La Chine appelle les États-Unis et la Russie à réduire la taille de leurs arsenaux nucléaires

Le 3 janvier, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies [France, Royaume-Uni, États-Unis, Russie et Chine] ont signé une déclaration commune dans laquelle ils ont pris l’engagement de prévenir la prolifération d’armes nucléaires et d’éviter une « course aux armements », tout en assurant qu’une « guerre nucléaire ne peut être gagnée » et « ne doit pas être menée ». Et d’affirmer également que de telles armes, « tant qu’elle existent », doivent « servir à des fins fins défensives, de dissuasion et de prévention de la guerre ».

Au regard des tensions actuelles, une telle déclaration, publiée avant la 10e conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération nucléaire [TNP], est historique. C’est en effet la première fois que les cinq membres permanents du Conseil de sécurité affirment dans un document qu’une guerre nucléaire est « ingagnable ».

Cela étant, et au-delà des engagements qu’ils ont affirmés, ces cinq pays continuent de moderniser leurs forces stratégiques, quand ils ne les renforcent pas, soit en augmentant la taille de leurs arsenaux, soit en en développant de nouveaux vecteurs censés leur donner une supériorité opérationnelle indiscutable. Tel est ainsi le cas de la Chine.

Selon une étude de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm [Sipri], Pékin disposait, en janvier 2021, de 350 armes nucléaires, soit 20% de plus en deux ans. En outre, la Chine construit plusieurs centaines de silos pouvant accueillir des missiles balistiques à capacité nucléaire DF-41 et DF-31AG [dont la portée serait de 14’000 km] et développe des engins hypersoniques, dont ferait partie d’un « système orbital de bombardement orbital fractionné », un concept imaginé par l’Union soviétique durant la Guerre Froide.

« Si sa doctrine nucléaire publique reste centrée sur le non emploi en premier, le développement rapide de sa dissusion soulève des question. Et c’est un argument parmi tant d’autres qui appelle au maintien d’une doctrine de dissuasion forte et claire tant à Washington qu’à Paris », avait ainsi commenté Florence Parly, la ministre française des Armées, en juillet 2021, au sujet de la Chine.

Quoi qu’il en soit, l’arsenal chinois est encore loin d’atteindre le niveau de ceux que détiennent les États-Unis et la Russie, lesquels représentent 90% du total des armes nucléaires dans le monde.

D’où l’appel lancé par la Chine, qui estime, selon Fu Cong, le directeur général du service de contrôle des armements au ministère chinois des Affaires étrangères, que ces deux pays doivent « réduire » le nombre de leurs armes nucléaires « de manière irréversible et juridiquement contraignante »… Ce qui est peu ou prou déjà le cas avec le traité New Start, qui a finalement été prolongé l’an passé, alors qu’il arrivait à son terme.

Cependant, pour Washington, il serait souhaitable que la Chine soit également associée aux efforts en matière de désarmement ainsi qu’aux dispositifs de contrôle des armements. Mais pour les dirigeants chinois, il n’en est pas question…

« Tant que la Chine ne s’assiéra pas avec les États-Unis de manière bilatérale, le risque d’une course aux armements dévastatrice continuera à augmenter et ce n’est de l’intérêt de personne », fit valoir Robert Wood, l’ambassadeur des États-Unis à la Conférence de Genève sur le désarmement, l’an passé. La Chine prétend être une « puissance responsable » et que « très, très petit [arsenal] n’a qu’un but défensif ». Or, quand vous vous voyez beaucoup de ce que la Chine fait, cela est en contradiction avec ce qu’elle dit », avait-il expliqué.

Évidemment, à Pékin, on ne voit pas les choses de la même manière. « La Chine a toujours adopté la politique de non-recours en premier aux armes nucléaires et nous maintenons nos capacités nucléaires au niveau minimal requis pour notre sécurité nationale », a ainsi rétorqué M. Fu. « La Chine continuera à moderniser son arsenal nucléaire pour des questions de fiabilité et de sécurité. Les armes nucléaires vieillissent, également. Nous devons nous assurer que les nôtres sont à la page et peuvent servir de moyen de dissuasion », a-t-il conclu.

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