La Russie tirera les conséquences « politico-militaires » en cas d’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’Otan

Au cours de la Guerre Froide, la Finlande se garda de prendre parti pour l’un ou l’autre des blocs qui s’affrontaient alors, suivant ainsi une politique de neutralité strict [c’est ce qu’on appelle la « finlandisation]. Mais depuis la chute de l’Union soviétique, Helsinki se rapprocha de l’Otan, via le « Partenariat pour la Paix » [PPP] tout en intégrant l’Union européenne [UE]. La Suède suivit le même mouvement.

Cette situation pouvait parfaitement convenir à ces deux pays neutres. Mais l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014, ainsi que la hausse de l’activité militaire de celle-ci dans leur voisinage, changea la donne. Et, depuis, la question de leur éventuelle adhésion à l’Otan revient régulièrement sur la table… Pour autant, et si elles se ménagent une telle option, la Suède et la Finlande n’ont toujours pas franchi le pas.

Cela étant, à chaque fois que ce débat sur l’adhésion à l’Otan refait surface à Helsinki et à Stokholm, Moscou donne de la voix. Comme en 2018, avec quelques erreurs factuelles. « Le fait que la Finlande et la Suède soient entraînées dans les structures de l’Otan est très préoccupant. […] Ces mesures prises par les collègues occidentaux ont conduit à la destruction du système de sécurité mondial existant, engendrent la méfiance et nous obligent à prendre des mesures d’intervention », avait ainsi affirmé Sergueï Choïgou, le ministre russe de la Défense.

Plus récemment, la Russie a adressé une nouvelle mise en garde contre l’éventualité d’une adhésion de la Suède et de la Finlande à l’Otan. « La politique de ne faire partie d’aucune alliance, traditionnellement poursuivie par Stockholm et Helsinki, est considérée par Moscou comme un facteur important pour assurer la stabilité en Europe du Nord », avait ainsi affirmé Maria Zakharova, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères.

Alors que la Russie vient de lancer une offensive contre l’Ukraine, en prévention de sa possible adhésion à l’Otan, la Suède et la Finlande ont fait savoir, le 24 février, qu’elles conserveraient leur cap en matière de politique de sécurité, après avoir réhaussé le niveau d’alerte de leurs troupes à mesure que les forces russes se renforçaient aux frontières ukraniennes.

Condamnant une « violation évidente du droit international » commise par la Russie, la cheffe du gouvernement suédois, Magdalena Andersson a estimé que l’attaque de l’Ukraine ouvrait un « nouveau chapitre sombre de l’histoire européenne ». Pour autant, a-t-elle poursuivi, « dans une telle situation, il est crucial que la ligne de la Suède dans sa politique de sécurité reste inchangée ». Et d’insister : « La Suède est hors des alliances depuis extrêmement longtemps. Cela a bien servi les intérêts de la Suède ».

Une position quasi identique a été défendue à Helsinki par Pekka Haavisto, le ministre finlandais des Affaires étrangères. « Nous avons une stratégie de sécurité conçue pour les temps de crise. Nous utiliserons les moyens à notre disposition, y compris la coopération avec nos partenaires de l’Otan », a-t-il dit.

Cela étant, les déclarations des responsables suédois et finlandais ont peiné à convaincre à Moscou. Et les propos tenus par Mme Zakharova, ce 25 février, prennent une toute autre dimension depuis le début de l’offensive lancée contre l’Ukraine.

« Tous les pays membres de l’OSCE, dans leurs capacités nationales, y compris la Finlande et la Suède, ont réaffirmé le principe selon lequel la sécurité de certains États ne doit pas être assurée au détriment de la sécurité d’autres pays », a d’abord rappelé la porte-parole de la diplomatie russe. « Il est évident que l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’Otan, qui est avant tout […] un bloc militaire, aurait de graves conséquences militaro-politiques qui nécessiteraient des mesures réciproques de notre pays », a-t-elle ensuite prévenu, ajoutant que les « efforts ciblés de l’Otan et de certains pays de l’Alliance pour y attirer la Finlande ainsi que la Suède ne restaient pas inaperçus ».

Probablement a-t-elle fait référence à la participation de la Suède et de la Finlande à la « Joint Expitionnary Force » [JEF], mise en place par le Royaume-Uni, en dehors du cadre de l’Otan. Cette initiative réunit également les trois États baltes, la Norvège, les Pays-Bas l’Islande et le Danemark, tous membres de l’Alliance atlantique.

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