La mission de combat de la coalition internationale anti-jihadiste est terminée en Irak

Si l’on en croit le dernier rapport du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, sur l’état de la menace incarnée par la menace jihadiste, l’État islamique [EI ou Daesh] est encore « actif dans de vastes pans du territoire syrien, où il cherche à reconstituer ses capacités de combat, tout en étendant ses activités insurrectionnelles ».

Et il le reste encore en Irak, même s’il est « sous la pression constante du contre-terrorisme », où des « cellules actives perdurent dans des zones reculées du pays. Celles-ci, poursuit M. Guterres, « mènent des attaques éclair, cherchant à compromettre des projets d’infrastructures essentiels, à attiser les divisions sectaires et les querelles communautaires ».

Et d’ajouter : « Des attaques répétées au moyen de bombes d’accotement se sont produites sur les axes reliant Kirkouk, Tikrit et Touz Khourmato et ont visé des postes de contrôle érigés près de ces villes. Elles indiquent que des combattants de Daesh continuent de se réfugier dans les monts Hamrin et d’exploiter les défaillances sur le plan de la sécurité dans certaines zones de ces provinces ».

Ce que l’actualité récente confirme. Le 3 décembre, les autorités irakiennes ont indiqué que 12 personnes avaient été tuées lors d’une attaque attribuée à Daesh près de la localité de Khidir Jija, au sud d’Erbil. Et, visiblement, l’organisation jihadiste semble vouloir s’assurer du contrôle de petits villages situés dans le Kurdistan irakien, plus précisément entre les positions des Peshemergas [combattants kurdes] et celles des forces de sécurité.

Quoi qu’il en soit, et comme l’on pouvait s’y attendre après les déclarations du président américain, Joe Biden, en juillet dernier, cette menace terroriste résiduelle n’a pas remis en cause la fin de la mission de combat de la coalition internationale anti-jihadiste dirigée par les États-Unis [opération Inherent Resolve – OIR] en Irak.

« Nous annonçons officiellement la fin de la mission de combat des forces de la coalition », a en effet annoncé Qassem al-Aaraji, le conseiller à la sécurité nationale irakienne. « La relation avec la coalition internationale se poursuit dans les domaines de la formation, du conseil et du renforcement des capacités » des forces irakiennes, a-t-il cependant précisé.

En clair, les militaires de la coalition actuellement présents en Irak ne plieront donc pas bagage, leur mission devant désormais se concentrer sur le conseil et la formation de leurs homologues irakiens, en particulier dans les domaines du renseignement et de la surveillance.

Ces dernières semaines, la communication officielle a surtout insisté sur les capacités acquises par les forces irakiennes. Ainsi, en novembre, l’État-major des armées [EMA] fit état du succès d’une opération menée par celles-ci dans le nord-est de l’Irak.

« Les forces aériennes irakiennes ont effectué une frappe aérienne sur des implantations de Daesh dans la province de Kirkouk, au nord-est de l’Irak. Cette frappe aérienne et les tirs d’artillerie qui ont suivi, ont permis aux éléments d’une division d’infanterie de reconnaître, de sécuriser puis de fouiller les lieux abritant plusieurs caches importantes du groupe terroriste. Les forces irakiennes ont ainsi découvert une quantité importante d’armes et de munitions, ainsi que des matériels de communication », avait en effet expliqué l’EMA.

Et de souligner que « cette démonstration de l’autonomie croissante des forces armées irakiennes est notamment le fruit du travail des conseillers militaires du Joint operations command advisory team (JOCAT), structure de conseil de très haut niveau commandée par un colonel français ».

Quoi qu’il en soit, la fin de la mission de combat de la coalition anti-jihadiste ne changera pas grand chose, dans les faits, à la situation qui prévalait jusqu’à présent. Mais pour le gouvernement irakien, aux prises avec des milices chiites qui ne cessent de réclamer le départ des troupes étrangères, cette annonce est lourde de symboles sur le plan politique.

Par ailleurs, il revient aux forces irakiennes de « protéger le personnel de la coalition » qui sont des « invités » des autorités irakiennes. Toutefois, celui-ci garde son « droit ihérent à l’autodéfense ».

« La Coalition conserve le droit à la légitime défense et les moyens d’assurer la protection de ses emprises et de ses troupes. Elle pourra, par exemple, réaliser des frappes aériennes sur le territoire irakien pour appuyer les FSI, ponctuellement et uniquement à leur demande », a indiqué l’EMA, dans son dernier compte-rendu des opérations.

Quant à la force Chammal [nom de la participation française à Inherent Resolve], son dispositif, qui repose notamment sur la base aérienne projetée en Jordanie [H5], ne change pas. D’ailleurs, la frégate multimissions Auvergne, vient de la rejoindre, en prenant position en Méditerranée orientale. Ce déploiement permanent d’un navire de la Marine nationale permet d’y anticiper « toute dégradation des relations entre acteurs régionaux pouvant avoir des répercussions sur les intérêts français et européens dans la zone ».

« La France demeure engagée au côté du partenaire irakien pour assurer une défaite durable de Daesh. À cette fin, elle s’attache à répondre au besoin du partenaire, par exemple en participant à des entraînements communs de défense aérienne entre les Rafale de la BAP au Levant et les F16 irakiens », a conclu l’EMA.

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