Tensions avec la Russie : À leur tour, les forces finlandaises ont relevé leur niveau d’alerte

La Finlande et la Russie ont longtemps eu des relations compliquées. Déjà, pendant plus d’un siècle, ces deux pays ont eu une histoire commune, le Grand Duché de Finlande ayant fait partie de l’Empire russe. Puis, Helsinki ayant obtenu son indépendance à la faveur de la Révolution d’octobre 1917, ces deux pays entrèrent en conflit à deux reprises : en 1939/40 lors de la « Guerre d’Hiver », puis entre 1941/44, lors de la « Guerre de Continuation », durant laquelle les forces finlandaises furent soutenues par l’Allemagne et l’Italie.

Après la Seconde Guerre Mondiale, la Finlande observa une politique de stricte neutralité à l’égard des blocs occidental et soviétique. Mais l’effondrement de l’URSS changea la donne… Et ce pays intégra l’Union européenne [en 1995] tout en se rapprochant de l’Otan, sans pour autant franchir le pas d’une adhésion.

Depuis l’annexion de la Crimée par la Russie, en 2014, les autorités finlandaises haussèrent le ton à l’égard de Moscou. Et l’idée d’une éventuelle adhésion à l’Otan refit surface, comme en témoigne la récente déclaration faite par Sauli Niinisto, le président finlandais.

« Que ce soit dit une fois de plus : la marge de manœuvre et la liberté de choix de la Finlande incluent également la possibilité d’un alignement militaire et de demander l’adhésion à l’Otan, si nous en décidons nous-mêmes », a-t-il en effet déclaré. Ce qui ne plaît évidemment pas à Moscou, la Russie et la Finlande partageant une frontière longue de 1300 km.

Mais pour le moment, pouvant toujours invoquer l’article 42-7 du traité de l’Union européenne en cas d’agression armée sur son territoire, et donc demander une assistance aux pays membres de l’UE, Helsinki n’a pas encore décidé de rejoindre l’Otan, privilégiant le renforcement de ses liens militaires avec se voisins, qui partagent les mêmes préoccupations face à la Russie. Comme, par exemple, la Suède, dont les forces armées ont relevé leur niveau d’alerte en raison des tensions actuelles entre Moscou et les Occidentaux.

Et les forces finlandaises viennent d’en faire autant, comme l’a confié, à l’agence Reuters, le colonel Petteri Kajanmaa, de l’Université de défense nationale finlandaise.

« L’état de préparation [des forces armées] a été réhaussé en raison du fait que la situation dans les régions voisines est devenue plus instable », a-t-il dit, sans donner de détails. « Ils [les Russes] ont clairement exprimé leurs objectifs mais nous ne savons pas quelles mesures ils sont prêts à prendre », a-t-il ajouté, en faisait référence aux troupes russes déployées dans le voisinage de l’Ukraine.

Selon le colonel Kajanmaa, les forces finlandaises s’attachent actuellement à collecter plus de renseignements afin de régulièrement tenir informé les autorités politiques sur l’évolution de la situation. En outre, elles déplacent leurs avions et leurs navires vers de nouveaux emplacements, afin d’être en mesure d’avoir, le cas échéant, « un temps de réaction plus court ». Enfin, elles se rendent « plus visibles, en indiquant ouvertement où elles s’entraînent », a-t-il dit.

D’ailleurs, le 24 janvier, l’état-major finlandais a annoncé que de vastes exercices allaient être organisés à Helsinki et dans les environs à partir de la semaine prochaine.

« La Finlande n’est la cible d’aucune menace militaire, mais les forces de défense doivent encore être préparées à toute action potentielle », a fait valoir le colonel Kajanmaa, citant notamment le risque d’une « erreur de cacul » ou d’une mauvaise interprétation d’une action militaire.

Photo : Ministère finlandais de la Défense

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