Quatre militaires français de l’escorte du chef d’état-major de la MINUSCA ont été arrêtés à l’aéroport de Bangui

En mai 2021, l’interpellation de Rémy Quignolot, un ancien militaire français, fut mise en scène par les autorités centrafricaines, qui l’accablèrent de charges, allant de l’atteinte la surêté de l’État au terrorisme en passant par l’espionnage et la de détention d’armes de guerre. « Nous déplorons l’instrumentalisation manifeste de cette arrestation et relevons que les informations personnelles de cette personne ont été immédiatement rendues publiques par le biais de réseaux de désinformation liés à la promotion d’intérêts bien identifiés qui sont habitués à viser la présence et l’action de la France en République centrafricaine », déplora alors le Quai d’Orsay.

Au moment des faits, un groupe d’experts des Nations unies venaient de dénoncer les actions du groupe paramilitaire russe Wagner, alors devenu devenu incontournable dans le pays, avec la bénédiction des autorités centrafricaines. Dans le même temps, une campagne de dénigrement de la France battait son plein, pour le grand profit de la Russie.

« Leur système de désinformation est très bien fait. Il alimente le recours aux mercenaires russes en Afrique. Le meilleur exemple en est donné par la République centrafricaine, où ce discours anti-Français a permis de légitimer une présence de mercenaires prédateurs russes au sommet de l’État avec un président Touadéra qui est aujourd’hui l’otage du groupe Wagner », résuma le président Macron, dans un entretien publié par le Journal du Dimanche, le 30 mai 2021.

En attendant, cela fera bientôt un an que Rémy Quignolot est prisonnier à Bangui. Qu’en sera-t-il des quatre militaires français qui ont été arrêté à l’aéroport de Bangui, le 21 février, alors qu’ils escortaient le général [français] Stéphane Marchenoir, le chef d’état-major de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique [MINUSCA]?

« L’équipe de protection rapprochée du général Marchenoir, chef d’état-major de la Force de la MINUSCA, composée de quatre militaires français, a été arrêtée cet après-midi à l’aéroport de Bangui », a en effet confirmé l’ambassade de France en Centrafrique, via un communiqué diffusé dans la soirée du 21 février.

Et d’expliquer que « ces quatre officiers de sécurité escortaient le chef d’état-major de la MINUSCA » pour embarquer à bord d’un vol d’Air France « avec leur équipement professionnel ».

Et, comme ce fut le cas pour Rémy Quignolot, leur arrestation a été instrumentalisée via les réseaux sociaux, certains comptes non sans influence ayant accusé ces militaires français d’avoir voulu « assassiner » le président centrafricain Faustin Archange Touadéra, l’avion de celui-ci devant atterrir à Bangui peu avant le départ du vol d’Air France.

« Sans raisons particulières, ils ont été arrêtés par la gendarmerie centrafricaine alors qu’ils se trouvaient près de l’aéroport et des accusations relatives à une tentative d’attentat ont été portées via les réseaux sociaux », a expliqué une source militaire française à l’AFP.

En tout cas, l’ambassade a dit « regretter vivement cet incident » et « condamner son instrumentalisation immédiate sur certains réseaux malveillants et la désinformation grossière à laquelle elle donne lieu ».

« La MINUSCA regrette cet incident et condamne vivement son instrumentalisation sur les réseaux sociaux, dans une tentative de manipulation de l’opinion publique. Elle rejette catégoriquement les accusations d’atteinte à la sureté de l’État. Dans le cadre de leur dialogue permanent, le leadership de la MINUSCA est en contact avec les plus hautes autorités centrafricaines pour trouver une issue dans les meilleurs délais », a commenté la mission de l’ONU, via un communiqué.

Cet incident est survenu alors qu’un rapport du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, évoqué par RFI, met de nouveau en cause le groupe Wagner ainsi que le recrutement d’anciens membres des milices anti-balaka par les Forces armées centrafricaines [FACa], sur lesquelles les mercenaires russes ont la mainmise, ainsi que le ciblage des communautés peules et musulmanes.

En outre, Yao Agbetse, l’expert indépendant des Nations unies sur la situation des droits de l’homme en République centrafricaine a récemment dénoncé l’interdiction faite aux enquêteurs de se rendre dans les zones minières où ont lieu les combats les plus violents. « Si on est empêchés d’accéder à des lieux ou des violations auraient été commises, cela peut laisser supposer que les entités qui procèdent ainsi ne veulent pas la manifestation de la vérité et cela est inacceptable », a-t-il fait valoir.

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