Dix-huit mois après l’incident du Courbet, la FREMM « Auvergne » a effectué un exercice avec un navire turc

Engagée dans l’opération Sea Guardian, conduite par l’Otan, la frégate légère furtive « Courbet » fut « illuminée » à trois reprises par le radar de conduite de tir d’un navire turc, alors qu’elle cherchait à contrôler le cargo Cirkin, soupçonné de violer l’embargo sur les armes imposé par les Nations unies à la Libye. Évidemment, cela ne fut pas sans conséquence sur les relations entre la France et la Turquie… Et cet incident provoqua quelques remous au sein de l’Alliance atlantique et les résultat de l’enquête demandée par son secrétaire général, Jens Stoltenberg, furent mis sous le boisseau…

À l’époque, la Turquie soutenait le gouvernement d’union national libyen [le GNA], avec lequel elle avait trouvé un accord sur ses frontières maritimes lui permettant d’étendre la superficie de son plateau continental de plus de 30% et tout en faisait fi des revendications des autres pays concernés, comme l’Égypte, la République de Chypre et la Grèce. Et, après l’incident avec la frégate Courbet, Ankara envoya un navire de prospection gazière dans les eaux revendiquées par Athènes, ce qui donna lieu à de vives tensions.

Cela étant, l’affaire de la frégate Courbet est visiblement de l’histoire ancienne. Près de dix-huit mois plus tard, la FREMM Auvergne a profité de son déploiement en mer Noire pour prendre part, le 30 décembre, à un exercice avec la frégate turque TCG Yildirim.

« Les activités conduites – exercice de communication par pavillons, évolutions tactiques et présentations pour ravitaillement à la mer – ont permis d’entretenir les savoir-faire élémentaires et l’interopérabilité entre alliés de l’Otan », a expliqué l’État-major des armées [EMA].

Et celui-de souligner que les « marines turque et française, alliées au sein de l’Otan depuis 1952, sont amenées à coopérer régulièrement, à l’occasion d’exercices ou au sein de forces constituées, comme lles […] Standing NATO maritime group 2 et Standing NATO mine countermeasures 2 » et que « plus largement, les forces armées entretiennent un dialogue bilatéral régulier, comme en témoigne la visite du commandant de la zone maritime Méditerranée à Ankara au printemps 2021 ».

À noter que cet exercice entre la FREMM Auvergne et le TCG Yildirim n’a, sauf erreur, pas fait l’objet d’une communication de la part du ministère turc de la Défense.

Cette interaction a eu lieu alors que, accentuant sa pression militaire sur l’Ukraine, la Russie venait d’exiger de l’Otan des « garanties juridiques » sur sa sécurité. Garanties jugées pour certaines « inacceptables », comme l’a d’ailleurs laissé entendre Mevlüt Cavusoglu, le ministre turc des Affaires étrangères.

La Russie et l’Otan « doivent venir à la table avec des propositions que les deux parties peuvent accepter […]. Une approche unilatérale et contraignante ne sera pas acceptable, de quelque côté qu’elle vienne », a-t-il en effet déclaré, le 27 décembre, avant d’estimer que la question ukrainienne n’était « unilatérale ». Pour rappel, Ankara entretient des liens étroits avec Kiev… Ceci expliquant les propos de M. Cavusoglu.

Quoi qu’il en soit, la mission de la FREMM Auvergne en mer Noire est étroitement surveillée par la marine russe, une frégate de type Grigorovich la suivant à distance. Et il est arrivé que navire français soit survolé à basse altitude par des chasseurs russes.

« Notre déploiement en mer Noire n’est pas là pour mettre de l’huile sur le feu, loin de là. On use de notre droit de naviguer dans cette zone sans naïveté, en ayant une attitude ferme, mais non provocatrice », a récemment expliqué le capitaine de vaisseau Paul Merveilleux du Vignaux, le « pacha » de la FREMM Auvergne, à franceinfo.

Et toutes les précautions sont prises pour éviter d’éventuelles erreurs d’interprétations. « Par exemple ce soir, on effectue des manœuvres d’entraînement à l’appontage avec notre hélicoptère. Donc on a pris contact avec le bateau russe qui est à proximité pour l’informer de ce qu’on allait faire, pour qu’ils ne soient pas surpris par notre manoeuvre », a précisé le commandant de la frégate française.

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