L’État-major des armées précise la contribution française au renforcement du flanc oriental de l’Otan

Lors de ses voeux au Armées, en janvier, et alors que la Russie accentuait encore sa pression militaire sur l’Ukraine après avoir mis en place une chaîne logistique comme pour se préparer à une offensive, le président Macron avait indiqué que la France était prête à participer une mission de type eFP [présence avancée renforcée] en Roumanie, dans le cadre de l’Otan. Puis, une semaine plus tard, le mnistère des Armées envoya une « mission d’experts » dans ce pays riverain de la mer Noire, en vue d’étudier les « paramètres » de cet éventuel déploiement des forces françaises.

Or, comme on pouvait le craindre, les échanges diplomatiques sur les garanties juridiques sur sa sécurité qu’elle demandait n’ayant rien donné, la Russie a donc lancé une offensive massive contre l’Ukraine, le 24 février, obligeant ainsi l’Otan à activer ses plans de défense pour protéger son flanc oriental et mobiliser, pour la première fois, sa force de réaction [NRF – Nato Response Force].

Alors que plusieurs pays membres [dont les États-Unis, le Royaume-Uni, la Norvège ou encore l’Allemagne] avaient déjà renforcé leur présence militaire dans les pays baltes et la Pologne, où quatre groupements tactiques multinationaux sont déployés depuis 2017 au titre de la présence avancée renforcée de l’Otan, il est désormais question d’aller plus loin.

Comme l’avait suggéré M. Macron, la France déploiera ainsi 500 militaires en Roumanie. Elle « projettera ainsi un élément précurseur à titre national, dans des délais très courts », a annoncé l’État-major des armées [EMA], dans un communiqué diffusé dans la soirée du 25 février.

Et de préciser que les unités déployées en Roumanie seront issues de la Force à très haut niveau de réactivité de l’Otan [VJTF], dont la direction est assurée par la France depuis le 1er janvier. Pour rappel, le 1er Régiment d’Infanterie [RI] et le 3e Régiment de Hussards [RH], doté de chars légers AMX-10 RCR, constituent le « noyau dur » de cette force.

« La France assumera, comme elle s’y est engagée, le rôle de nation-cadre de ce déploiement de type présence avancée renforcée en Roumanie. Des contacts sont en cours avec l’Otan, la Roumanie et les alliés concernés dans cette perspective », a indiqué l’EMA.

En Estonie, où l’armée de Terre conduit actuellement la mission Lynx, dans le cadre d’un groupement tactique britannique, avec 12 chars Leclerc, 8 VBCI [Véhicule Blindé de Combat d’Infanterie] et 2 Engins blindés du Génie [EBG], le déploiement de 200 militaires supplémentaires est annoncé. La 27e Brigade d’Infanterie de Montagne [BIM] sera mise à contribution.

Toujours en Estonie, quatre Mirage 2000-5 du groupe de chasse 1/2 Cigognes seront déployés, en « avance de phase », à Amari, où ils rejoindront six F-15E « Eagle » américains et quatre F-16 belges, dans le cadre de la missio Baltic Air Policing de l’Otan. Sur ce point, l’envoi de Rafale F3R, dotés de missiles longue portée Meteor, aurait certainement un autre « impact »… Cela étant, dans son communiqué, l’EMA a indiqué que, depuis le début de l’offensive russe en Ukraine, des « patrouilles d’avions de chasse » ont été envoyées en Pologne, à partir de la France, pour des missions de défense aérienne. Le type des appareils engagés n’a pas été précisé.

Le commandement des composantes terrestre et aérienne de la NRF est assuré par la France en 2022. Au titre de la VJTF, elle tient en alerte un bataillon de protection et de soutien, un poste de commandement de brigade interarmes, deux groupements tactiques interarmes [dont un sera donc déployé en Roumanie et l’autre, a priori, en Norvège, pour l’exercice Cold Response 22], deux escadrons NRBC [du 2e Régiment de Dragons], six avions de combat, 4 avions de transport, un hélicoptère Caracal et un « aéronef » de renseignement [un Transall C-160 Gabriel, dont la fin de carrière opérationnelle est proche?].

Au titre du 2e niveau d’engagement [IFFG – Initial Follow-on Forces Group] de la NRF22, l’armée de l’Air & de l’Espace tient en alerte six avions de combat et un avion de transport supplémentaires. Quant à la Marine nationale, elle pourrait devoir engager une frégate et un chasseur de mines.

« La situation nouvelle créée par l’agression russe en Ukraine rend plus que jamais nécessaire l’expression de la solidarité entre Alliés. Elle requiert de notre part vigilance et réactivité », fait valoir l’État-major des armées. « Ces dispositifs militaires ne visent à aucune escalade, mais simplement à participer à la défense des pays membres de l’Otan. La France assume ses responsabilités en tant qu’Allié et en tant qu’Etat européen. Elle est au rendez-vous de la sécurité de l’Europe et renforce significativement sa contribution à la réassurance de ses alliés orientaux », souligne-t-il.

À noter que, dans le même temps, l’Italie s’est dit prête à déployer 3400 militaires dans le cadre de l’Otan : 1400 dans un premier temps, puis 2000 autres si cela s’avère nécessaire. Actuellement, 240 soldats transalpins sont déployés en Lettonie et l’Aeronautica Militare a envoyé des Eurofighter en Roumanie.

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