Barkhane : Mme Parly dénonce un contexte politique malien « très hostile »
Propos désobligeants tenus à l’égard de la France par le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, qui, en plus, a une lecture très particulière de l’histoire récente de son pays, demande de révision des accords de défense conclus avec Paris, recours à des mercenaires russes présumés du groupe paramilitaire Wagner, ambiguïté sur les campagnes de désinformation visant la force Barkhane, reniement des engagements qu’elle avait pris auprès de la communauté économiques des États d’Afrique de l’Ouest [Cédéao]… Depuis qu’elle a pris le pouvoir à la faveur d’un double coup d’État [en août 2020 et en mai 2021, ndrl], la junte malienne a allègrement franchi toutes les lignes rouges pour les autorités françaises.
Lors de ses voeux aux militaires, le 19 janvier, on s’attendait à une mise au point du président Macron… Mais celui-ci a préféré éluder le sujet… Ce que n’a pas fait la ministre des Armées, Florence Parly, au moment de présenter les siens à la communauté de défense.
Ainsi, après avoir fait le bilan de ses cinq années passées à la tête du ministère des Armées, Mme Parly a appelé à poursuivre la remontée en puissance des forces françaises, amorcée avec l’entrée en vigueur de la Loi de programmation militaire 2019-25. Et cela d’autant plus que les « prochains mois vont être intenses », a-t-elle souligné.
La ministre a évoqué la situation sécuritaire au Sahel alors qu’elle arrivait au terme de son discours. Situation qui, selon elle, « reste difficile et désormais compliquée par un contexte politique malien très hostile et le déploiement de mercenaires russes de la société Wagner ».
Sauf erreur, c’est la première fois que la présence effective de mercenaires du groupe paramilitaire russe Wagner est officiellement évoquée par une autorité française. Jusqu’alors, le doute était permis… étant donné que le gouvernement malien de transition a reconnu l’arrivée de « formateurs russes » mais pas celle de « mercenaires ». Ainsi, en une phrase, Mme Parly a donc suggéré qu’il a menti.
Quoi qu’il en soit, la menace terroriste n’ayant pas disparu, Mme Parly a soutenu que, en conséquence, « nous allons devoir trouver la voie pour, malgré ces difficultés, poursuivre la mission que nous nous sommes fixé et pour laquelle les pays d’Afrique de l’Ouest nous demandent notre appui ».
L’enjeu, qui justifie d’ailleurs la réorganisation du dispositif militaire français au Sahel, annoncée en juin 2021 par le président Macron, est d’empêcher les organisations jihadistes de progresser vers le golfe de Guinée, et en particulier vers la Côte d’Ivoire, le Togo ou encore le Bénin.
« Plus que jamais, nous aurons une responsabilité à porter vis-à-vis de ces pays, mais aussi de tous les partenaires, notamment européens, qui sont engagés avec nous au Sahel », a insisté Mme Parly, qui s’est par ailleurs félicitée du « succès » du goupement européen de forces spéciales « Takuba » qui, mis sur pied à l’initiative de la France, a la mission d’accompagner les forces armées locales au combat.
« Takuba est une réussite, la preuve que les Européens sont capables de combattre ensemble, dans des missions exigeantes, lorsque leurs intérêts sont en jeu. Mais Takuba nous oblige: les décisions que nous prendrons quant à notre stratégie au Sahel, nous les prendrons et nous les mettrons en œuvre avec nos partenaires », a conclu la ministre sur ce sujet.