Un rapport propose de favoriser le télétravail des militaires quand leur situation s’y prête

Au gré des restructurations, des évolutions de carrière ou des besoins selon certaines spécialités, les militaires – en particulier les sous-officiers et les officiers – sont appelés à changer régulièrement d’affectation. Et cette mobilité est même un principe au sein des armées dans la mesure où elle permet d’éviter une « rigidification » des unités, voire une « personnalisation » du commandement.

Seulement, chaque mutation pose des difficultés familiales dans la mesure où elle se traduit le plus souvent par la recherche d’un nouvel emploi pour le conjoint du militaire et qu’elle est susceptible de perturber la scolarité des enfants. Et, selon l’état du marché de l’immobilier dans certaines villes de garnison, se pose également la question du coût du logement.

Aussi, nombreux sont les militaires qui font le choix du « célibat géographique », notamment après avoir accédé à la propriété. En clair, ils retrouvent leur famille que lors des congés de fin de semaine et des permissions.

Or, selon les députées Séverine Gipson et Isabelle Santiago, qui viennent d’établir le bilan du « Plan Familles » lancé en 2017 par le ministère des Armées, le « célibat géographique ne doit pas devenir la norme pour les couples de la communauté de défense, tant il est déstructurant à moyen terme – voire parfois facteur de divorce, chacun ‘faisant sa vie’ à un endroit ». D’où l’une des pistes qu’elles proposent pour y remédier en partie.

Celle-ci avait déjà été avancée par le général François Lecointre, peu avant de quitter des fonctions de chef d’état-major des armées [CEMA]. En effet, les deux parlementaires parlent de favoriser la « télé-activité » [ou le « télé-travail »] des militaires quand leur situation s’y prête. C’est à dire quand ils sont affectés au sein d’un état-major. Et le confinement de mars 2020 a ouvert de nouvelles perspectives.

Ainsi, par exemple, 60% du personnel du Secrétariat général pour l’administration [SGA] a « télé-travaillé » durant cette période, dans le cadre du « plan de continuité d’activité ». En outre, lit-on dans le rapport, « de nombreuses initiatives ont également été prises par les personnels eux-mêmes, afin d’assurer le lien entre collaborateurs, grâce notamment au développement de nouveaux outils numériques ».

Plus généralement, pour répondre à la « forte demande de la téléactivité » au sein du ministère des Armées, la Direction interarmées des réseaux d’infrastructure et des systèmes d’information [DIRISI] a investi « près de 25 millions d’euros à l’acquisition en urgence de matériels et services pour faire face à la crise sanitaire ».

« Compte tenu de ces expériences et innovations positives, les rapporteures estiment que les directions des ressources humaines doivent réfléchir à la meilleure manière d’organiser la téléactivité dès que cela est possible, et en particulier au profit des officiers affectés sur la plaque parisienne – zone du territoire qui présente une difficulté majeure de coût du logement pour les familles avec enfants et a fortiori pour les familles nombreuses –, ce afin de limiter au maximum le célibat géographique », écrivent Mesdames Santiago et Gipson dans leur rapport.

Selon la Direction des ressources humaines de l’armée de Terre [DRHAT], ce recours au télétravail a donné des résultats « variables en fonction des emplois concernés ». Et d’ajouter : « Si certaines actions de formation ne sont pas compatibles avec le télétravail, d’autres activités peuvent plus facilement être conduites à distance ».

Aussi, a continué la DRHAT, d’une manière générale, le télé-travail est une « possibilité qui doit être laissée à la main du commandement pour répondre à des situations précises dont le besoin de sédentarisation peut faire partie. Toute idée de généralisation doit être précédée d’une phase expérimentale et la réflexion doit également prendre en compte les aspects RH, rémunération, stationnement/infrastructure, hébergement, réglementation et condition du personnel ».

Dans leur rapport, notant que de nombreux militaires affectés en Île-de-France sont des « célibataires géographiques », leurs familles étant restées vivre dans la ville de leur précédente affectation, les deux députées avancent l’idée « d’installer en enceinte militaire des espaces de travail partagés assortis de stations informatiques » afin de leur permettre de « se connecter de façon sécurisée au réseau du ministère des Armées », l’objectif étant qu’ils puissent « travailler sur des emprises militaires situées à proximité du domicile familial, et de ne se rendre sur le lieu de d’affectation qu’une partie de la semaine ».

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