Le Royaume-Uni pourrait louer ou vendre une partie de ses hélicoptères CH-47 Chinook à la France
Dans un rapport publié en 2014, le Sénat avait émis l’idée de louer des hélicoptères de transport lourd [HTL] de type Chinook pour les forces spéciales, celles-ci déplorant alors depuis longtemps un déficit capacitaire préjudiciable pour leurs opérations. Depuis, ce dossier est resté au même point, même si plusieurs pistes furent avancées au cours de ces dernières années.
Ainsi, il fut question de mettre sur pied un escadron de HTL binational, dans le cadre d’une coopération avec l’Allemagne ou le Royaume-Uni, une telle solution ayant eu, un temps, les faveurs du général Philippe Lavigne, quand il était chef d’état-major de l’armée de l’Air et de l’Espace [CEMAAE]. Une autre piste consistait à obtenir de tels appareils – des MH-47G américains – dans le cadre d’un crédit-bail.
Quoi qu’il en soit, lors des arbitrages rendus lors de l’élaboration de la Loi de programmation militaire 2019-25, et malgré l’insistance du Commandement des opérations spéciales [COS], pour qui de tels appareils « permettraient d’envisager de nouveaux modes d’action, plus à même de contrer les menaces futures, au même niveau que nos alliés d’outre-Atlantique et d’Europe », les hélicoptères de transport lourd passèrent à la trappe, ce qui donna lieu à quelques tensions entre l’AAE et l’armée de Terre, à en croire le général Jean-Pierre Bosser, l’ancien chef d’état-major de cette dernière.
Pourtant, des HTL contitueraient le complément idéal des avions de transport A400M qui, à la différence des Transall C-160, n’ont pas forcément la capacité de se poser n’importe où, en raison de leur gabarit.
En 2020, en conclusion d’une mission « flash » de la commission de la Défense, à l’Assemblée nationale, les députés Jean-Jacques Ferrara et Jean-Pierre Cubertafon estimèrent qu’il était alors temps « d’acter que la France ne disposera pas d’une telle capacité de manière patrimoniale ». Et d’ajouter : « L’acquisition de tels appareils ne semble pas soutenable en raison du coût d’acquisition, de mise en oeuvre et d’entretien ».
Cela étant, la messe n’est pas encore dite… Ainsi, dans leur très copieux rapport sur la préparation des forces françaises à la haute intensité, les députés Patricia Mirallès et Jean-Louis Thiériot affirment avoir eu vent que « les Britanniques pourraient louer ou vendre leurs flottes d’hélicoptères de transport Chinook à la France ». Malheureusement, les deux rapporteurs n’ont pas donné plus de précision sur un tel projet.
Reste que la Royal Air Force [RAF] se séparera, d’ici trois à quatre ans, d’une petite partie de ses CH-47 Chinook, en particulier les plus anciens. En effet, en mai 2021, Londres a confirmé la commandé 14 H-47, une nouvelle variante de l’hélicoptère proposé par Boeing, pour environ 1,4 milliard de livres sterling.
« Éprouvé à maintes reprises lors d’opérations au Royaume-Uni et à l’étranger au cours des 40 dernières années, le Chinook continue d’être une capacité essentielle pour la défense britannique. Cette annonce assure les opérations des Chinook pour les décennies à venir et est représentative de notre engagement à moderniser les capacités tout en maintenant l’interopérabilité avec des alliés clés », fit alors valoir l’Air Vice-Marshal Nigel Colman, le commandant de la force conjointe d’hélicoptères.
Reste à voir s’il serait pertinent ou pas de reprendre les anciens CH-47 Chinook britanniques, avec tout ce que cela implique en matière de maintien en condition opérationnelle [MCO], sachant que ces appareils ont accumulé les heures de vol et qu’il faudra à un moment traiter leurs obsolescences. En outre, il faudra former les équipages et les techniciens… Bref, il faudra veiller à ce que utilisation soit « soutenable ». Lors de l’examen du rapport en commission, M. Thiériot a demandé si l’on devait s’y intéresser. En tout cas, a-t-il dit, « c’est une question à se poser ».