L’Espagne débloque 1,7 milliard d’euros pour financer le projet de drone MALE européen

Cela fait presque dix ans qu’Airbus, Dassault Aviation et Leonardo proposèrent de développer conjointement un drone MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance] européen. Les discussions entre ces trois industriels et les États clients, dont la France, l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie, ayant été « compliquées », notamment sur les coûts, il fallut attendre novembre 2020 pour qu’un projet de contrat fût présenté à l’Organisation Conjointe de Coopération en Matière d’Armement [OCCAr]… soit avec au moins un an de retard.

Mais encore fallait-il la signature des pays clients. Si cela ne posa pas de difficultés particulières pour la France [quatre systèmes, donc 12 drones, pour près de 2 milliards d’euros] et l’Italie [cinq systèmes], il en alla autrement pour l’Allemagne et l’Espagne.

Malgré les fortes réserves du ministère allemand des Finances, inquiet des risques de dérapages financiers et d’une « répartition des risques inhabituellement unilatérale aux frais des clients », le Bundestag consentit à donner son feu vert en avril 2021, en votant un financement de 3,1 milliards d’euros [pour 7 systèmes]. Restait donc à convaincre l’Espagne…

En novembre dernier, le Délégué général pour l’armement [DGA], Joël Barre, s’était dit confiant sur unt dit espérer une issue favorable « d’ici quelques jours ». Finalement, ce n’est que le 25 janvier que le gouvernement espagnol a donné son accord pour signer le contrat relatif au drone MALE européen.

Dans le détail, l’Espagne participera à ce programme à hauteur de 23%, pour un retour industriel évalué à 19%. Les forces espagnoles disposeront, à terme, de quatre systèmes [soit 12 drones]. Le ministère de l’Industrie avancera une partie des crédits [soit 1,4 milliards d’euros] à celui de la Défense, qui le remboursera à partir de 2029.

Cela étant, la contrat est encore loin d’entrer en vigueur. Le 30 novembre, Daniela Lohwasser, la responsable du projet Eurodrone chez Airbus Defence & Space, avait estimé qu’il faudrait « peut-être encore quelques mois avant que nous soyons prêts à enfin signer les contrats complets » après le feu vert espagnol.

Et cela d’autant plus qu’un des problèmes majeurs, à savoir celui de la motorisation, n’est pas encore réglé. Si l’on sait que celle-ci reposera sur deux turbopropulseurs, conformément à la demande de l’Allemagne [et afin d’avoir aussi assez de puissance pour faire voler les dix tonnes de ce futur drone européen], le choix du motoriste n’est pas encore arrêté. Deux sont en lice, dont le français Safran [avec l’Ardiden 3TP] et Avio, la filiale italienne de l’américain General Electric. « Nous travaillons à la finalisation des dernières offres. Nous annoncerons le fournisseur du moteur juste après la signature du contrat. Pas avant », avait indiqué Mme Lohwasser.

Pour rappel, le drone MALE européen [ou « Eurodrone »] aura une longueur de 16 mètres pour une envergure de 26 mètres. D’une autonomie de 40 heures, il pourra voler à la vitesse de 500 km/h. L’intérêt d’un tel engin résidera surtout sur la qualité de ses capteurs… Car, à force de tergiverser, il risque fort d’avoir une guerre de retard, les industriels américains, comme General Atomics, préparant déjà une nouvelle génération d’appareils de ce type.

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