Barkhane/Mali : Le Danemark jette l’éponge et va retirer ses forces spéciales de Takuba

À peine a-t-il pris ses marques à Ménaka [Mali], où il venait d’être intégré au groupement européen de forces spéciales « Takuba », que le détachement des forces spéciales danoises va devoir plier bagage…

En effet, le 24 janvier, les autorités maliennes de transition ont demandé au Danemark de retirer « immédiatement » ses troupes du Mali, au motif que leur déploiement n’avait pas été préalablement autorisé par Bamako. Ce que Paris a contesté le lendemain, par la voix de Florence Parly, la ministre des Armées.

Dénonçant l’attitude de la junte malienne qui « rompu ses engagements » tout en multipliant les « provocations », Mme Parly a en effet affirmé la « solidarité » de la France avec ses « partenaires danois dont le déploiement intervient […] sur une base juridique légale ».

Puis, les pays engagés dans la force Takuba ont publié un communiqué pour rappeler aux autorités maliennes de transition que le contingent danois avait été envoyé au Mali suite à une « lettre d’invitation formelle » adressée à Copenhague par Bamako en novembre 2019.

Certes, le contexte politique malien a depuis évolué, un coup d’État ayant renversé le gouvernement à l’origine de cette demande. Toujours est-il que, selon le communiqué en question, la « notification d’acceptation a ensuite été transmise par l’ambassade du Danemark à Bamako le 29 juin 2021 et signée le jour-même par le Protocole du Ministère malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale ».

Une version contestée par la junte malienne, laquelle explique avoir indiqué au gouvernement danois, par « note verbale du 16 novembre 2021 » , que sa « requête [était] sous examen » et qu’une « suite » lui serait « communiqué » ultérieurement. Par conséquent, conclut-elle, « ledit document reste toujours à l’état de projet » et « aucun accord n’autorise le déploiement des forces spéciales danoises au sein de la force Takuba ».

Lancée à l’initiative de la France, qui y voyait un moyen d’affirmer la coopération européenne en matière de défense et de partager le « fardeau » de la lutte contre le terrorisme au Sahel, Takuba vient de prendre une torpille…

Car Copenhague n’entend pas insister. « Nous ne pouvons tolérer cela, en conséquence, nous avons décidé de renvoyer nos soldats à la maison », a en effet affirmé Jeppe Kofod, le chef de la diplomatie danoise.

« Nous ne pouvons pas rester quand le gouvernement malien ne veut pas de nous. Nous sommes là parce que le Maliens nous a demandé de venir ls aider, et s’ils ne veulent plus de notre aide, nous n’avons plus de raison d’être là. Et nous ne voulons pas non plus qu’on se moque de nous », a estimé Trine Bramsen, la ministre danoise de la Défense.

Ce retrait va cependant prendre un peu de temps. « Il devrait s’écouler plusieurs semaines avant que tout le personnel et l’équipement ne soient de retour au Danemark », a précisé l’état-major danois.

Cette décision est un coup dur pour Takuba étant donné que le détachement danois, fort d’une soixantaine de membres des forces spéciales [Jægerkorpset – JG], d’une équipe médicale, d’une capacité de cyberdéfense et d’un avion de transport C-130, devait en être un maillon important. Et cela d’autant plus que son arrivée à Ménaka devait en partie compenser le départ des forces suédoises, dont le mandat au Mali arrive à son terme.

Dans cette affaire, la junte malienne a attendu son moment puisqu’elle a mis une semaine pour s’apercevoir qu’elle n’avait pas autorisé l’arrivée des militaires danois à Ménaka… En clair, elle a tiré le tapis sous les pieds de Takuba… et de Barkhane.

Le souci est que d’autres contingents européens sont attendus [notamment ceux fournis par la Roumanie, la Lituanie, la Hongrie ou encore la Norvège… Quoi qu’il en soit, le sujet abordé par les ministres de la Défense des pays contributeurs lors d’une vidéo-conférence prévue le 28 janvier.

Photo : Forces armées danoises

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