Le chef d’état-major russe prévient : toute tentative de Kiev de régler la question du Donbass par la force sera « réprimée »

La suite des évènements dira si l’échange qu’a eu le président russe, Vladimir Poutine, avec son homologue, Joe Biden, aura effectivement permis de faire baisser la tension au sujet de l’Ukraine. Mais cela ne semble pas être le cas pour le moment.

Ainsi, le premier a de nouveau critiqué l’expansion de l’Otan aux frontières de la Russie ainsi que l’aspiration de Kiev à rejoindre l’espace euro-atlantique. Une ligne rouge pour le chef du Kremlin. Quant au second, il a assuré, le 8 décembre, avoir prévenu son homologue russe qu’une invasion de l’Ukraine par ses troupes, comme celles-ci semblent s’y préparer, aurait des « conséquences économiques comme il n’en a jamais vu ». Quoi qu’il en soit, les deux responsables sont convenus de laisser le soin à leurs conseillers respectifs de conduite des « consultations » sur ces « sujet sensibles ».

En attendant, Moscou ne cesse de mettre la pression sur Kiev au sujet du Donbass, région du sud-est de l’Ukraine où les forces gouvernementales affrontent des séparatistes pro-russes depuis 2014. « Pour les personnes vivant dans les républiques [autoproclamées et non reconnues, ndlr] de Louhansk et de Donetsk, il y a des menaces constantes, créées quand des unités militaires se déplacent à proximité de leur territoire », souligna ainsi M. Poutine, lors d’un forum d’investisseurs, la semaine passée.

Son ministre des Affaires étrangères, Segueï Lavrov avait ensuite enchaîné en affirmant que l’Ukraine était une « menace directe ». Et de prévenir : « Nous ne pouvons pas exclure que le régime de Kiev puisse se lancer dans une aventure militaire. […] Si l’Occident [l’Otan, ndlr] n’est pas capable de dissuader l’Ukraine, mais s’il essaye au contraire de l’encourager, alors nous prendrons toutes les mesures nécessaires pour assurer notre sécurité ».

Puis, plus tard, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, accusa les forces ukrainiennes d’avoir doublé ses effectifs et ses capacités militaires à proximité du Donbass. Ce que Kiev n’a depuis jamais confirmé. Et, ce 9 décembre, elle a renouvelé ses accusations.

« Les négociations sur une résolution pacifique [du conflit dans le Donbass, ndlr] ont pratiquement atteint une impasse. […]
Avec le soutien des pays de l’Otan qui injectent des armes dans le pays, Kiev renforce son contingent sur la ligne de contact dans le Donbass », a-t-elle martelé.

Depuis que les soupçons sur un éventuel coup de force contre l’Ukraine ne cessent de s’affirmer, le chef d’état-major des forces russes, le général Valery Gerasimov, était resté silencieux. Et il vient de sortir de sa réserve.

« Les pays de l’Otan accordent une attention excessive aux mouvements de troupes à travers le territoire russe. Le redéploiement d’unités pendant l’entraînement au combat est une pratique courante pour les forces armées de tout État. L’activité militaire est exercée sur le territoire national et les informations qui circulent dans les médias sur une invasion russe prétendument imminente de l’Ukraine sont un mensonge », a déclaré le général Gerasimov, ce 9 décembre.

Cependant, a-t-il aussi observé, la « livraison d’hélicoptères, de drones et d’avions à l’Ukraine pousse celle-ci à prendre des mesures brusques et dangereuses ». Sauf que, récemment, hormis les drones de Bayraktar TB2 de facture turque, les forces ukraniennes n’ont pas reçu les matériels décrits par le chef d’état-major russe…

Quoi qu’il en soit, a-t-il prévenu à son tour, « toute provocation des autorités ukrainiennes pour résoudre les problèmes du Donbass par la force sera réprimée ». C’est une manière d’annoncer la couleur…

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