Des Rafale armés de missiles air-air à longue portée Meteor envoyés dans le ciel polonais

Parmi les mesures annoncées pour renforcer le flanc oriental de l’Otan après le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, quatre Mirage 2000-5 du Groupe de chasse 1/2 Cigognes seront déployés, en « avance de phase », sur la base aérienne d’Amari, en Estonie, où ils retrouveront, notamment, six F-15E « Eagle » américains et quatre F-16 belges déjà engagés dans la mission Baltic Air Policing, laquelle consiste à assurer la protection de l’espace aérien des pays baltes.

Pour rappel, armé de missiles air-air Mica, associés au radar RDY, le Mirage 2000-5 approche de sa fin de vie opérationnelle, son retrait du service étant prévue en 2025. Ces dernières années, il a été engagé à plusieurs reprises dans la mission Baltic Air Policing. Et, à chaque fois, le détachement du groupe de chasse 1/2 Cigognes n’a guère eu le temps de s’ennuyer, au regard de l’activité des forces aériennes russes dans la région de la Baltique.

Cela étant, l’envoi de Rafale en Estonie aurait sans doute eu une portée plus importante, surtout dans le contexte actuel. En 2014, après l’annexion de la Crimée par la Russie, quatre appareils de ce type avaient ainsi été déployés à Malbork [Pologne], dans le cadre des mesures dites de « réassurance » prises par l’Otan.

« Ce qui se joue en ce moment aux portes de l’Europe est la crise la plus grave depuis des décennies survenue sur le continent européen, depuis la fin de la guerre froide certainement, depuis l’Acte d’Helsinki de 1975 aussi. Ce sont les fondements même de la sécurité européenne qui sont menacés », avait justifié Jean-Yves Le Drian, alors ministre de la Défense. La suite lui aura donc raison.

Étant donné le contexte actuel, le ministère des Armées, par la voix de son porte-parole, Hervé Grandjean, a indiqué que la décision a été prise de « déployer chaque jour deux patrouilles de deux avions Rafale, avec un avion ravitailleur A330 MRTT ». Et d’ajouter : « Ce sont des avions qui partent de France et qui vont faire là aussi des missions de police du ciel et de défense aérienne sur le flanc est de la Pologne ».

Sur une vidéo diffusée par l’État-major des armées [EMA] sur les réseaux sociaux, on voit un Rafale armé de missiles air-air Mica IR et EM ainsi que de deux missiles longue portée Meteor. Si les images ne sont pas très nettes, on devine cependant qu’il appartient à la 30e Escadre de Chasse, basée à Mont-de-Marsan. Quant à l’insigne figurant sur sa dérive, on le distingue à peine.

Puis, ce 27 février, le général Thierry Burkhard, le chef d’état-major des armées [CEMA], a lui aussi publié une photographie – plus nette – de deux Rafale armés de missiles Meteor et volant au côté d’un avion ravitailleur A330 MRTT.

L’un des deux Rafale appartient à l’escadron de chasse 3/30 Lorraine. Quant à l’autre, on ne distingue pas l’insigne supposé figurer sur sa dérive.

Cette question n’est pas anodine dans la mesure où le Régiment de chasse 2/30 Normandie-Niémen fait partie de la 30e Escadre. Or, s’étant illustrée durant la Seconde Guerre Mondiale sur le front russe [5240 missions, 869 combats aériens, 273 victoires obtenues au prix de 41 pilotes tués ou portés disparus], cette unité jouit d’un prestige intact en Russie. D’ailleurs, en 2014, les insignes des Rafale déployés en Pologne avaient effacés…

Et sans doute que le général Valeri Guerrasimov, chef d’état-major des forces russes, pensait à elle quand il invita une unité française à participer à la grande parade militaire devant commémorer les 75 ans de la victoire sur l’Allemagne nazie. « Nous honorons profondément la mémoire des soldats français ayant combattu avec l’Armée rouge contre un ennemi commun et serions heureux de voir un contingent français parmi les participants de la parade de la Victoire », avait en effet affirmé le général Valeri Guerrasimov, après avoir rencontré son homologue français, le général Lecointre, le 27 février 2020.

À l’époque, le président Macron avait dit souhaiter « repenser » le lien de la France avec la Russie car pousser celle-ci « loin de l’Europe [serait] une profonde erreur ». Et d’ajouter, lors de la conférence des ambassadeurs d’août 2019 : « Il faut stratégiquement explorer les voies d’un tel rapprochement et y poser nos conditions ». Ce qui avait été mal perçu par les pays d’Europe de l’Est…

Quoi qu’il en soit, l’envoi de Rafale F3R armé de missiles Meteor est un signal fort envoyé par Paris à Moscou.

En effet, couplé au radar à antenne active [AESA] RBE2 et affichant une « NEZ » [No Escape Zone – domaine de destruction sûre] trois fois supérieure à celles des missiles actuels, ce missile donne une capacité dite BVR [Beyond Visual Range – au-delà de la portée visuelle] au Rafale.

Photo : EMA

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