avec la situation… Et la Légion étrangère entend apporter son soutien aux familles de ses légionnaires pouvant être éprouvées par la guerre en cours.

Aussi, pour permettre la mise en sécurité de celles fuyant les zones de combats, le général Lardet a décidé d’autoriser les légionnaires qui le souhaitent à « se rendre dans certains pays limitrophes de l’Ukraine » afin de « les recueillir ».

« Sachez que tout légionnaire concerné par ce conflit pourra solliciter la Légion étrangère pour l’aider à accueillir dans l’urgence sa famille, dans le respect du droit applicable en France, en particulier selon l’évolution des directives relatives à la prise en compte des réfugiés », a assuré le COMLE. « La solidarité ‘Légion’, corollaire de l’engagement total du légionnaire au profit de notre patrie, pourra ainsi, à sa mesure, et selon ses priorités, fournir une aide matérielle ou administrative », a-t-il indiqué.

Dans le même temps, la Légion étrangère va mettre en place une « cellule d’écoute » afin de répondre au mieux aux besoins de ses légionnaires concernés. « Soyons unis et responsables », a conclu le général Lardet.

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