Le ministère des Armées justifie la délocalisation aux États-Unis de l’essai d’un statoréacteur mixte que doit mener la DGA

Devant remplacer, à l’horizon 2035, le missile de croisière à capacité nucléaire ASMP-A [Air-Sol Moyenne Portée – Amélioré] actuellement mis en oeuvre par les Rafale B des Forces aériennes stratégiques [FAS], l’ASN4G [pour Air Sol Nucléaire 4e génération] devrait être hypersonique.

Et pour cela, sous l’égide de la Direction générale de l’armement [DGA], l’Office national d’études et de recherches aérospatiales [ONERA] et MBDA mènent des travaux portant sur le développement d’un statoréacteur mixte [ou statomixte], c’est à dire un moteur pouvant effectuer successivement une combustion subsonoque et supersonique.

En juillet 2021, le directeur adjoint du département multi-physique pour l’énergétique [DPME] de l’ONERA, Olivier Dessornes, avait confié à Air&Cosmos qu’un essai de véhicule hypersonique propulsé par un statomixte allait prochainement être réalisé… Et, selon l’hebdomadaire spécialisé, celui-ci aura lieu depuis la côte Est des États-Unis. L’engin « sera accéléré et mis en poste et à l’altitude voulue pour une fusée-sonde. Les données seront récoltées avant que le véhicule ne fonde et que ses restes ne soient perdus en mer », avait-il expliqué.

D’où les interrogations exprimées par le député François Cornut-Gentille, dans une question adressée au ministère des Armées en septembre dernier. D’autant plus que la technologie devant être testée est des plus sensibles… Le parlementaire vient de recevoir les réponses à ces question… avec quelques précisions supplémentaires.

En effet, dans un réponse publiée le 28 décembre au Journal Officiel, le ministère des Armées révèle que l’essai en question a été baptisé « ASTREE ». Et que, initialement, il aurait dû initialement être effectué en Russie. Ce que l’annexion de la Crimée, en mars 2014, a finalement empêché.

Dans le détail, explique-t-il, il s’agit d’une « expérimentation scientifique visant à recaler des modèles de simulation pour un super-statoréacteur », réalisée par l’ONERA et MBDA avec une « maquette de recherche dont la définition est optimisée pour une plage de fonctionnement réduite, non représentative de la plage de fonctionnement attendue d’un système opérationnel ».

Et d’ajouter : « Sa technologie de fabrication qui n’est, par ailleurs, pas utilisable pour un dispositif fonctionnel, vise à garantir l’obtention des mesures sur le point de domaine visé ».

Cet essai aurait pu être réalisé en France si les installations susceptibles de l’accueillir n’avaient pas été démantelées il y a près de quarante ans.

« Cette expérimentation a été relancée avec les États-Unis quelques années plus tard, la mise à poste d’une telle maquette dans sa plage de fonctionnement nécessitant de disposer d’un système de lancement adapté [site de tir et boosters d’accélération], ce qui n’est plus le cas de la France depuis les années 80 », explique ainsi le ministère des Armées.

En revanche, les essais du démonstrateur de planeur hypersonique VMax, annoncés par la ministre des Armée, Florence Parly, en janvier 2019, pourront être effectués en France, la DGA ayant pris les mesures nécessaires à cette fin.

« Le service Essais de missiles de la Direction générale de l’armement […] mène des travaux afin de disposer à nouveau de capacités de ce type sur le territoire national. Une première capacité devrait être disponible en 2022 », a en effet conclu le ministère des Armées.

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