La marine russe lance un important exercice naval en mer Noire

Le 11 février, les États-Unis ont de nouveau estimé que la Russie pourrait lancer une offensive « rapide » contre l’Ukraine à « tout moment », y compris avant le 20 février, jour qui coïncide avec la fin des Jeux Olympiques d’hiver de Pékin… et celle des maonoeuvres conjointes entre les forces russes et biélorusses.

« Nous continuons à voir des signes d’escalade russe, y compris l’arrivée de nouvelles forces à la frontière ukrainienne », ainsi affirmé Jake Sullivan, le conseiller pour la sécurité nationale du président américain, Joe Biden. Cela étant, »nous ne disons pas qu’une décision a été prise, qu’une décision finale a été prise par le président Poutine », a-t-il ajouté, avant de souligner que « la désescalade » était encore possible, MM. Biden et Poutine devant avoir un nouvel échange téléphonique, ce 12 février.

De son côté, le Pentagone a indiqué que les chef d’état-major des forces américains, le général Mark Milley, s’était entretenu avec son homologue russe, le général Valéri Gerasimov, de « plusieurs sujets de préoccupation en matière de sécurité ». Cependant, il n’en a précisé la teneur exacte.

Dans le même temps, Washington a également annoncé l’envoi de 3’000 soldats supplémentaires en Pologne, pour « rassurer les alliés de l’Otan ». Ces troupes font partie de celles qui avaient été placées en alerte, fin janvier, afin de renforcer, le cas échéant, la force de réaction de l’Otan [NRF – Nato Response Force].

Pour rappel, 3’000 militaires américains ont d’ores et déjà été envoyés sur le flanc oriental de l’Otan, en particulier en Pologne et en Roumanie, où ont également été redéployés huit F-15 et autant de F-16 de l’US Air Force. Et quatre bombardiers stratégiques B-52 Stratofortress sont arrivés au Royaume-Uni.

Cela étant, ces renforts américains sont moindres que les 20’000 militaires qui auraient dû être déployés par le Pentagone sur le Vieux Continent dans le cadre des manoeuvres Europe Defender 2020, dont l’ampleur avait été finalement réduite en raison de la pandémie de Covid-19. En outre, et pour le moment, il n’est pas question non plus pour l’US Air Force de mobiliser ses chasseurs F-22A Raptor et ses bombardiers B-2 Spirit, comme cela fut le cas après l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014. Mais cela pourrait évidemment changer.

Quoi qu’il en soit, les États-Unis ont par ailleurs demandé à leurs ressortissants de quitter l’Ukraine « d’ici 24 à 48 heures ».

Le Royaume-Uni, l’Australie et la Nouvelle-Zélande en ont fait de même. « La sûreté et la sécurité des ressortissants britanniques sont notre priorité absolue. […] Nous exhortons les ressortissants britanniques en Ukraine à partir maintenant par des vols commerciaux tant qu’ils restent disponibles », a ainsi fait valoir Londres.

Par ailleurs, les pays baltes [Estonie, Lettonie et Lituanie] ont demandé à la Biélorussie des « explications détaillées » au sujet des manoeuvres lancées le 10 février par les forces russes et biélorusses, comme le permet la section sur la « réduction des risques » et les « activités militaires inhabituelles » du Document de Vienne de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe [OSCE].

Et ils en auront été pour leurs frais, Minsk ayant fait valoir que l’exercice militaire en question était d’une « trop petite portée » pour être soumis aux exigences de transparence de l’OSCE. Et il est possible que l’Ukraine reçoive une réponse du même ordre, Kiev ayant effectué une démarche similaire auprès de Moscou, qui a 48 heures pour répondre.

Quoi qu’il en soit, aux exercices militaires en Biélorussie viennent s’ajouter les manoeuvres navales que la marine russe vient de lancer en mer Noire.

« Plus de 30 navires de la flotte de la mer Noire ont pris la mer depuis Sébastopol et Novorossiïsk selon le plan d’exercice. […] Le but de l’exercice est de défendre la côte maritime de la péninsule de Crimée, les bases des forces de la flotte de la mer Noire, ainsi que les objets du secteur économique du pays […] d’éventuelles menaces militaires », a expliqué le ministère russe de la Défense, ce 12 février. À noter que six navires de débarquement des flottes russes du Nord et de la Baltique sont récemment arrivés dans le secteur.

Étant donné que ces manoeuvres navales vont rendre la navigation en mer Noire et en mer d’Azov quasiment impossibles, Kiev a protesté contre leur tenue, dénonçant des « actions agressives de la Fédération de Russie dans le cadre de sa guerre hybride contre l’Ukraine » qui sont « inacceptables ». Et d’insister : « Il s’agit d’une complication importante et injustifiée de la navigation internationale, en particulier du commerce, qui peut entraîner des conséquences économiques et sociales complexes, notamment pour les ports d’Ukraine ».

En tout cas, à Moscou, on ne cesse de relativiser la portée de ces exercices et autres mouvements de troupes près de l’Ukraine. « L’hystérie de la Maison Blanche est plus révélatrice que jamais. Les anglo-saxons ont besoin d’une guerre. À tout prix. Les provocations, la désinformation et les menaces sont la méthode favorite pour résoudre ses propres problèmes », a ainsi déclaré Maria Zakharova, la porte-parole de la diplomatie russe, le 11 février au soir.

En attendant, le lendemain, la Russie a annoncé une réduction de son personnel diplomatique en Ukraine, en disant craindre de « possibles provocations du régime de Kiev ou de pays tiers ».

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