Le président ukrainien veut une armée de métier et recruter 100000 soldats supplémentaires d’ici 2024

En 2010, le ministère ukrainien de la Défense annonça une réforme qui, appelée « Concept du développement des forces armées », visait à supprimer 40’000 postes en son sein sur la période 2011-15, l’objectif étant de ramener ses effectifs militaire à 160’000 hommes. Et cet effort devait surtout concerner l’administration, à commencer par l’État-major général, celui-ci devant être réduit de 20%.

Cette réforme n’était pas terminée qu’une nouvelle fut proposée trois ans plus tard par Pavlo Lebedyev, alors fraîchement nommé ministre de la Défense. Considérant que « l’intégrité territoriale de l’Ukraine » ne serait « pas menacée dans les sept prochaines années » [« bien vu l’aveugle! », comme on le fit familièrement], il plaida pour réduire encore le format des forces armées ukrainiennes, avec la suppression de 40.000 postes supplémentaires. Et il confirma la décision de mettre un terme à conscription, alors que la défense du pays reposait en partie sur la mobilisation éventuelle de près d’un million de réservistes.

La suite des évènements en aura décidé autrement, avec l’annexion de la Crimée et le début du conflit dans le Donbass, où les forces ukrainiennes font face à ses séparatistes pro-russes. Et, en août 2014, Kiev revint sur la suppression du service militaire, qui avait été décidé par le grouvernement précédent, en mettant en avant la « dégradation de la situation dans l’Est […], la montée en puissance des unités armées pro-russes, la prise de contrôle ou blocus d’administrations publiques, d’unités militaires, de communications, de transport ».

Depuis, la situation s’est encore dégradée, la Russie ayant accentué sa pression militaire sur l’Ukraine tout en cherchant à obtenir des garanties sur sa sécurité auprès des États-Unis et de l’Otan [que Kiev aspire vainement à rejoindre, ndlr].

En août 2021, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a signé la loi n°5557, laquelle prévoit une implication de l’ensemble de la population ukranienne dans une éventuelle « confrontation » avec « l’agresseur » [russe]. Dans le détail, ce texte autorise la mise en place d’un « système d’entraînement militaire général de la population » devant permettre d’améliorer la « défense territoriale » et d’animer des « mouvements de résistances » dans les territoires susceptibles d’être occupés.

Plus de six mois plus tard, c’est un projet d’une toute autre nature que M. Zelensky a soumis à la Rada [Parlement ukrainien, ndlr]. Ainsi, il y a est question, à nouveau, d’abandonner la conscription au profit d’une armée de « métier ». Mais à la différence des plans annoncés il y a dix ans, cette réforme s’accompagnera d’une hausse substantielle des effectifs militaires, ceux-ci devant passer de 250’000 à 350’000 hommes [pour un pays qui compte 44 millions d’habitants, ndlr]. De quoi créer vingt nouvelles brigades. En outre, un effort particulier sera fait en matière de « condition militaire », les engagés ukrainiens devant bénéficier de soldes plus élevées et d’avantages spécifiques.

La transition d’une armée de conscription vers une armée professionnelle devra être rapide : le président Zelensky s’attend à ce qu’elle soit terminée en 2024, soit durant la dernière année de son mandat. « Ce décret n’existe pas parce que la guerre approche. Il vise à ce qu’il y ait bientôt la paix », a-t-il dit.

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