En dévoilant les capacités air-air de son drone MALE Orion, la Russie envoie un message à l’Ukraine

Ces derniers jours, le ministère russe de la Défense a dévoilé une nouvelle version de son drone de combat S-70 « Okhotnik », appelé à évoluer au côté du chasseur-bombardier de 5e génération Su-57 « Felon ». Ainsi, selon les images disponibles, le nez et l’entrées d’air de cet imposant appareil de 20 tonnes ont été redessinés. De même que la tuyère de son réacteur – désormais plate, afin de réduire les signatures infrarouge et radar.

Puis, le 19 décembre, via un documentaire, la chaîne de télévision « Rossiya 1 » a diffusé des images inédites montrant l’ancienne version du S-70 « Okhotnik » larguer une bombe lisse lors d’essais réalisés au début de cette année, sur le polygone d’Achoulouk, situé dans la région d’Astrakhan.

Le but d’une telle communication autour de ce drone de combat n’est pas très clair… Sans doute s’agit-il de faire la démonstration que la technologie russe n’est pas en retard par à son homologue américaine, au moment où le drone de combat RQ-180 « Great White Bat » de Northrop Grumman commence à sortir de l’ombre.

Cependant, Sputnik souligne de son côté que la diffusion de ces vidéos « a lieu sur fond de concurrence entre la Russie et la Turquie, laquelle est devenue en moins d’une décennie l’un des fabricants de drones les plus importants, aux côtés des États-Unis, d’Israël et de la Chine ». Possible… En tout cas, la Défense russe a produit d’autres documents dont le message ne souffre d’aucune ambiguïté.

Ainsi, citant des responsables russes, Rossiya 1 a affirmé que le système de défense aérienne Pantsir-S avait abattu plus de 40 drones de facture turque Bayraktar TB-2 et Anka en Syrie et en Libye

« Les drones Bayraktar sont des cibles faciles pour des systèmes de défense aérienne tels que le Pantsir. Leurs caractérisitiques font qu’ils ne sont pas difficile à abattre, même pour des servants moyennement qualifiés », a fait valoir le colonel Yuri Muravkin, des forces aérospatiales russes, dans le documentaire de Rossiya 1.

Sauf que, notamment en Libye, l’engagement des Bayraktar TB2 ont changé la donne, les troupes du gouvernement d’union nationale d’alors [le GNA] ayant fini par prendre l’ascendant sur celles du maréchal Haftar, soutenu notamment par la Russie. Et, s’agissant de la Syrie, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, avait assuré que ces mêmes TB-2 avaient fait un « carton » contre les Pantsir S1 syriens. Ce que des vidéos publiées à l’époque semblaient confirmer.

Cela étant, et alors la Russie est soupçonnée de se préparer à lancer une offensive contre l’Ukraine, les propos du colonel Muravkin ne peuvent que faire écho à la destruction, par un drone Bayraktar TB-2 des forces ukrainiennes, d’un obusier D-30 mis en oeuvre près de la localité de Boykivske par les séparatistes pro-russes du Donbass.

Par ailleurs, dans ce même documentaire de Rossiya 1, le général Alexander Novikov, chef du bureau pour le développement des drones à l’état-major russe, a assuré que le drone MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance] Orion-E était également en mesure d’abattre des TB-2… Alors que des appareils de ce type sont surtout conçus pour des missions de renseignement, de surveillance et de reconnaissance [ISR], voire de frappe au sol.

Puis, le ministère russe de la Défense a publié une vidéo pour appuyer le propos du général Novikov. En tout cas, celle-ci suggère qu’un Orion-E a effectivement abattu un autre drone, similaire au S-100 Camcopter utilisé par la Mission spéciale d’observation déployée au Donbass par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe [OSCE]. Et cela avec une version ‘ »air-air » du missile antichar Kornet.

Selon le commentaire accompagnant cette vidéo, l’essai a été réalisé… en Crimée. « Le drone Orion augmentera considérablement les capacités de combat des forces armées russes. Il permet non seulement d’effectuer des reconnaissances aériennes à grande distance […] pendant des dizaines d’heures, mais aussi de frapper immédiatement des cibles », assure le ministère russe de la Défense.

À noter que le S-70 « Okhotnik » devrait aussi être en mesure d’emporter ses missiles air-air, des essais avec des munitions inertes ayant été effectués en ce sens, l’an passé. Mais aucune image n’a encore été diffusée. Aux États-Unis, des travaux pour mettre au point une telle capacité ont été lancé sous l’égide de la Darpa, l’agence de recherche du Pentagone, via le programme LongShot, lequel implique General Atomics, Northrop Grumman et Lockheed-Martin.

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