Pour le ministère des Armées, une version du Rafale F4 dédiée à la guerre électronique « n’apparaît pas nécessaire »

Alors que l’engagement de « haute intensité » est désormais régulièrement évoqué par les chefs militaires et que les capacités d’interdiction et de déni d’accès [A2/AD], reposant notamment sur des moyens de défense aérienne en constante évolution, la question de développer une version du Rafale F4 dédiée à la guerre électronique peut se poser. En tout cas, en juin 2021, le député Jean-Christophe Lagarde interrogea, par écrit,  le ministère des Armées sur ce sujet.

« Certes, le Rafale dispose d’une certaine furtivité et d’un système d’autoprotection ‘SPECTRA’ [Système de protection et d’évitement des conduites de tir du Rafale, ndlr] réputé performant contre les radars et les missiles adverses, mais il ne dispose pas, à proprement parler, de la capacité à neutraliser les défenses anti-aériennes avancées ennemies en brouillant leurs radars de recherche et de tir et en les éliminant à l’aide de munitions antiradiations comme peuvent le faire certains appareils [comme le EA-18G Growler américain] », avait ainsi rappelé le parlementaire.

Et celui-ci de demander si, « l’accélération du réarmement mondial et à la montée du risque de conflits de haute intensité », le gouvernement envisageait de « développer rapidement un Rafale de guerre électronique dont l’armée de l’Air et de l’Espace [AAE] a besoin et qui pourrait, certainement, constituer une réussite à l’export ».

La question de M. Lagarde faisait par ailleurs écho à un souhait exprimé par l’AAE, dans un document de prospective publié en 2019. Ainsi, il y était question de « disposer le plus rapidement possible d’armements capables de neutraliser les défenses aériennes ennemies ». En clair il s’agissait de récupérer une capacité perdue à la fin des années 1990, quand il fut décidé de retirer du service les missiles anti-radar AS-37 Martel.

La réponse à la question écrite de M. Lagarde a été publiée au Journal Officiel du 28 décembre dernier. Et, sans grande surprise, le développement d’un Rafale F4 dédié à la guerre électronique n’est pas envisagé.

Rappelant que la « préparation des armées aux conflits de haute intensité constitue un objectif majeur de la loi de programmation militaire » [LPM], le ministère des Armées a souligné que le standard F4 du Rafale « met l’accent sur la connectivité et la mise en réseau de nos différentes capacités », ce qui permettra de « maintenir pour les années à venir notre capacité à entrer en premier et à faire face à des menaces de haut du spectre ».

En outre, a-t-il poursuivi, des « munitions modernisées » pour « mieux prendre en compte les besoins de lutte contre les dispositifs de déni d’accès et d’interdiction de zone » devraient être disponibles à l’horizon 2030″ et il est aussi prévu de continuer d’améliorer le système d’autoprotection du Rafale.

Aussi, « dans ce contexte, le développement d’une version de Rafale ‘dédiée’ à la guerre électronique n’apparaît pas nécessaire pour assurer le maintien de notre supériorité opérationnelle », estime le ministère des Armées.

Par ailleurs, celui-ci invite à « prendre en compte l’évolution des systèmes de défense adverses qui sont de plus en plus interconnectés, pleinement intégrés, redondants et beaucoup plus robustes », ce qui « induit une nouvelle approche vis-à-vis de ce type de défense, qui se caractérise par la nécessité de pouvoir appliquer des effets diversifiés et synchronisés sur ses différents constituants [centres de commandement et de contrôle, moyens de communication, réseaux, radars, systèmes sol-air…] pour en dégrader le fonctionnement ».

Aussi, dans un conflit de haute intensité, explique le ministère des Armées, la « suppression des défenses anti-aériennes adverses est considérée au travers d’une approche interarmées et multi-milieux, afin de pouvoir tirer parti d’une vaste palette de capacités complémentaires ».

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