Un avion de guerre électronique américain RC-135 Rivet Joint mène une mission inhabituelle en Ukraine

Cette semaine, le ministère russe de la Défense a indiqué qu’il avait fait décoller, à deux reprises, des chasseurs Su-27 « Flanker » pour intercepter des avions militaires français – en l’occurrence un Rafale et Mirage 2000D [doté d’une nacelle ASTAC] – qui, selon lui, se dirigeaient vers les frontières de la Russie alors qu’ils survolaient la mer Noire.

S’il a confirmé que l’armée de l’Air et de l’Espace [AAE] avait bien conduit deux missions de « surveillance au-dessus de la mer Noire, dans l’espace aérien international », l’État-major des armées [EMA] a cependant démenti que les Rafale et les Mirage 2000D s’étaient dirigés vers les frontières russes. « Contrairement à ce qui a pu être déclaré, les avions français ne se dirigeaient pas vers l’espace aérien russe », a-t-il assuré.

Cela étant, tout dépend de ce que l’on entend par « espace aérien russe ». Du point de vue de Moscou, celui de la Crimée en fait partie… Mais pas pour les pays qui n’ont pas reconnu l’annexion de la péninsule par la Russie en 2014…

Quoi qu’il en soit, les missions de renseignement menées par des pays de l’Otan se multiplient dans la région de la mer Noire, notamment depuis que d’importants mouvements de troupes russes, qualifiés « d’inhabituels », ont été constatés dans les environs de l’Ukraine.

Et sans doute que les deux vols effectués par l’AAE avaient un rapport avec des informations selon lesquelles la Russie venait de renforcer significativement ses moyens de défense aérienne – notamment avec des systèmes Buk 1 – près du territoire ukrainien. Or, la nacelle ASTAC emportée par le Mirage 2000D permet justement d’établir l’ordre de bataille électronique d’une région donnée.

D’ailleurs, c’est aussi probablement pour cette raison que, ce 11 décembre, un avion de renseignement électronique américain RC-135 « Rivet Joint » a été repéré dans l’espace aérien ukrainien. Ce qui, sauf erreur, n’était jamais arrivé jusqu’à présent. Un tel appareil permet de surveiller les communcations radio ainsi que les signaux électroniques émis par les radars. Signaux qu’il peut éventuellement brouiller.

Selon le site de suivi du trafic aérien Flight Radar, ce RC-135 [indicatif : Jake 11] a décollé du Royaume-Uni pour ensuite survoler l’Allemagne et la Pologne. Puis, une fois dans l’espace aérien ukrainien, il a longé la frontière avec la Biélorussie, jusqu’à la hauteur de Kiev. Ensuite, il est passé au large du Donbass, région du sud-est de l’Ukraine où les forces gouvernementales font face à des séparatistes pro-russe. Enfin, il a mis le cap vers la Transnistrie [région séparatiste pro-russe moldave], en suivant une route parallèle à la Crimée. Apparemment, il devrait faire le chemin inverse avant de retrouver sa base britannique.

Cette mission inhabituelle du RC-135 survient alors que la Russie met la pression sur l’Ukraine au sujet du Donbass. Ces derniers jours, la diplomatie russe a accusé Kiev d’avoir renforcé ses troupes sur la ligne de front tandis que le chef d’état-major russe, le général Valery Gerasimov, a prévenu que « toute tentative de Kiev de régler la question du Donbass serait réprimée ». Et, pour faire bonne mesure, le chef du Kremlin, Vladimir Poutine, a dénoncé la « russophobie » don serait victime la population de cette région, allant jusqu’à parler de « premier vers un génocide ».

À noter également que Moscou a dénoncé une « provocation » de Kiev, après que l’un de ses navires militaires, le « Donbass », a tenté de franchir le détroit de Kertch [qui sépare la mer Noire et la mer d’Azov] sans avoir préalablement sollicité son autorisation.

Par ailleurs, l’Otan a rejeté les « lignes rouges » de la Russie au sujet de la volonté de l’Ukraine [mais aussi celle de la Géorgie] de rejoindre l’espace euro-atlantique.

« La relation de l’Otan avec l’Ukraine ne peut être déterminée que par les trente membres de l’Alliance et l’Ukraine elle-même, et par personne d’autre », a fait valoir Jens Stoltenberg, le sécrétaire général de l’Alliance atlantique, le 10 décembre, après avoir rencontré Olaf Scholz, le nouveau chancelier allemand.

« Nous ne pouvons accepter que Moscou tente de rétablir un système où les grandes puissances comme la Russie possèdent leurs sphères d’influence au sein desquelles elles peuvent contrôler ce que les pays font ou pas […] Nous ne ferons aucun compromis sur le droit de chaque nation en Europe à choisir son propre destin », a-t-il insisté.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]